Tous les regards ont convergé vers l'artilleur Luis Suarez, auteur des deux buts uruguayens et bourreau des Coréens. Il s'appelle Luis Suarez, porte le numéro neuf et a crucifié à lui seul les espoirs de qualification coréens. L'Uruguay pourrait lui élever une statue après ses deux buts qui ont permis à la Celeste d'éliminer la République de Corée et de se qualifier pour les quarts de finale de la Coupe du monde. Un but avec du flair, un autre avec la classe ont permis à Suarez et à l'Uruguay de sortir vainqueurs du déluge de Nelson Mandela Bay Stadium de Port Elizabeth. Le destin avait peut-être choisi son camp dès le coup d'envoi, puisque le coup franc direct de Park Chu Young, qui laissait Fernando Muslera à deux mètres, finissait sur l'extérieur du poteau (5'). Une minute plus tard, Diego Forlan se procurait sa première occasion mais sa volée écrasée du gauche était sans danger pour Sung Ryng Jung (6'). Qu'à cela ne tienne, s'il ne brille pas dans la finition, l'attaquant de l'Atletico de Madrid le fait dans la vision du jeu. Son centre astucieux depuis la gauche passe entre la défense coréenne et son gardien, (pas innocent sur le coup), et Suarez à l'affût pousse le ballon dans le but vide (8'). Volontaires mais pas dangereux, les Sud-Coréens s'en remettent à leur capitaine Park Ji Sung, qui met le feu sur l'aile gauche, mais Egidio Arevalo joue les pompiers sur le centre du Mancunien (30'). Très en jambes, Park Chu Young est dans tous les bons coups. Il prend de vitesse Diego Godin et centre instantanément, mais Jorge Fucile intervient devant son gardien (38'). Le Monégasque a ensuite l'occasion de montrer son adresse sur coup franc, mais le Jabulani ne passe pas l'obstacle du mur (45'). Echec et mat... Au retour des vestiaires, on repart sur les mêmes bases, et avec le même acteur principal. Suarez mène le contre, mais oublie Edinson Cavani à sa droite. Mauvais choix puisque sa frappe est captée sans difficulté par le dernier rempart asiatique (49'). La réplique coréenne est immédiate, Lee Young Pyo centre de la gauche, mais Diego Lugano dégage en catastrophe (50'). Dans la minute suivante, le ballon arrive cette fois de la droite, Lugano manque sa relance, ce dont profite Park Chu Young, mais sa frappe passe au dessus. La volonté coréenne finit par payer. Sur un coup franc de la gauche mal renvoyé, Lee Chung Yong remporte son duel aérien avec Lugano et fait trembler les filets uruguayens pour la première fois du tournoi (68', 1:1). Comme souvent, il faut un héros pour décider du sort d'une partie aussi serrée, et vu que Suarez avait commencé le boulot, pourquoi ne pas le finir ? Sur un corner mal dégagé, il hérite du ballon dans le coin gauche de la surface, élimine un défenseur et enroule une merveille de frappe qui touche l'intérieur du poteau opposé avant de rentrer (80'). Le coup fait mal sur la tête des Guerriers Taeguk, mais ne les assomme pas totalement. Un tir à ras de terre de Lee Dong Gook aurait pu rallonger les débats (87'), mais un réflexe de Muslera et la pelouse gorgée d'eau évitent à la Celeste d'aller chercher en prolongation une qualification qui rend fous de bonheur les Charruas, leurs supporters qui ont bravé la pluie, et 3,5 millions d'Uruguayens à l'autre bout du monde. Echec et mat pour la Corée, banco pour la Celeste. Le détonateur... Il est une donnée méconnue sur l'artilleur charrúa qui mérite mention. En tenant compte des qualifications pour Afrique du Sud 2010 et de la phase finale, sur les sept rencontres où Suarez a marqué, l'Uruguay a récolté cinq victoires et deux matches nuls. En outre, le pensionnaire de l'Ajax a toujours inscrit le premier but de la Celeste lors de ces rencontres-là. Les chiffres ne mentent pas. Dès la 1ére journée, c'est lui qui a offert au public de Montevideo la victoire 1-0 sur la Bolivie. Lors de la 3e, il a ouvert le score contre le Chili dans une rencontre qui s'est conclue sur un score de 2-2. Muet pendant plusieurs mois, il a retrouvé le chemin des filets lors de la 14e journée, au Venezuela, pour remettre les deux équipes à égalité 1:1 (le résultat final serait de 2-2). Son quatrième but est arrivé deux journées plus tard, face à la Colombie, encore au Centenario, pour un succès charrúa sur le score de 3-1. Quant au dernier, sans doute le plus important, il l'a signé lors de la 17e journée, alors que l'Uruguay était mené 1:0 par l'Equateur à Quito, une rencontre que les visiteurs remporteraient finalement: «Nous savions que ce ne serait pas facile. Cette ouverture du score précoce nous a rassérénés, mais ensuite nous avons trop reculé pour préserver le score et la Corée du Sud nous a cernés. Nous avons souffert, mais après le 1-1, nous avons compris qu'il fallait repartir de l'avant comme en début de match» a affirmé Suarez en fin de match. Opportuniste sur le premier but, Suarez s'est surtout mis en évidence avec son deuxième but, une frappe enroulée du droit qui a fini sa course dans la lucarne gauche du gardien asiatique: «Nous étions encore seize ce matin et maintenant nous faisons partie des huit meilleurs. Désormais, nous visons le titre», conclut-il confiant. Tant que Suarez continue de marquer, rien n'est impossible…