L'ouverture officielle de la deuxième rencontre culturelle et économique Maghreb-Turquie a été assurée hier au siège de l'Utica par le président provisoire de la République, Moncef Marzouki. La cérémonie qui a regroupé un nombre important de représentants de la société civile aussi bien tunisiens que maghrébins et turcs s'est déroulée en l'absence des représentants de l'Utica. Wided Bouchamaoui, annoncée dans le programme, était également absente. Chose qui appelle à méditer d'autant plus que le responsable de l'organisation de la rencontre et membre du bureau exécutif, Samir Chérif, nous a réservé des pratiques qu'on croyait révolues, présent à l'accueil, il empêchait les participants ainsi que les journalistes d'accéder à certaines parties du bâtiment de l'Utica. «Interdit d'y accéder tant que le président n'est pas encore arrivé», répétait-il à haute voix. À l'arrivée du président, il n'a pas hésité à inviter les participants à se mettre debout pour l'accueillir, ceci sans parler des applaudissements qui fusaient de toutes parts à chaque phrase prononcée. Applaudissements qui, tout autant que les bus qui remplissaient le parking de la centrale patronale, ne manquent pas de nous rappeler une certaine époque. Cependant et en dépit de ces maladresses d'organisation et de comportement, la cérémonie fut une occasion pour aborder un thème fort important et primordial pour la région du Maghreb, celui de l'Union maghrébine, ce rêve qui tarde à se réaliser, nous dira Moncef Marzouki. Evoquant ce rêve, le président parle de beaucoup de temps perdu et d'une blessure qui aura marqué toute une génération qui y a cru. Aujourd'hui, le volume des échanges commerciaux intermaghrébins ne dépasse pas les 3% au moment où ceux européens sont de l'ordre de 60%, relève-t-il. Cependant, note-t-il encore, il faut savoir que l'espoir de concrétiser un jour ce rêve n'est plus porté uniquement par la volonté politique, mais aussi par les ONG qui peuvent jouer un rôle essentiel en matière de coopération sociale, culturelle et économique. Parlant de l'Union du Maghreb, Marzouki l'assimile à un aigle qui n'arrive pas encore à voler. Il ajoute, à ce propos, que de son côté, la Tunisie n'épargnera aucun effort pour que le rêve maghrébin se réalise enfin. Pour ce qui est des relations tuniso-turques, il a noté que la Turquie est un pays ami de la Tunisie, un pays qui n'a pas hésité à apporter son appui aussi bien économique que politique pour accompagner la transition que nous vivons. Il a, enfin, rappelé que la Tunisie passe par une période difficile où le taux du chômage est encore élevé, les attentes sont grandes, les capacités limitées et la valeur du travail effritée. Une telle situation dicte, selon lui, de redoubler d'efforts pour que les investisseurs tunisiens et étrangers reprennent confiance et que la roue économique se remette en marche. Mohamed Adel, président du Forum maghrébin de coopération internationale, ONG organisatrice de la rencontre, a souligné, dans son allocution, que le forum a opté depuis sa création pour inscrire son action loin de tous les clivages politiques et idéologiques. Il a, en outre, précisé qu'il est temps de reconnaître que ce n'est point la volonté politique, isolée, qui permet le progrès des peuples mais plutôt la coopération culturelle et économique. S'agissant du choix de la Turquie comme partenaire de cette nouvelle édition du forum, il a noté que c'est un pays qui a su au cours des dernières décennies se doter de réalisations sociales, culturelles, économiques et scientifiques louables. La cérémonie a, par ailleurs, connu les interventions de plusieurs personnalités maghrébines et turques, entre autres le ministre marocain chargé des relations avec le parlement qui a loué l'initiative du forum et a souligné que la nouvelle approche qui donne la plus grande importance à la culture et l'économie pour une coopération solide et durable est une approche innovante et ne manquera pas de porter ses fruits. « C'est cette approche qui nous permettra d'aboutir à une vraie union maghrébine », a-t-il précisé, ajoutant que les peuples de la région du Maghreb devraient passer de la logique d'appartenance affective à une logique d'institutions en instaurant des organismes qui consacrent l'espace maghrébin et son unité. De son côté, l'ambassadeur de Turquie en Tunisie a souligné que cette rencontre était une occasion pour renforcer la coopération turque avec les pays de la région et a souligné que la Turquie encourage les mutations politiques que connaissent certains pays de la région, il cite à ce propos la Tunisie qui a vécu un grand changement et qui peut se féliciter de l'aboutissement du Dialogue national et de la finalisation de la Constitution. Il relève, enfin, que le gouvernement turc veillera à renforcer les échanges commerciaux avec les pays du Maghreb pour rapprocher les peuples sur le plan culturel et social.