Le duo Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar investira, à partir d'aujourd'hui, la scène du 4e Art avec sa pièce Tsunami. Comme à l'accoutumée, Jalila Baccar signe le texte et Fadhel Jaïbi signe la mise en scène de leur dernière création Tsunami. Cette pièce n'est autre que le dernier volet d'une trilogie, composée également de Corps otages (2006) et d'Amnesia (2010). Selon ses auteurs, la première pièce « interrogeait l'écrasement de la mémoire collective », alors que la deuxième « faisait une radioscopie de cet autoritarisme totalitaire », évoqué dans la première comme le fruit des régimes de Bourguiba et de Ben Ali, qui ont fait « le lit des forces obscurantistes et rétrogrades pour les réprimer ensuite et en faire des victimes expiatoires et des martyrs idéaux ». Amnesia a été largement considérée par la presse nationale et internationale comme une œuvre prémonitoire de la chute d'un dictateur et donc de la révolution tunisienne. Tsunami, créé en résidence internationale au théâtre national de Chaillot à Paris en 2013, sera donc à partir d'aujourd'hui sur la scène du 4e Art. Les dates annoncées sont les 17, 18, 19 et 31 janvier, ainsi que les 1er et 2 février (19h30 les vendredis et samedis et 17h00 le dimanche). Après une première en mai 2013 à Chaillot, la pièce est passée par Médenine, Dougga Festhéâtre, le festival international de Carthage, Helsinki et Sfax. Elle sera, après le 4e Art, au London International Festival of Theatre (juin 2014). Déjà un beau chemin parcouru pour cette pièce où jouent Jalila Baccar, Fatma Saïdane, Ramzi Azaiez, Mohamed Ali Kalaï, Oussama Jamï, Toumadher Zrelli, Nour El Houda Bel Haj Rhouma, Bassem Aloui, Ali Ben Saïd, Oumaïma Bahri et Lobna Kanouni. En tant que dernier volet de la trilogie, Tsunami «est le lieu de la réflexion sur l'œil du cyclone», selon le duo Fahdel Jaïbi et Jalila Baccar. Ils ajoutent qu'il s'agit là de «la chronique d'un chambardement radical, non seulement de la nature, des biens et des hommes par l'avènement d'un désordre sans précédent qui emporte, submerge et anéantit tous les repères acquis et l'ordre longtemps admis, subi... Il met surtout en scène le Tunisien, subitement mis à nu, face à lui-même, à ses illusions, ses mensonges, ses fantasmes, ses rêves assassinés, confronté comme jamais à ses cauchemars enfouis». Tsunami est de ce fait une pièce qui porte bien son nom et propose au spectateur, tunisien en l'occurrence, une confrontation à ses propres démons. Fadhel jaïbi et Jalila Baccar nous livrent sur scène l'«homo-tunisianus», un être qui est «en train de découvrir sa propre schizophrénie, de la plus ordinaire à la plus pathologique, de l'autisme le plus inquiétant à la négation de soi, par la fusion dans la «Ouma», la nation, la tribu, dépositaires de l'ordre total et de la vérité absolue au risque de perdre le peu d'anatomie et de libre arbitre conquis au prix d'un rêve de liberté qui l'a poussé dans la rue et lui a permis de chasser le tyran». A cet être, Tsunami adresse une panoplie de questionnements, conjugués dans son texte, ses dialogues et sa mise en scène en stipulant que dans «qui es-tu ?» il y a «qui suis-je?». A travers Tsunami, les auteurs considèrent enfin que «plus que jamais, l'art doit témoigner, prendre position, s'engager, alerter et résister...» et que «plus que jamais, les temps orageux qui menacent, engagent la responsabilité individuelle face à celle du plus grand nombre...». Le testament de cette trilogie dont la boucle est bouclée avec Tsunami, se demande «De quoi demain sera-t-il fait ?». La réponse est sur scène et, évidemment, dans la conscience du spectateur.