Le statut de dernier rescapé africain concentre sur le Ghana le soutien de tout un continent. Serait-ce suffisant pour disposer d'une sélection américaine dont l'appétit vient en mangeant... Pour les Américains qui savourent encore cette qualification méritée, l'heure est à la persévérance. Il faut tout de même constater aussi que les Américains ont du talent et de l'abnégation, alors que les choix techniques se sont avérés jusque-là payants. Robbie Findley, Herculez Gomez et Edson Buddle ont tous pris une part active à la qualification des Etats-Unis pour les huitièmes de finale. Critiqué pour avoir écarté de la sélection l'expérimenté Brian Ching à la veille de la phase finale, Bradley est en train de gagner son pari. Pour l'instant, le forfait après un accident de voiture de Davies, héros de la Coupe des Confédérations, Afrique du Sud 2009, semble tout à fait oublié : "Nous disposons de nombreuses options en attaque et nous les avons utilisées en fonction des circonstances", assure Jozy Altidore, le seul attaquant aligné d'entrée lors des trois rencontres de poule: "Sur le banc, nous avons beaucoup de joueurs qui peuvent entrer en jeu et changer le cours d'un match, ça en dit beaucoup sur la profondeur du banc de notre équipe. "Titularisé aux côtés de Finley à l'entame des deux premiers matches, le buteur de Hull City a ensuite joué avec Gomez, entré avec le joueur du Real Salt Lake à la mi-temps contre la Slovénie et reconduit face à l'Algérie. La victoire 1-0 qui s'en est suivie a envoyé les Etats-Unis en huitièmes pour la première fois depuis 2002. Etrangement et aussi insolite que cela puisse paraître, aucun des attaquants américains n'a marqué jusqu'à présent. Passeur décisif pour Michael Bradley contre les Slovènes, Altidore y voit la manifestation des instincts offensifs des milieux américains, à l'image de Landon Donovan, auteur du but vainqueur face à l'Algérie, et de Clint Dempsey, à l'origine de la désormais célèbre gaffe du gardien anglais Robert Green. "On bouge pas mal en attaque", ajoute Altidore, heureux de la complicité entre attaquants et milieux offensifs. "Ça se voit sur le but contre l'Algérie, quand j'ai fait cette course vers l'avant, Clint Dempsey et Landon Donovan étaient là pour finir le travail", estime le meilleur buteur américain des qualifications. Quand on lui demande si, en tant que buteur, il ressent un manque de continuité du fait d'avoir été associé à différents joueurs sur les trois matches de poule, Altidore réfute l'idée sans hésitation. "Ça ne change pas grand-chose pour moi. Quel que soit le joueur qui joue devant avec moi, je sais que j'aurai un soutien de qualité, qu'il s'agisse d'un second buteur ou bien de gars comme Landon ou Clint qui débordent sur les ailes." Lorsqu'il a fallu marquer un but contre les Algériens, Bradley a jeté toutes ses forces dans la bataille, finissant la partie avec Dempsey, Donovan, Altidore, Buddle, le milieu offensif Benny Feilhaber et même le supersonique ailier Marcus Beasley pour forcer la décision. Dans la bataille qui s'annonce disputée, aujourd'hui, face au Ghana (seul représentant africain à ce niveau), Bradley sait qu'il dispose de plusieurs solutions en attaque. Et comme tous ses attaquants ont pu jouer pendant la phase de poules, ils seront fin prêts pour donner un coup de main en cas de besoin dans les matches à élimination directe. "Notre équipe a de l'épaisseur. Nous avons sur le banc les joueurs qu'il faut lorsque nous en avons besoin et nous le savons.". L'hermétisme défensif du Ghana Sans tapage, le Ghana franchit les obstacles, un par un. Dans le système du sélectionneur serbe Milovan Rajevac, l'équipe est souvent coupée en deux: les trois milieux axiaux (Annan, Asamoah et Boateng) constituent le premier rideau défensif. Grâce à l'abattage de ces joueurs, le Ghana n'a encaissé que deux buts. Le premier après un ballon relâché par son gardien Kingson contre l'Australie, le second sur un tir allemand des vingt mètres. Rajevac a misé sur la stabilité: Kingson, le capitaine John Mensah dans l'axe et l'arrière droit Pantsil jouaient déjà ensemble lors du Mondial-2006. Le latéral gauche Sarpei faisait partie du groupe. Bémol, le deuxième défenseur central, Vorsah, est blessé, et ses remplaçants Addy ou Jonathan Mensah un peu tendres. Mais la solidité exigée par Rajevac avait déjà fait ses preuves lors de la Coupe d'Afrique des nations, avec trois victoires successives 1-0 jusqu'à la finale (perdue 1-0 face à l'hégémonique Egypte). Le sélectionneur avoue son impuissance: "C'est vraiment difficile à expliquer ce manque de réalisme, car des occasions, on s'en ai créé beaucoup". Contre l'Australie par exemple, les Black Stars ont tiré 19 fois au but. Pour un poteau seulement trouvé par Gyan qui a marqué les deux seuls buts ghanéens... sur penalty. L'avant-centre multiplie pour l'instant les maladresses, alors qu'il est parfaitement servi par Ayew, sans doute le meilleur Ghanéen. Très altruiste, le fils d'Abedi Pelé manque néanmoins lui aussi de réalisme devant le but. Ces deux-là, très rapides, cherchent encore le déclic. "On va corriger nos erreurs et parler à nos attaquants pour qu'ils soient plus efficaces", a promis Pantsil. Quant à Tagoe, son rendement demeure largement déficient. Cantonnés au banc, Adiyiah et Muntari représentent des alternatives intéressantes. Le statut de dernier rescapé africain concentre sur le Ghana le soutien de tout un continent, mais aussi de fortes attentes. D'autant que son adversaire en huitièmes de finale, les Etats-Unis, paraît ( relativement) à sa portée: "C'est vraiment très important pour nous et pour l'Afrique, a observé Rajevac. Je suis encore très ému, j'espère que nous allons bénéficier du soutien de toute la population sud-africaine et du continent africain face aux Etats-Unis".