«Ennahdha évaluera l'impact des grèves et, en fonction de cette évaluation, maintiendra ou infléchira ses positions» Les représentants du Quartet ont rencontré, hier après-midi, le président de l'ANC, Mustapha Ben Jaâfar, pendant une heure trente, afin de s'enquérir de l'avancement du processus électoral et du processus gouvernemental. Selon Ali Zeddini, vice-président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, «le Quartet a exprimé sa préoccupation quant aux délais relatifs aux deux processus». «Le Quartet a, de toutes les manières, décidé de ne reprendre le Dialogue national que si trois conditions sont réunies : un compromis sur le nom du prochain chef du gouvernement, un scénario clair relatif à l'Isie et, enfin, un calendrier explicite et un consensus limpide en ce qui concerne la finalisation de la Constitution», explique Ali Zeddini. L'annulation des amendements controversés relatifs au règlement intérieur de l'ANC devrait avoir lieu dès aujourd'hui, mais le Quartet exige plus de l'ANC : il veut la clarté dans les positions. Il l'a fait savoir à Mustapha Ben Jaâfar, qui devra reprendre son marteau de président pour faire respecter la feuille de route. Décisives seront les grèves Il n'y croit plus ! Le porte-parole du principal parti d'opposition, Nida Tounès, Lazhar Akremi, semble vouloir en finir définitivement avec le feuilleton du dialogue. Ou du moins veut-il changer de scénariste. « Le Dialogue national est cliniquement mort, mais l'annonce de son décès est à chaque fois retardée. La dégradation par l'agence de notation Moody's de la note de la dette souveraine de la Tunisie, avec une perspective négative, est de ce point de vue un signe qui ne trompe pas. Le dialogue est mort et nous devons changer les mécanismes de son déroulement, si on souhaite le ressusciter», résume Lazhar Akremi. Il est vrai que les annonces par des représentants du Quartet d'une issue heureuse «dans les prochains jours», ou les indiscrétions qui font état d'un consensus très proche autour de la personnalité du prochain chef du gouvernement, sont finalement balayées par des démentis qui renvoient les protagonistes à la case départ. D'autant plus que le processus gouvernemental, de son côté, piétine, surtout avec les informations contradictoires sur un éventuel désistement de Abdelkrim Zbidi. « Nos lignes ne bougent pas pour le moment. Nous soutenons toujours Ahmed Mestiri pour le poste de chef du prochain gouvernement», nous déclare sans nuance Zied Laâdhari, porte-parole du parti Ennahdha. Un parti qui fait face à des pressions extérieures, mais surtout intérieures. «Les parties prenantes se méfient l'une de l'autre. Il est donc normal qu'elles campent sur leurs positions. Je pense, à titre personnel, qu'il faudrait d'un côté donner des garanties à Ennahdha, qui craint que ses cadres ne soient persécutés une fois qu'ils auront quitté le pouvoir, de l'autre rassurer l'opposition en levant tout blocage au niveau de l'ANC et toute menace d'islamisation de l'Etat, puis en renonçant à ouvrir les dossiers de corruption de l'ancien régime, sauf pour ceux qui concernent des crimes de sang », souligne Lazhar Akremi. De son côté, le parti Al-Massar a officiellement exprimé lundi, au Quartet, sa disposition à accepter que «les quatre organisations choisissent elles-mêmes le prochain chef du gouvernement». Selon un haut cadre du parti Al-Massar, les trois grèves prévues aujourd'hui, à Siliana, Gabès et Gafsa, seront décisives. «Ennahdha évaluera l'impact de ces grèves et, en fonction de cette évaluation, il maintiendra ou infléchira ses positions», indique la même source.