62% des PME pensent que leurs conditions de financement sont plus difficiles que les grandes entreprises «Alors que les grandes entreprises disposent de moyens, leur accès au financement est plus facile que les PME qui, elles, n'en disposent pas suffisamment, mais sont contraintes de fournir toutes les garanties pour satisfaire les besoins en financement». C'est en ces termes que l'universitaire, économiste et homme d'affaires Adnen Ben Salah a résumé le paradoxe quant aux obstacles au financement, surtout après la Révolution. La problématique n'étant pas inédite pour une économie dont le financement est basé sur l'endettement depuis belle lurette, l'Institut arabe des chefs d'entreprise a essayé d'innover dans sa 28e édition en articulant les débats sur deux études menées auprès de 153 entreprises et 67 banquiers, devant une présence remarquable d'un millier de participants, dont, pour la première fois, des présidents de partis politiques et, comme à l'accoutumée, des chefs d'entreprise, des structures d'appui, des opérateurs publics et privés, des universitaires, des représentants du corps diplomatique, etc. «Le choix de cette problématique est dicté par la pression vécue par les entreprises et surtout par la situation économique du pays. L'entreprise ne contribue plus à la croissance. Plus encore : elle n'assure plus sa croissance», a affirmé M. Jaâfar Khattech, coordinateur de l'événement, faisant état également d'un certain désengagement des sources traditionnelles contre l'émergence de nouveaux types de financement et l'ouverture de la microfinance et le recours au marché obligataire. L'étude présentée par M. Abdelkader Boudriga montre que malgré leur importance dans le tissu économique tunisien, leur contribution à l'emploi et au développement, les PME rencontrent plusieurs obstacles dont certains sont liés à leur taille et à leur organisation, mais dont la plupart sont liés au fonctionnement des banques qui exigent plus de garanties. Le taux de rejet est en conséquence relativement assez élevé (45%) par rapport aux dossiers des grands groupes. L'étude révèle que 62% des entreprises pensent que leurs conditions de financement sont plus difficiles que les grandes entreprises. Locomotive de croissance Autre facteur discriminatoire, la répartition régionale. L'étude a montré que les entreprises implantées dans les régions de l'intérieur n'ont pas le même accès au financement que celles basées dans les régions côtières. Et il ne s'agit pas d'un manque de réseau d'agences. Il s'agit parfois de manquement au niveau des dossiers, insuffisance de garanties, ou impertinence et incompatibilité du projet par rapport aux caractéristiques de la région. Sur ce plan, un intervenant a affirmé lors des débats que les banques sont en grande compétition lorsqu'il s'agit de collecter des dépôts, mais elles pratiquent plusieurs restrictions lorsqu'il s'agit de débloquer un crédit... En tout cas, la problématique de réforme du système bancaire sera débattue lors d'une table ronde prévue aujourd'hui. Les organisateurs rappellent, à cet effet, que le contexte particulier par lequel passe la Tunisie exige une mobilisation exceptionnelle. C'est tout le système financier qui nécessite des réformes, d'autant plus que la prospérité économique dépend largement de la transition politique et surtout du défi sécuritaire qui menace le pays. Les interventions du gouverneur de la Banque centrale et du ministre des Finances rappellent à ce titre comment l'économie a beaucoup souffert du blocage politique, ce qui a mené à la dégradation de sa note souveraine à plusieurs reprises. Constat que Ali Laârayedh a reconnu lors du deuxième panel, affirmant que cette situation a même trop duré et ne devrait plus se poursuivre ! La balle est donc renvoyée au Dialogue national...En panne.