Mohamed Abbou exprime l'exigence d'un cabinet formé de nouvelles compétences, où il n'y aurait plus de place pour les ministres de l'ancien régime Hier matin, peu avant la tenue de la réunion extraordinaire du Conseil national du Courant démocratique, Mohamed Abbou, président du parti, a donné un point de presse pour révéler sa position par rapport au Dialogue national, les derniers développements politiques, ainsi que le positionnement de son parti vis-à-vis des autres formations et alliances partisanes sur la scène nationale. Abbou a commencé par mettre au clair ses réserves et ses reproches concernant le Dialogue national, qui avait été relancé avec plus de rigueur suite à l'assassinat de Mohamed Brahmi, le 25 juillet dernier. Un dialogue où le marathon des négociations et des concertations, tantôt suspendues, tantôt reprises, a fini par sortir de l'ornière, en choisissant le nouveau locataire de La Kasbah, M. Mehdi Jomâa. Le conférencier n'y va pas par quatre chemins, afin d'expliquer pourquoi son parti n'a pas voulu prendre part à ce dialogue. L'opposition, dit-il, avait tort de réclamer la dissolution de la Constituante, faisant fi de la légitimité électorale, au moment où elle devait faire valoir l'intérêt du pays. « A l'époque, alors que notre parti en était à ses débuts, nous avons proposé d'opérer un changement au niveau de certains ministères et de procéder également à la révision, aussi bien dans le corps des gouverneurs que celui des délégués... Nous avions, par ailleurs, demandé le renforcement de l'arsenal législatif pour pouvoir réussir les prochaines échéances électorales», a-t-il rappelé. Et de souligner que le Courant démocratique s'est proclamé, depuis sa création officielle, fin mai dernier, parti relevant de «l'opposition rigoureuse et responsable». Sa devise, clame-t-il, est basée sur une trilogie : «Conscience, volonté et réalisation ». Aujourd'hui que le Dialogue national, dont le Courant démocratique ne fait pas partie, vient d'aboutir au choix d'un nouveau chef de gouvernement, M. Abbou n'a pas manqué de lui exprimer son soutien : «Nous allons, sans aucun doute, plébisciter le gouvernement de Mehdi Jomâa. Mais, compte tenu de sa courte durée dans le temps, soit quelques mois tout au plus, la nouvelle formation gouvernementale ne pourrait pas faire grand-chose... Elle ne serait pas à même d'engager des réformes de fond qui soient à la hauteur des attentes des Tunisiens. De toutes les façons, a-t-il encore ajouté, nous devions rencontrer cet après-midi M. Jomâa pour lui faire part de notre position de soutien vis-à-vis de son nouveau gouvernement ». A ce sujet, le conférencier a indiqué qu'il allait lui faire part de l'exigence d'un cabinet formé de nouvelles compétences, où il n'y aurait plus de place pour les ministres de l'ancien régime pouvant être impliqués dans la corruption. «L'on souhaite voir l'opinion publique faire pression dans ce sens pour que les caciques du RCD ne reviennent jamais. Car leur retour serait une sorte de trahison du sang des martyrs. On a assez de compétences dont les mains sont propres», fait-il remarquer, formulant l'espoir de sortir le plus rapidement possible de l'actuelle crise par laquelle passe le pays. Et M. Abbou de poursuivre : «Nous allons proposer à M. Jomâa de faire le point de la situation au niveau du ministère de l'Industrie, dont il était le ministre, pour nous rassurer sur des rumeurs concernant certains dossiers de corruption ». Pour réussir les prochaines élections, M. Abbou insiste sur des préalables nécessaires : l'adoption des lois organisant le financement des partis politiques, criminalisant l'enrichissement illicite et autorisant la répartition équitable de la publicité destinée aux médias publics. Autre exigence, la sécurisation des campagnes électorales. Pour conclure, M. Abbou a souligné que le Conseil national du parti se penchera sur la possibilité pour le parti d'aller s'intégrer dans des coalitions.