Par Abdelhamid Gmati A peine le futur Premier ministre connu, qu'il a fait l'objet d'attaques de toutes sortes, surtout de la part de certains réseaux sociaux et de médias. Avant même de le connaître, on l'a affublé d'un tas de « qualités », d'accointances, de tendances, de parentés, de faits aussi fantaisistes les uns que les autres. Rares ont été ceux qui ont cherché à donner une information juste et réelle sur l'homme. C'est pourtant ce que le citoyen attend de la part d'organes d'information. Au lieu de quoi, on a eu droit à une désinformation éhontée. L'influence de l'opinion publique n'est pas nouvelle et chaque média y contribue par la qualité, le choix des informations qu'il présente selon une ligne éditoriale bien définie. Les uns appliquent un agenda bien précis, au service d'intérêts politiques, économiques, idéologiques connus. D'autres agissent au nom d'une neutralité, d'une objectivité souvent utopique. Mais il se trouve que chez nous, et depuis quelque temps, se dégage une tendance pas très honorable ni défendable du point de vue déontologique : la recherche du dénigrement systématique, croyant se singulariser et s'attirer la sympathie de certains consommateurs. Et cela se vérifie chaque jour, essentiellement dans le média le plus suivi : la télévision. La liberté de presse et d'expression retrouvée, depuis trois ans, a eu pour conséquence la prolifération des chaînes de télévision (et aussi de radios et de journaux). On a alors eu droit à un véritable festival de la parlote. Ce qui est pour le moins incongru. En principe, une émission de télé est basée surtout sur l'image et autant que possible en exclusivité. Mais cela coûte cher et ces nouvelles chaînes, autant que les anciennes du reste, manquent cruellement de moyens. Le directeur d'une des chaînes, déjà existantes, l'avouait dernièrement : « Mais où voulez-vous qu'on aille chercher de l'argent ? ». On pourrait lui rétorquer qu'il n'avait pas à lancer une chaîne s'il n'en pas les moyens. D'où la prolifération de ce qui coûte relativement le moins cher : la tribune, appelée « Talk Show ». Toutes les chaînes meublent l'essentiel de leur programmation avec ces tribunes. Il suffit de réunir dans un studio quelques invités autour d'un animateur et on les fait parler pendant une, deux, trois heures, peu importe les thèmes choisis. Il y en a qui sont consacrés au sport et là le téléspectateur assiste à des matches différents de ceux qui ont eu lieu sur les terrains. Chacun y va de sa propre perception de la compétition dans le sens souhaité par l'animateur : cela donne parfois des joutes verbales pas très enrichissantes. Et il y a surtout les sujets politiques, la liberté de presse passant, pour certains, par la politique. C'est supposé être intéressant. La réalité est autre. Ce genre d'émission, pour être intéressant, doit être mené avec beaucoup de professionnalisme. Le but final est de proposer au téléspectateur le maximum d'informations sur un sujet d'actualité. Pour ce faire, on invite une ou plusieurs personnes représentant une opinion, une politique, une prise de position particulière. L'animateur, qui doit être parfaitement au fait de son sujet et de son invité, joue le rôle de « modérateur », le plus neutre possible, poussant son ou ses invités à en dire plus sur le sujet choisi. Or, n'est pas animateur qui veut. Un invité, venu sur demande, parler de son denier livre, a dû poireauter une heure avant qu'on daigne l'aborder. L'animatrice vint le voir pour lui dire « qui êtes vous, Monsieur ? ». Voilà une animatrice qui ne connaît pas l'invité de son émission. Un autre demanda, sur antenne, à son hôte : « Présentez-vous, Monsieur ? ». En principe c'est à l'animateur de présenter son invité aux téléspectateurs. Le comble est ce que l'on voit de plus en plus ces jours-ci dans certaines émissions. L'invité n'est plus questionné sur ses idées, ses opinions, ses déclarations ou ses écrits mais il doit faire face à une véritable inquisition : « Vous possédez un terrain, une maison, comment l'avez-vous eu ? ». Dans une émission, on fait appel à des « chroniqueurs » appelés à participer à l'inquisition et qui s'adonnent à une véritable action de dénigrement et de critiques acerbes et mal à propos. Cela donne lieu à des invectives, des accusations, voire parfois des injures, même entre invités. Quel est donc l'intérêt de ces émissions ? Il est à craindre que les personnalités en vue ne répondent plus aux invitations de ces programmes. Et on peut les comprendre : certains feraient tout pour se faire voir à la télé. Mais d'autres refusent de se faire insulter ou d'être ridiculisés devant des milliers de téléspectateurs. Nous ne citerons pas de noms, par charité musulmane, mais toutes les chaînes s'adonnent à cette pratique. En fait, les responsables semblent être des animateurs, sans formation, arrogants et belliqueux. L'un de nos confrères leur a donné un nom : « les inanimateurs » (inanimés-animateurs). C'est dommage que ces émissions se transforment en shows déplorables et sans aucun apport sauf à flatter les ego de quelques animateurs et autres « chroniqueurs », sans intérêt.