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Un chantier non commencé
Communication politique
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 02 - 2014

«Le charisme, bien qu'à la base, il faut qu'il y ait un minimum, est un cumul d'expériences positives, il se travaille et peut s'optimiser»
Un des fondements de la politique est la communication. Les deux sont liées consubstantiellement. Sinon, que vaut la politique sans le canal de transmission ? Imaginez un homme politique, profondément patriote, ambitieux et doté de grandes compétences, mais non connu de l'opinion publique. Peut-il espérer gagner des élections ou apporter une quelconque plus-value à son parti ?
La légitimité médiatique, essentiellement « cathodique », est un élément décisif pour se construire une image auprès de l'opinion publique. Or la Tunisie, ployant sous les affres de deux régimes, le premier plutôt autoritaire et le deuxième carrément totalitaire, a été privée de faire son chemin en communication politique. C'était alors la propagande politique, sous son jour le plus hideux, qui régnait en maître sur le pays. La communication politique qui suppose acquis, pluralisme, droit à l'information et liberté d'expression, n'était pas à l'ordre du jour.
Que faire pour remédier à une situation qui commence à devenir inquiétante en cette phase préélectorale, puisque depuis la libéralisation de l'espace médiatico-politique, très peu d'évolution, selon les analystes, a été enregistrée dans le domaine.
Nous avons donné la parole à Moez Ben Messaoud pour nous apporter un éclairage sur la question. Le docteur en sciences de l'information et de la communication analyse la situation en ces termes : «Bien que la communication politique soit au stade embryonnaire, il y a des hommes politiques qui passent bien. Ils savent manier un discours simple et une communication étudiée, tant au niveau du verbal que de la gestuelle. Béji Caïd Essebsi a une présence charismatique par rapport à d'autres hommes politiques. Cela peut être justifié par la longue expérience acquise par cet homme d'Etat. Mais le charisme, nuance le professeur, bien qu'à la base, il faut qu'il y ait un minimum, est un cumul d'expériences positives de plusieurs années, il se travaille et peut s'optimiser». Voilà qui semble être rassurant pour beaucoup !
Quant à la femme politique, Professeur Ben Messaoud attribue son faible taux de présence sur la scène à la responsabilité des médias, qui, eux, avancent l'argument de l'audimat. Les hommes sont plus et mieux connus du public et mieux accommodés des techniques de la communication. «Bien que certaines femmes, toutes tendances confondues, essayent de se positionner», précise M. Ben Messaoud.
La plupart des femmes politiques, pourtant célèbres, adoptent la stratégie de la communication à éclipse ; elles apparaissent tantôt pour disparaitre pendant longtemps, avons-nous remarqué. «Parce qu'elles subissent les contrecoups de leurs familles politiques. Elles ne sont pas libres de gérer leur image de manière individuelle», répond notre interlocuteur.
Un adversaire qui ne sait pas communiquer
Depuis la révolution, plusieurs cycles de formation ont été diligentés dans le pays. Entre autres, un programme qui s'intitule : «Appui aux partis politiques en période de transition démocratique». Il a démarré en juillet 2011 pour durer à peu près 18 mois. C'est un programme financé par l'Union européenne auquel ont participé l'IPSI, l'Institut arabe des droits de l'homme et la fondation Konrad-Adenauer. Les différentes familles politiques importantes y ont participé de manière régulière.
Malgré cela, l'image est toujours défaillante, certains hommes politiques ne passent pas auprès du public, pourquoi ? Avons-nous insisté : «Parce que les apparitions essentiellement à la télévision doivent être minutieusement étudiées. Ce qui n'est pas souvent le cas. Il faut savoir travailler son discours, comment mener un débat, comment rester calme face aux provocations de l'adversaire, comment le faire ramener à un point précis de la discussion, comment soigner son look. La communication politique est un tout ». Or, ajoute le professeur, plusieurs hommes et femmes politiques essayent d'assurer une présence médiatique rien que pour la présence. Et dans ce cas, ils ratent l'opportunité de faire passer le bon message au bon moment, a-t-il regretté.
Ainsi en communication politique, la meilleure stratégie du monde peut être agencée, mais si certaines apparitions sont malmenées, cela aura impérativement une incidence négative sur l'ensemble de la stratégie de com. Un investissement est donc nécessaire pour construire une image et une notoriété, en somme, une identité politique positive. Le travail de communication devra s'élaborer dans la continuité et la cohérence. Or les partis politiques, constate Moez Ben Messaoud, travaillent au coup par coup.
Au regard des derniers événements, les observateurs ont reproché aux ex-partis d'opposition d'avoir laissé Ennahdha exploiter la démission de son gouvernement à son profit et donc d'avoir transformé son bilan désastreux et ses échecs en victoire. Qu'en est-il réellement ? En réalité, répond l'expert, « Ennahdha a subi des pressions pour quitter le pouvoir, mais en même temps, ce parti a su combler tout vide de communication et gérer sa défaite. Ce n'est pas une force de communication de sa part, mais il sait exploiter le vide laissé par un adversaire trop faible, qui ne sait pas communiquer, qui ne sait pas exploiter les espaces de communication », dixit un spécialiste.
Les communicateurs, une lourde responsabilité
Gérer les plateaux, c'est bien une autre histoire. Les communicateurs sont une véritable courroie de transmission entre l'homme politique-émetteur et le public-récepteur. Ils doivent maîtriser leur plateau, poser les questions et préparer la contradiction, et surtout ne pas laisser le niveau du débat tomber, et enfin soigner son look. A ce niveau, le professeur précise que le communicateur ne peut pas imposer le port de la cravate à ses invités. Par contre, il a la responsabilité de gérer son plateau. S'il y a abus, il faut qu'il l'arrête, d'un autre côté, insiste M.Ben Messaoud, parfois des partis politiques sont invités massivement et d'autres sont carrément exclus des plateaux. Ce n'est pas professionnel, a-t-il prévenu.
Il est un constat, selon les spécialistes, que la scène médiatico-politique accuse plusieurs faiblesses, tant au niveau du langage corporel, verbal que visuel. Il serait bon de savoir que le gris, le bleu et le noir passent mieux que le jaune et le vert, bon à savoir que les chemises à très fines rayures rapprochées donnent un effet de moirage très désagréable pour le téléspectateur, bon à savoir que pour chaque occasion, une tenue s'impose. Et donc se farder les yeux de mauve et porter une tenue d'apparat le soir d'un deuil et d'une commémoration de l'assassinat de Chokri Belaïd est un manque de finesse et de réceptivité inexplicables. Il faut savoir que placer ses invités sur un canapé bas, proche du sol et se surélever en hauteur derrière un bureau est une disposition de studio bien étrange. Enfin, être responsable de son espace et mettre immédiatement un terme à toutes sortes de dérives est indispensable pour évaluer la capacité de maîtrise d'un plateau ou non.
Mais, que dire alors si en lieu et place du débat politique, il est question de kleenex, de coup de pied, de coup de balai et de serviteur du palais ? Ce n'est pas joli, ce n'est pas élégant, ce n'est même pas pertinent.


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