- «La nouvelle réponse d'Ennahdha comporte une avancée par rapport aux positions déjà exprimées par ce parti», souligne Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de l'UGTT - L'opposition reste toujours dubitative Nouveaux rebondissements dans les tractations visant à trouver une issue concertée à la crise politique consécutive à l'assassinat du député Mohamed Brahmi. Le mouvement Ennahdha a transmis hier après-midi à l'Union Générale Tunisienne du Travail une nouvelle réponse à la feuille de route présentée par le Quartet parrainant le dialogue national entre le Pouvoir et l'opposition, a-t-on appris de sources syndicales dignes de foi. Cette information a été confirmée hier par le secrétaire général adjoint de l'UGTT, Belgacem Ayari. « Le mouvement Ennahdha a transmis à l'UGTT une nouvelle réponse à la feuille de route du Quartet », a affirmé M. Ayari, indiquant que le Bureau exécutif de l'UGTT va se réunir pour examiner cette nouvelle réponse du parti membre de la Troïka au pouvoir aux côtés du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDT ou/ Ettakatol) et du Congrès pour la République (CPR). Le responsable syndical a également révélé que « la nouvelle réponse d'Ennahdha est plus claire» et qu'elle «comporte une avancée par rapport aux positions déjà exprimées par ce parti dans la mesure où elle ne considère plus la feuille de route du Quartet comme un simple point de départ pour le dialogue national». Ennahdha a, par ailleurs, réitéré, dans un communiqué rendu public mardi soir, son «acceptation de l'initiative du Quartet de la société civile» et appelé à «l'ouverture immédiate d'un dialogue national, selon cette base». Le parti a aussi renouvelé son appel à toutes les parties « à surmonter leurs différends à travers le dialogue, et à parvenir au consensus à même d'épargner le pays des dangers de la violence, et de le mettre sur la voie du parachèvement du processus transitoire ». Ennahdha a précisé également dans ce communiqué signé par son président, Rached Ghannouchi, qu'il «entamera le dialogue national tout en étant animé par une détermination ferme de faire réussir l'initiative du Quartet». Mission de bons offices de Ben Jaâfar A première vue, les premières indiscrétions sur la nouvelle réponse d'Ennahdha à la feuille de route du quartet et son communiqué publié mardi tranchent avec la position exprimée sur un ton peu frondeur par le parti islamiste lors de sa conférence de presse tenue lundi. Lors de cette conférence de presse au cours de laquelle Rached Ghannouchi a brillé par son absence, les dirigeants d'Ennahdha sont allés jusqu'à accuser le Quartet parrainant le dialogue national entre le pouvoir et l'opposition de partialité. Ils ont également inversé l'ordre des points figurant dans la feuille de route proposée par le Quartet en présentant une approche de sortie de crise basée sur le parachèvement des missions constitutives de l'Assemblée nationale constituante (Constitution, élection des membres restants de l'instance indépendante pour les élections, adoption de la loi électorale, détermination d'une date précise pour les prochaines élections), avant la démission du gouvernement. La nouvelle position d'Ennahdha serait, selon des sources syndicales, le fruit d'une mission de bons offices entre le parti au pouvoir et le Quartet par le secrétaire général d'Ettakatol et président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaâfar. Ce «revirement» signifie-t-il pourtant qu'Ennahdha a accepté la feuille de route du Quartet composé de l'UGTT, de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) et de l'Ordre National des Avocats ? Rien n'est moins sûr si l'on juge par les réactions peu chaudes, voire méfiantes de l'opposition. « Franchement, c'est difficile de voir dans le communiqué publié lundi par Ennahdha des signes de décrispation surtout que ce parti nous a habitués à dire la chose et son contraire à quelques heures seulement d'intervalle», souligne un dirigeant du Front populaire. Une première réponse avait été jugée ambiguë Le mouvement Ennahdha avait annoncé, vendredi dernier, avoir accepté la feuille de route proposée par le Quartet, tout en appelant au lancement d'un dialogue national sans conditions préalables. Les quatre organisations nationales qui parrainent le dialogue national avaient, toutefois, opposé, samedi dernier, une fin de non-recevoir à cette première réponse du mouvement Ennahdha à sa feuille de route. Le Quartet a également accusé le parti qui dirige le gouvernement d'avoir, par ses «ambiguïtés», paralysé leurs efforts pour sortir de l'impasse politique. Le secrétaire général de l'UGTT Houcine Abassi avait indiqué que la position exprimée dans le communiqué publié vendredi dernier par Ennahdha ne prend pas en compte certains points de la feuille de route. « Dans son communiqué Ennahdha parle d'initiative alors que nous proposons une feuille de route comportant des points clairs et des délais précis. En ce qui concerne le point relatif au gouvernement, Ennahdha évoque une alternative gouvernementale dont le programme doit être défini lors du dialogue tandis que notre feuille de route parle clairement d'un gouvernement de compétences disposant de toutes les prérogatives nécessaires pour accomplir sa mission», a-t-il déclaré. A noter que la feuille de route du Quartet demande à l'opposition et au pouvoir de se réunir pour «un dialogue national », en présence du Président Moncef Marzouki et du Premier ministre Ali Laârayedh pour annoncer solennellement que le gouvernement sera remplacé dans trois semaines par un cabinet d'indépendants. Parallèlement, l'Assemblée nationale constituante (ANC) doit en un mois à compter de cette annonce, approuver une loi et une commission électorale, fixer le calendrier des scrutins à venir et finaliser l'élaboration de la Constitution.