La Cnam se dit encore prête au dialogue et le syndicat attend Après un été très chaud avec les médecins conventionnés, la Cnam vit, ces temps-ci, un printemps pas du tout tiède et chaleureux avec les pharmaciens d'officine (voir notre article du 14-4-2014 intitulé «L'ultimatum»). Ceux-ci prenant le relais du mouvement revendicatif, menaçant, comme on le sait (à travers une motion formulée par leur A.G.), de ne pas renouveler leur convention avec la Cnam, expirant le 8 juin prochain, au cas où d'ici là, leurs revendications ne seraient pas satisfaites. Et, du coup, la formule du «Tiers payant» se trouve sur le fil du rasoir... Partout, à travers le pays, les pharmaciens abordés ont plein la bouche de ces fameuses revendications que voici : - Le respect des délais conventionnels de remboursement - La soumission de bulletins de soins dits litigieux, pour des raisons parfois subjectives, à la commission paritaire territorialement compétente où toutes les parties prenantes sont représentées (dont évidemment le syndicat des pharmacies d'officine). - Le renoncement aux procédures non conventionnelles et aux mesures individuelles, prenant généralement de court le pharmacien et lui causant des désagréments de divers genres. Pour y remédier, le syndicat propose l'établissement, dans le cadre d'un avenant, d'un manuel de procédures propre à mettre le pharmacien à l'abri des surprises. - Le mauvais accueil réservé au pharmacien à l'occasion de la remise à la Cnam des bulletins de remboursement. Surprise... pour surprise ! Cela dit, nous avons cherché à en savoir plus, à suivre l'évolution de ce dossier brûlant, inquiétant l'assuré tout autant que la Cnam. Celle-ci vient, à coups de communiqués fracassants, de crier sa surprise quant à la récente «offensive», menée par l'Assemblée générale des pharmaciens d'officine. Surprise qui n'a pas manqué aussi de susciter... la surprise du syndicat qui pilote le mouvement! Le courrier syndical «sans lendemain» Selon M. Rached Garaali, secrétaire général dudit syndicat, la Cnam n'a pas de quoi être surprise si l'on sait que : - Depuis novembre 2011, le syndicat a adressé à la Cnam un rapport, focalisant sur les problèmes compliquant au quotidien la vie à ses vis-à-vis et, en parallèle, préconisant les solutions jugées adéquates pour y remédier. - Une correspondance officielle lui a été soumise en date du 28 novembre 2012, réclamant la tenue de réunions communes pour l'examen des points soulevés par le rapport du mois de novembre 2011. - En janvier 2013, le syndicat a eu à relancer la Cnam par courrier officiel, cherchant à rétablir le contact et reprendre les négociations. Aux dires du même responsable syndical, aucune réponse n'a été signifiée à son bureau jusqu'à ce jour. Côté Cnam, nous avons été, nous aussi, surpris (agréablement, cette fois-ci) par le langage de la raison tenu par les responsables contactés, dont M. Younès Ben Nejma, directeur de la communication. Tout feu, tout flamme... Là, l'on s'est accordé à nous dire la volonté certaine de la Cnam de s'ouvrir au dialogue et sa détermination à résoudre les problèmes en suspens. Et à tout faire pour vaincre les difficultés d'ordre pratique entravant la formule du «Tiers payant» dont l'avenir risque d'être compromis par la levée de bouclier des pharmaciens d'officine. Maintenant que la Cnam se dit prête pour le dialogue et les négociations, où est donc le problème, se demande-t-on? «Si, réplique notre interlocuteur syndical, il y a toujours problème. Le hic, c'est que la Cnam a toujours crié ses bonnes intentions et son ouverture pour le dialogue, mais sans résultats concrets. Ces professions de foi ne sont généralement pas traduites par des faits, à même de débloquer la situation au mieux des intérêts de l'assuré social, d'abord, et du pharmacien conventionné, ensuite». La parade de l'homme de terrain Nous avons, par ailleurs, eu à approcher un homme de terrain, aux commandes d'un centre pilote de la Cnam, qui n'a pas manqué de faire la parade aux griefs syndicaux. Il nous a été ainsi précisé que la Cnam avait dépensé mille huit cents milliards de nos millimes en 2013 pour le financement du circuit de soins. 70% de ce chiffre ont été destinés aux prestataires de services privés, dont les pharmaciens, avec une part de 40%. «C'est dire, dit-il, combien le régime conventionnel est profitable pour les pharmaciens cnamistes». A propos des retards de remboursement, le même chef de centre consent que certains centres (à Sousse et Sfax par exemple) mettent beaucoup plus de temps que d'autres pour honorer leur engagement vis-à-vis des pharmaciens. Il impute cette situation à la pression extrêmement forte, à laquelle sont soumis ces bureaux. Ce qui, à notre sens, sincèrement dit, n'est pas l'affaire des pharmaciens. Et c'est à la Cnam de s'y mettre pour y remédier par des renforts de personnel, et, le cas échéant, par une meilleure répartition des effectifs d'exploitation et d'accueil. Autre motif invoqué par notre interlocuteur : le bordereau transmis périodiquement par le pharmacien à la Cnam comprend des centaines de bulletins différemment datés. Si l'on prenait en considération la date du premier bulletin reçu, la Cnam serait considérée excessivement en retard. Et si, par contre, l'on tenait compte, dans le calcul de la période mise pour le remboursement, la date du dernier bulletin récapitulé par le bordereau d'envoi, on constaterait que la Cnam est bien dans les normes. «Donc, nous explique-t-on, la chronologie est un paramètre déterminant dans l'appréciation du retard». Cela dit, de l'avis de beaucoup, on continuera à perdre beaucoup de temps précieux dans les discours marginaux et l'échange d'accusations entre les uns et les autres, tant qu'on n'aura pas pris le taureau par les cornes en instituant sans plus tarder la carte magnétique (dite aussi carte à puce) qui remettrait de l'ordre dans la gestion du régime d'assurance-maladie et servirait d'observatoire pour la Cnam et les divers prestataires de services. Cela sans compter que cette carte quasi-magique constituerait un garde-fou incontournable de tous genres et à divers niveaux et un outil de haute portée contre la fraude qui dérange la Cnam et ronge nos deniers.