Les actions se déroulent sous l'œil d'observateurs participants et d'officiers de liaison appartenant aux pays membres de ladite initiative Mercredi 11 décembre était une journée pas comme les autres. Nos forces armées, renforcées par une équipe de la protection civile, avaient déployé tous leurs moyens logistiques et de communication pour maîtriser la catastrophe et calmer la panique de la population de Zarzouna, à Bizerte. Cette intervention, pilotée en urgence, a eu lieu suite à un incident chimique d'origine industrielle survenu, avant-hier dans la matinée, à l'intérieur de l'usine de raffinage de pétrole « STIR » à Zarzouna, provoquant morts et blessés. En fait, pompiers et ambulanciers étaient présents pour apporter leur soutien. Et la mobilisation était massive pour venir à bout de l'incendie ravageur qui avait atteint un des réservoirs de stockage de produits chimiques. Fort heureusement, ce drame n'est que le scénario d'une opération blanche montée de toutes pièces. L'incident chimique, simulé dans la zone, n'était qu'un exercice : exercice « d'Amitié 13 » puisqu'il engageait la participation d'équipes françaises. Il s'inscrit d'ailleurs dans le cadre de « l'initiative 5+5 Défense », mise en place depuis 2004, qui est le fruit d'une coopération militaire établie entre les pays du Maghreb, d'un côté, et la France, l'Espagne, l'Italie, le Portugal et Malte, de l'autre côté... L'initiative consiste à élaborer des procédures communes de coopération dans l'éventualité d'une action conjointe face à une catastrophe naturelle ou industrielle qui toucherait l'un ou l'autre des deux pays — la Tunisie ou la France —, mais aussi tout autre pays membre de l'initiative. Pour des raisons sécuritaires, nous a-t-on indiqué, cet exercice d'intervention, qui devait se dérouler à Zarzouna, a eu lieu en réalité dans l'enceinte de l'Académie militaire de Foundok Jedid, dans le gouvernorat de Nabeul. Sur le terrain, un semblant de drame devait donc permettre de s'entraîner à la gestion de la crise. Comment faire si des citernes de produits chimiques prenaient feu ? Comment agir de façon pertinente ? En trompe-l'œil, l'incendie a ravagé toute la zone industrielle, provoquant une violente explosion avec propagation d'un nuage toxique qui a causé des lésions graves à de nombreuses personnes parmi les agents de la société sinistrée... Le 61ème groupement de génie chimique implanté à Bizerte, la Direction de la santé militaire et de la protection civile, en tenue d'intervention, étaient là pour circonscrire les flammes et évacuer les blessés censés être contaminés. L'atmosphère semblait bien réelle. Et l'état d'alerte aussi... Chacun était à sa place, prêt à fournir l'aide nécessaire. Y compris les militaires français. Il est aussi question, à vrai dire, de mettre à la disposition de notre armée « une structure de commandement permettant l'emploi de leurs moyens sous Tacom (tactical command) tunisien, dans le respect des règles de contrôle nationales». Avec échange d'informations, d'expériences et de savoir-faire sur les thèmes liés à la protection civile. Sur le terrain, rien n'est négligé. Tout laisse croire qu'on est face à un réel incident chimique. Avec de réels dégâts ! Le trucage au niveau du décor et des effets spéciaux fait illusion. Infirmières et infirmiers sont là au chevet des blessés, d'autres victimes sont transportées sur des civières, des médecins sont en train de les soigner, de les décontaminer... Bref, des interventions en série. Un centre de décontamination est installé pour accueillir les blessés et les laver à l'eau chaude afin de les débarrasser des matières toxiques générées par l'incident chimique. Ceux dont l'état est jugé critique sont transférés du premier poste de secours à l'hôpital de campagne. Alors que les victimes découvertes dans un état plus grave sont transportées, par hélicoptère, vers l'un des hôpitaux les plus proches du pays. Les actions se déroulent sous l'œil d'observateurs participants et d'officiers de liaison appartenant aux pays membres de ladite initiative. Pour l'armée tunisienne, cet exercice se veut une opportunité de mettre à l'épreuve ses compétences et ses mécanismes de déploiement et de commandement, mais aussi ses capacités organisationnelles, exécutives et logistiques susceptibles de permettre la coordination des interventions en cas de catastrophe et la conduite d'opérations de secours et de décontamination chimique. Pour rappel, cette initiative n'en est pas du tout à ses débuts sur notre sol. En 2009, l'exercice « Amitié » a porté sur la lutte contre l'invasion des criquets sahariens à Gabès, sur l'avenir de la femme militaire en 2010 et sur la médecine de secours en septembre 2012. Une simulation d'intervention suite à un incident chimique a eu lieu dans le même cadre à la caserne de l'Aouina en décembre de la même année. Un des responsables du ministère de la Défense confie : «Bien qu'elle soit en état d'alerte permanante, en cette situation si délicate, notre armée ne doit pas se passer d'exercices et d'entraînements pour la défense de la patrie».