En l'espace de seulement quatre jours, des menaces d'assassinat auraient visé Rached Ghannouchi et Lina Ben Mhenni Après Rached Ghannouchi, c'est au tour de la blogueuse Lina Ben Mhenni d'annoncer, hier, publiquement, qu'elle avait évité de justesse un attentant qui la visait et que sa vie est encore en danger. Bien avant ce duo, on ne comptait presque plus les menaces de liquidation physique proférées, selon leurs victimes, contre des personnalités politiques (Béji Caïd Essebsi, Néjib Chebbi, Maya Jéribi, Houcine Abbassi, Samir Taïeb, Hamma Hammami, Mongi Rahoui, Ameur Laârayedh...), artistiques (Sghaïer Ouled Ahmed, Selma Baccar...) et médiatiques (Soufiène Ben Farhat, Moëz Ben Gharbia, Nawfel Ouertani, Zied El Hani, Soufiène Ben Hmida...). Cette liste, déjà anormalement longue, pourrait s'allonger, aidée en cela par les sombres desseins sans cesse affichés par des terroristes désireux d'en finir avec tous ceux qui s'opposent à leurs visées expansionnistes et sanguinaires. Vrai ou faux ? Or, à bien y voir dans cette horrible déferlante d'une ampleur sans précédent dans l'histoire de la Tunisie, on peut dire franchement que l'hypothèse de l'existence d'une tendance à l'exagération n'est pas à écarter, tout simplement parce que, dans les traditions de la nébuleuse intégriste de par le monde, l'effet surprise est sacré. En ce sens que les attentats se préparent en secret et sont vaccinés contre toute distraction. «Il est faux de croire que les terroristes "avisent" leurs prochaines victimes», soutient un agent de la BAT (Brigade antiterroriste) qui reconnaît, presque avec défaitisme, qu'«on n'a pas le droit de négliger toute menace qui nous parvient». Et de préciser que «les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi n'ont pas été annoncés à l'avance». Il est vrai que les terroristes excellent dans le jeu de la diversion. Et cela en prétendant avoir l'intention de tuer x, alors qu'au fond, c'est y qui est potentiellement visé. Pour notre interlocuteur qui est au fait du dossier de la lutte contre le terrorisme, «on attendait une autre personnalité politique qu'on disait menacée et c'est feu Mohamed Brahmi qui sera finalement liquidé»», bien qu'il ne fût pas dans le collimateur de ses assassins». Pourquoi le cheikh ? Dès lors, s'amènent les interrogations suivantes : quelle part de vérité dans toutes les menaces de mort proférées et comptabilisées jusqu'à présent ? Sont-elles réellement crédibles ? Si oui, pourquoi les présumées victimes n'ont pas encore été éliminées, alors qu'elles sont, de l'aveu même de notre interlocuteur, «prenables», leur escorte, un ou deux agents à tout casser, étant loin d'être musclée ou suffisamment sécurisante ? Quant aux menaces de liquidation physique qui auraient récemment visé Rached Ghannouchi, personne ne peut en vérifier la véracité. Si, par mesure préventive, le nombre de gardes du corps a, depuis, presque doublé autour du cheikh, rien n'indique que ce dernier sera épinglé au tableau de chasse des escadrons de la mort mobilisés par Ansar Echaria. La priorité des priorités en matière d'assassinats politiques étant habituellement et forcément accordée aux éternels «ennemis» des terroristes, à savoir les laïcs. Abou Iyadh, désormais l'homme le plus dangereux du pays, dérogera-t-il à cette règle ? Attendons voir...