-«Ennahdha et le CPR protecteurs politiques des Ligues dites de protection de la Révolution», précise Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire -«Un pas positif en attendant le reste», affirme Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste. Les travaux de la deuxième étape du Dialogue national initié par l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) tenus jeudi dernier ont été conclus par une déclaration d'intentions et la formation d'une commission de suivi. Reste à espérer que les intentions affichées de part et d'autres convergent dans le sens espéré par une population à bout de patience et où certains ténors politiques à court d'arguments ne font que palabrer. Le débat ne fait que commencer. La commission de suivie est composée de représentants de 17 partis représentés au sein de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) et de l'UGTT, l'organisation patronale UTICA, la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme et le Conseil de l'Ordre des Avocats. La première réunion de cette commission est prévue, lundi prochain au siège de l'UTICA. Les premières conclusions formulées dans la déclaration finale ont-elles satisfait tous les participants ? Derrière l'accord de façade, où résident les divergences ? Hamma Hammai, porte –parole du Front populaire affirme au Temps que « ce n'est qu'un début. Il y a nécessairement des points de convergence et des points de divergence. Les points de désaccord seront abordés à partir de lundi prochain. S'agissant du communiqué final, nous ne sommes pas d'accord sur la partie relative à la violence et le terrorisme. C'est un sujet pour lequel on ne peut avoir une position médiane ou un compromis. Il faut une position claire, nette qui tranche à propos des Ligues dites de Protection de la Révolution. Ce qui suppose une position et une décision politique et non pas judiciaire. Et la décision politique se trouve entre les mains d'Ennahdha et du Congrès pour la République (CPR), les protecteurs politiques des LPR ». Un autre point n'emballe pas Hamma Hammami, celui du Code électoral. Le communiqué parle d'un mode de scrutin à un seul tour qui évite l'émiettement. « C'est un mot vague. On parle d'un seuil minimum et de parrainage. Nous refusons ces deux mesures. Elles battent en brèche le droit de candidature et les différences intellectuelles, au nom de la lutte contre l'éparpillement des voix. Avec ce genre de scrutin, celui qui gagne 25% des voix exerce le pouvoir grâce aux voix des autres, ceux qui n'ont pu atteindre le seuil minimum. C'est le système copié sur la Turquie », prévient Hamma Hammami. Un autre point n'a pas fait l'unanimité. Le porte-parole du Front populaire parle de la souveraineté nationale. Il précise qu'un « Gouvernement provisoire n'a pas le droit d'hypothéquer l'avenir du pays en engageant des accords comme la vente des terres à des investisseurs étrangers, dans le cadre du projet du Code d'Investissement en cours. Il en est de même pour l'endettement extérieur ». Toutefois, la question de l'environnement, même si elle a été évoquée dans le communiqué final, on n'est pas sorti des généralités. D'autres points seront évoqués au sein de la Commission de suivi. A propos des Droits et libertés, Hamma Hammami demande qu'on aille plus loin que les généralités. Quant à l'article 136 faisant, entre autre de l'Islam la religion de l'Etat et réintroduisant la chariâa par la fenêtre, Hamma Hammami, considère qu'il « détruit tout le contenu de la Constitution ». Insatisfait, mais il compte sur la poursuite des discussions pour faire avancer les choses. De son côté Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste, précise au Temps, que ses attentes avant le congrès de dialogue « étaient très loin de ce qui a été convenu dans le communiqué final. J'ai accepté et participé au dialogue. La société politique et civile a accepté de franchir un pas ensemble. Le dialogue est encore ouvert. Pour l'article 136 de la Constitution, je pense que les prochaines journées peuvent apporter du nouveau et faire avancer les choses. Mustapha Ben Jaâfar et Moncef Marzouki veulent réformer cet article. Cela réconfortera tout le monde. Ce qui a été réalisé jeudi dernier est un pas positif, en attendant le reste ».