On attendait la Côte d'Ivoire, le Nigeria ou le Cameroun, ce sera finalement le Ghana qui portera haut les couleurs africaines ce soir face à l'Uruguay. L'heure est importante pour un continent désappointé par la médiocrité de ses représentants. Sur six sélections engagées, seuls les Black Stars se seront montrées à la hauteur de l'évènement, s'octroyant le droit de disputer un quart de finale. Si pour ces derniers le contrat est pleinement rempli avec cette première qualification pour le Top 8 mondial en seulement deux participations, ils ne devront pas s'arrêter en si bon chemin. Même si le sorcier serbe Milovan Rajevac, estimait après la qualification qu' «il n'avait aucune obligation», il est parfaitement conscient que ses poulains catalysent à eux seuls l'espoir de tout un continent. «Nous ferons de notre mieux pour écrire l'Histoire», enchaînait-il, comme l'air de dire que son équipe a l'appétit grandissant. Car à force d'impressionner, les Ghanéens ont compris : le savant mélange entre jeunes pousses et joueurs chevronnés fait des miracles. «Nous avons beaucoup de jeunes joueurs qui prennent confiance. La plus grande qualité de cette équipe, c'est son unité», analysait un Rajevac perspicace. Face à l'Uruguay, le Serbe devra confirmer ses talents de maître tacticien. A la difficulté de l'adversaire, sont venus s'ajouter quelques pépins physiques. Ainsi, John Mensah, touché au dos, pourrait ne pas être en mesure d'assurer son rôle de patron. Même son de cloche pour le néophyte Boateng, sorti sur blessure face aux Etats-Unis. Gageons toutefois que le sélectionneur aura plus d'une corde à son arc, en atteste cette déclaration pleine de bon sens : «Ce qui est très important, c'est de réussir à changer de système en cours de match». Cela tombe à pic, puisque face à l'Uruguay, le casse-tête s'annonce terrible. Duo d'attaque prolifique Tranquillement et sans faire de bruit, la Celeste gravit les échelons avec une insouciance déconcertante. Et comme pour le Ghana, ce Mondial d'ores et déjà réussi trouve sa source à la tête de l'équipe. Dire qu'Oscar Tabarez est l'une des clés qui a permis à l'Uruguay d'accéder aux quarts de finale est un doux euphémisme. Trouver onze bons joueurs et les faire jouer ensemble dans un pays qui compte 3,5 millions d'habitants n'est pas donné à tout le monde. Articulé autour d'une défense hermétique (1 but encaissé), l'Uruguay peut également se reposer sur le duo d'attaque le plus prolifique de cette Coupe du Monde : Forlan-Suarez (5 buts). Au milieu de terrain, c'est l'engagement physique qui sert de leitmotiv. Une parfaite alchimie en passe de qualifier le pays pour le dernier carré, chose plus arrivée depuis 40 ans. Et comme si cela ne suffisait pas, l'Uruguay semble profiter de ce facteur chance tant important pour espérer faire main basse sur le graal. Hormis Godin (cuisse), le groupe respire la santé. Les voyants sont donc au vert, ce qui, une fois n'est pas coutume, a permis à Oscar Tabarez de concocter sereinement son onze type. Un onze déjà annoncé. Un signe de bonne santé, rien de plus... Formations probables Ghana : Kingson - Pantsil, Vorsah, Mensah, Sarpeï - Inkoom, Annan, Boateng, Asamoah, Muntari - Gyan. Uruguay : Muslera - Fucile, Lugano, Victorino, Pereira - D.Perez, Arevalo, A.Fernandez - Suarez, Forlan, Cavani. ---------------- Mandela invite les Black Stars L'Afrique du Sud se mobilise en faveur du Ghana, dernier représentant du continent encore en course à la Coupe du monde. Les Black Stars ne comptent plus les témoignages de soutien à travers la nation arc en ciel. Et non des moindres : la radio ghanéenne Citi FM nous apprend mercredi que Nelson Mandela, séduit par les prestations des hommes de Milovan Rajevac, les a invités à passer samedi un moment en sa compagnie dans sa résidence du Cap. Ce soir, les coéquipiers de Stephen Appiah disputeront à Johannesburg leur quart de finale face à l'Uruguay. L'ancien chef de l'Etat, qui a le sens des symboles, espère bien recevoir la première équipe africaine qualifiée pour une demi-finale de Coupe du monde. ---------------- Richard Kingson, le dernier rempart En voilà un qui ne craint pas la pression ! Il est le dernier rempart du Ghana et à ce titre, le joueur le plus exposé des Black Stars. Ce soir (19h30), au Soccer City de Johannesburg, Richard Kingson aura la lourde charge de conduire son pays en demi- finales de la Coupe du monde. A 32 ans, le gardien de but titulaire du Ghana n'a vraiment rien d'un débutant, lui qui a déjà vécu un huitième de finale contre le Brésil, il y a quatre ans. Depuis ce rendez-vous, il a été de toutes les belles aventures du Ghana : 3e de la Coupe d'Afrique des nations 2008, finaliste cette année de cette même compétition en Angola. Naturalisé turc sous le nom de Faruk Gürsoy Et pourtant, « Olele », son surnom, ne joue pas en club. Qui considère avoir plus fort que lui au même poste. Recruté par Wigan (Premier League) en 2008, le Ghanéen n'a pas revêtu le maillot du club en Championnat depuis le courant de la saison 2008-2009 ! Sa carrière pro, qui l'a aussi conduit en Suède, a d'abord décollé en Turquie où il a passé près de huit années, entre 1998 et 2006. Essentiellement dans des formations du ventre mou, où il s'est perfectionné en jouant régulièrement. Naturalisé turc sous le nom de Faruk Gürsoy, Richard est le frère aîné d'un autre international ghanéen, Laryea Kingston, qui n'est pas présent en Afrique du Sud. Très fort dans les duels en un contre un Remarquable sur sa ligne et dans les duels en un contre un, Kingson a pourtant commis une erreur, depuis le début du tournoi, face à l'Australie au premier tour (1-1). Evidemment, certains se sont vite empressés de critiquer vertement le joueur. Calme et pondéré, «Olele» leur a répondu par un match exceptionnel de sobriété contre les Etats-Unis en huitièmes de finale (2-1). En dépit de son manque de temps de jeu en Championnat, Kingson a encore haussé son niveau, et remporté tous ses face à face contre Donovan, Altidore, Bradley et Dempsey. Ce n'est évidemment pas un hasard s'il est considéré, avec l'Egyptien El Hadary et le Nigérian Enyeama, comme l'un des trois meilleurs spécialistes du continent à son poste. Très croyant - il prie à genoux sur sa ligne avant le coup d'envoi des matches - et toujours souriant, Kingson s'apprête à disputer le match le plus important de sa carrière, et probablement de l'histoire du football ghanéen. Et toujours dans sa tenue fétiche bleu mauve, curieusement adoptée par tous les gardiens africains pour ce Mondial…