Le passé plaide en faveur de la Celeste, c'est une évidence. Très grande nation du football entre 1930 et 1970, l'Uruguay, 16e au classement FIFA, est le premier champion du monde de l'histoire (1930), et se permet même de remporter une deuxième fois le trophée créé par Jules Rimet 20 ans plus tard (1950). Seulement, la fabuleuse équipe des Schiaffino, Miguez et cie fait désormais partie des lointains souvenirs uruguayens. Depuis 1970, la Celeste n'a jamais fini plus loin que les huitièmes de finale. Aujourd'hui, ce brillant passé pèse de tout son poids sur les épaules de la génération Forlan-Suarez. Motif d'espoir tout de même : cette Celeste n'est plus un OVNI. Avant le début de la compétition en Afrique du Sud, la Celeste n'avait gagné qu'un seul de ses seize derniers matches en Coupe du Monde. C'était d'ailleurs contre... la Corée du Sud en 1990. Ses deux victoires face à l'Afrique du Sud (3-0) et au Mexique (1-0) et son match nul face à la France (0-0) ont propulsé la formation de Oscar Tabarez en 8es de finale. A la fois solides derrière (aucun but encaissé) et inspirés devant, les Charruas n'ont cessé de monter en puissance dans ce 1er tour. «Bien défendre n'est pas un crime, c'est une vertu» précise le sélectionneur uruguayen. Face à la vivacité sud-coréenne, le bloc uruguayen part favori et après... «On sera dur à battre», prévient Tabarez. Les coups de pieds arrêtés, arme des Sud-coréens Beaucoup avaient pensé qu'on ne reverrait pas de sitôt la Corée du Sud au très haut niveau international après sa demi-finale de son Mondial en 2002. Et pourtant, dans un groupe B relevé (Grèce, Nigéria, Argentine), les Asiatiques ont su tirer leur épingle du jeu. «Nous avons écrit une nouvelle page de notre histoire», a affirmé Park Ji-Sung après le nul face au Nigéria (2-2), synonyme de qualification pour les 8es de finale. A l'aube d'affronter la Celeste, le capitaine sud-coréen se montre plutôt confiant : «Nous allons jouer contre une équipe aux caractéristiques similaires à celles de l'Argentine, mais un peu moins forte. Il nous faudra éviter de reproduire les erreurs que nous avons commises pendant le premier tour, sans quoi nous serons rapidement éliminés», ajoute-t-il. Représentant le plus régulier de la Zone Asie en Coupe du Monde, la Corée du Sud est également la sélection asiatique qui a connu les plus grands succès dans cette compétition. Les Guerriers Taeguk comptent sur leurs qualités de vitesse pour prendre à revers l'Uruguay. Mais une arme nouvelle donne aussi de l'espoir : les coups de pieds arrêtés. Sur les 5 buts inscrits au 1er tour, la Corée du Sud en a marqués 3 sur coups francs. «Nous avons beaucoup travaillé ce domaine» a révélé Huh Jung Moo, le sélectionneur. Le travail paiera-t-il encore une fois ? Formations probables Uruguay Muslera - Fucile, Godin, Lugano (cap.), Maxi Pereira - Arevalo, I.Gonzalez, Perez - Suarez, Forlan, Cavani Corée du Sud Sung-Ryong - Young-Pyo, Yong-Hyung, Jung-Soo, Du-Ri - Park Ji-Sung (cap.), Jung-Woo, Sung-Yong, Chung-Yong, Ki-Hoon - Chu-Young Park ------------------- Le coup franc, arme secrète coréenne En plus d'accéder pour la première fois aux huitièmes de finale d'une Coupe du Monde de la FIFA dont elle n'est pas l'organisatrice, la Corée du Sud a battu en Afrique du Sud un autre record national en marquant cinq buts dans sa poule, sa meilleure performance en huit apparitions dans la reine des compétitions. Sur ces cinq buts, deux ont été inscrits sur une erreur de l'adversaire et les trois autres, sur coup franc, performance remarquable dans une compétition qui n'a pas fait la part belle aux coups de pied arrêtés. Le sélectionneur Huh Jung-Moo dispose dans son effectif d'au moins trois spécialistes des ballons arrêtés. Durant la campagne de qualification de la zone Asie, le prometteur milieu de terrain Ki Sung-Yueng s'est distingué en inscrivant de puissants coups francs directs. L'ailier gauche Yeom Ki-Hun, quant à lui, tire tous les coups francs du côté droit depuis qu'il a réalisé des prouesses dans ce domaine lors de la Coupe d'Asie de l'est 2008. Pour sa part, l'attaquant Park Chu-Young possède un pied droit redoutable qui lui permet d'inscrire des coups francs en feuille morte depuis les abords de la surface. Les coups de pied arrêtés se sont révélés particulièrement profitables pour les Guerriers Taeguk, surtout face à des équipes très resserrées derrière. Lors du premier match, face à la Grèce, Ki a offert depuis le point de corner le premier but de son équipe en servant au deuxième poteau son coéquipier Lee Jung-Soo, qui n'avait plus qu'à pousser la balle dans le but. Ki et Lee ont ensuite reproduit quasiment la même combinaison pour marquer contre le Nigeria mardi : coup franc de Ki au second poteau pour l'égalisation de volée du défenseur des Kashima Antlers, son deuxième but personnel. De la tête au pied "En réalité, lors du dernier entraînement avant le match, la combinaison que nous avions répétée n'a pas fonctionné aussi bien que prévu. Alors Sung-Yueng et moi-même avons décidé de prendre un peu de temps pour travailler cette séquence tous les deux", déclare Lee à la FIFA au lendemain de la qualification. "Comme nous avions beaucoup travaillé les coups de tête sur coup franc, j'ai d'abord essayé de reprendre la balle de la tête lorsqu'elle est arrivée vers moi, mais il se trouve qu'elle est tombée sur mon pied et c'est comme ça que j'ai pu marquer un but aussi chanceux." La chance n'avait pas été du côté du buteur lors des deux premiers matches, durant lesquels les buts opportunistes de Park Ji-Sung et Lee Chung-Yong, respectivement contre la Grèce et l'Argentine, leur avaient permis de garder la tête hors de l'eau. Mais à l'occasion du choc avec les Super Eagles pour le dernier match de poule, il était temps que la Corée du Sud dévoile enfin une arme pas si secrète que ça. Park Chu-Young, qui avait marqué contre son camp un but malheureux lors de la déroute 1:4 face à l'Argentine la semaine dernière, a finalement gagné sa rédemption grâce à un superbe coup franc qui a donné l'avantage aux Coréens sur les Nigérians en deuxième mi-temps. Le tireur d'élite de Monaco a contourné le mur pour aller loger la balle dans le petit filet nigérian, et marque le but ô combien important qui a permis à la République de Corée de tenir le nul 2:2 qualificatif pour les huitièmes de finale. La précision plutôt que la puissance "Nous avons beaucoup travaillé ce domaine et c'était Chu-Young qui était chargé de tirer les coups francs dans cette zone", explique Huh après le match. "La plupart du temps, quand on frappe très fort dans le ballon, il s'envole loin au-dessus du but. Alors je lui ai dit de mettre plus de précision que de puissance dans sa frappe." Même si les hommes de Huh maîtrisent l'art de la feuille morte, leurs prochains adversaires ne sont autres que l'Uruguay, qui n'a toujours pas encaissé le moindre but dans la compétition. L'un des intérêts des huitièmes de finale sera de voir si les Guerriers Taeguk parviendront à nouveau à marquer sur coup de pied arrêté, cette fois-ci contre une des défenses les plus expérimentées de la compétition.