Le Parti des travailleurs propose sa propre loi qui préservera les deniers publics et évitera l'éparpillement des voix Les membres du Front populaire, avec à leur tête leur leader Hamma Hammami, ont tenu, hier, une conférence de presse au cours de laquelle ils ont présenté leur propre projet relatif à l'adoption d'une loi électorale garantissant la tenue d'élections neutres et transparentes. La loi électorale qui organise les élections législatives et présidentielles et qui est en train d'être débattue à l'Assemblée nationale constituante (ANC) a déjà soulevé plusieurs points de discorde au sein des blocs parlementaires. Les avis divergent, notamment sur certains articles qui sont en train d'être débattus l'un après l'autre au sein de la commission de législation générale de l'ANC. «Le Front populaire va proposer son propre projet de loi. Nous sommes pour une loi électorale qui défende la voix de l'électeur, qui reflète la volonté du peuple et qui prône l'organisation d'élections démocratiques et transparentes. Nous avons une série de propositions et de recommandations en réponse aux points de discorde soulevés à l'ANC», martèle Hamma Hammami. Selon le secrétaire général du Parti des travailleurs, le décret-loi qui a géré les élections d'octobre 2011 présente des failles qui se sont traduites notamment par un éparpillement des voix des électeurs. Un million trois cent mille personnes ont voté pour des listes qui n'ont pas été représentées à l'Assemblée nationale constituante, a ajouté le leader du Front populaire. Selon ce dernier, «il ne faut pas répéter les erreurs du passé et voter une loi électorale qui permette de tenir des élections efficientes, en évitant notamment la multiplication des listes et la dispersion des voix des électeurs, afin de leur garantir une meilleure représentativité à l'Assemblée des députés du peuple». Revenant sur le fameux article 15 du décret-loi de 2011, qui a soulevé beaucoup de remous au sein de l'ANC, le secrétaire général du Parti des travailleurs a été on ne peut plus clair, en affirmant que la dissolution du principal parti de l'ancien régime figurait parmi les principales revendications de la révolution. D'après Hamma Hammami, «le RCD est responsable de la crise sociale, économique et politique et du climat délétère qui régnait à l'époque du président déchu». Le leader du Parti des travailleurs craint aujourd'hui que l'attitude passive de la Troika n'ait permis à cet ancien parti de refaire surface sous une autre forme. En effet, l'adoption de la loi sur la justice transitionnelle n'a pas été suivie de mesures restrictives, ce qui a permis à beaucoup de sympathisants de l'ancien régime d'échapper à la justice et de mener une vie sociale et politique active en se réfugiant derrière de nouveaux partis. « Il faut appliquer la justice transitionnelle et poursuivre toutes les personnes qui sont coupables. Ces personnes ne peuvent se présenter aux élections tant qu'elles n'ont pas été jugées », a relevé le secrétaire général du Parti des travailleurs. S'exprimant sur la question des nominations, Hamma Hammami a mis l'accent sur la nécessité de réviser certaines d'entre elles, en s'interrogeant notamment sur le maintien du chef de cabinet de l'actuel chef du gouvernement qui travaillait également sous les ordres de l'ancien Premier ministre du mouvement Ennahdha, Hamadi Jebali. Le secrétaire général du Parti des travailleurs a également évoqué d'autres points dont celui des mosquées, qui, pour la plupart, ont été instrumentalisées à des fins politiques. Selon lui, bien qu'une décision ait été prise pour reprendre le contrôle de ces dernières, on continue à y prononcer des discours politiques extrémistes et takfiristes et à y prêcher la violence. «Le financement des ONG en Tunisie doit être passé à la loupe. 300 millions de dollars ont été versés à des ONG tunisiennes. Non seulement la provenance de cet argent n'est pas claire mais on ne sait pas à quoi il a servi», a poursuivi Hamma Hammami. Tous les adhérents et les membres du Front populaire sont, enfin, d'avis que leur projet de loi électorale va protéger les droits des électeurs, définir les conditions d'éligibilité et contrôler le financement des campagnes électorale ainsi que la présence médiatique des candidats au cours de la campagne électorale, outre l'utilisation de l'argent public pour le financement des partis. «Beaucoup de partis ont, en effet, été créés pour s'emparer de deniers publics et les rembourser après les élections. Ils se sont, par la suite, évaporés comme par mystère», précisent-ils. Par ailleurs, d'après les propositions et les recommandations du Front populaire, ce projet de loi doit non seulement garantir la transparence de toutes les opérations électorales mais également une plus grande représentativité des partis politiques élus au sein de la future Assemblée, en se basant sur le mode de scrutin proportionnel aux plus forts restes. «Dans l'actuel projet de loi électorale, il y a des lacunes qu'il faut revoir, note un expert. A titre d'exemple, celle qui prévoit l'assistance des analphabètes dans les bureaux de vote pendant les élections. On court le risque d'influencer délibérément leur vote. On compte environ un million cinq cent mille analphabètes. Cela revient tout simplement à acheter leurs voix».