La subvention de ce produit a été progressivement levée puis supprimée définitivement à la fin du mois de décembre dernier L'Organisation de défense du consommateur reproche au ministère du Commerce et de l'Artisanat d'avoir, avec l'aval de l'Utica et en concertation avec les industriels, décidé d'augmenter le prix de la tomate en conserve, sans consulter l'organisation. «Nous n'avons pas du tout été informés de cette augmentation. Le ministère et l'Utica n'ont publié aucun communiqué pour informer le public. Il n'y a pas eu de bruit autour de cette augmentation, cela s'est fait dans la plus grande discrétion. Il existe dix-huit marques de conserves industrielles. Les producteurs de tomates en conserve se sont mis d'accord pour que les marques affichent la même augmentation et que les conserves de tomates se vendent au même prix. Aujourd'hui, le prix d'une boîte de tomate de 800g est passé de 1.890 à 2.050 millimes. Industriels, ministère et Utica se sont concertés sans consulter la société civile alors que le consommateur est le premier concerné. Il s'agit d'un coup dur pour ce dernier. Nous n'avons plus confiance», a relevé M. Mohamed Zarrouk, vice-président de l'organisation, chargé des prix, des services et de la qualité, au cours d'une conférence de presse tenue, hier, au siège de l'ODC. L'organisation craint que cette augmentation, qui touche à un produit de base très consommé par les franges pauvres et moyennes de la population, ne vienne grever un pouvoir d'achat déjà durement touché par la crise et la cherté de la vie. Il ne s'agit pas de la première augmentation du prix de la tomate en conserve. Le prix de cette dernière a déjà augmenté de 290 millimes au mois de septembre dernier, ce qui revient, au total, en tenant compte de la nouvelle augmentation, à une hausse de 450 millimes en quelques mois, s'alarme le vice-président de l'ODC. En outre, alors que la tomate en conserve est utilisée dans la préparation de plusieurs plats (la Tunisie est l'un des plus grands consommateurs de conserves de tomates), la subvention de ce produit a été progressivement réduite puis supprimée définitivement à la fin du mois de décembre dernier, ce qui n'a pas du tout plu aux membres de l'ODC, jugeant qu'il y a une ligne rouge à ne pas franchir. « Les prix de certains produits de consommation de base sont homologués, a noté un des membres de l'ODC. On ne peut pas décider du jour au lendemain de les augmenter. La hausse du prix de certains produits de consommation de base qui sont stratégiques est une décision qui doit être mûrement réfléchie et qui ne peut être prise sans consulter la société civile. Il n'y a pas de raison de faire supporter au citoyen les conséquences découlant des choix du gouvernement. Ce n'est pas à lui de payer la facture». Farouchement opposée à cette hausse du prix de la tomate en conserve, craignant que celle-ci soit suivie d'autres augmentations touchant les produits de base subventionnés, l'ODC a posé des conditions, exigeant notamment que les industriels revoient à la baisse le prix des conserves de tomates. Si, au bout d'une semaine, la hausse continue à être maintenue, l'Organisation appellera alors au boycott de ce produit. Celle-ci a, par ailleurs, décidé de faire appel au Conseil national de la concurrence et de porter plainte contre le ministère du Commerce et de l'Artisanat auprès du Tribunal administratif. « Nous voulons également que l'Assemblée nationale auditionne le ministre du Commerce et de l'Artisanat », a conclu M. Zarrouk.