Suite à une formation, cinq courts-métrages ont été réalisés, évoquant la Tunisie dans le regard de jeunes documentaristes. L'association tunisienne des médias alternatifs, Alternative Média, a organisé une projection, mercredi dernier, dans un hôtel de la place, pour des courts-métrages documentaires produits dans le cadre de son projet Zoom into my country (Zoom sur mon pays). Les cinq films projetés ont été réalisés par une dizaine de jeunes tunisiens. «L'objectif du projet est d'inciter les jeunes à filmer leur pays pour en donner une bonne image et lancer ainsi une nouvelle génération de documentaristes», a expliqué Slim Ayedi, président de l'association Alternative Média. Cette association a vu le jour en avril 2013. Elle se donne comme objectifs de «promouvoir le journalisme citoyen, de défendre la liberté d'expression par les nouvelles technologies de l'information, la formation des journalistes et des communicateurs, la promotion de la culture numérique et la promotion de l'image de la Tunisie à l'échelle internationale». Tout un programme, donc, et l'association a déjà à son actif plusieurs formations. Ces dernières ont facilité la sélection des jeunes participants au projet Zoom into my country, selon la technique du profiling. «Nous avons choisi parmi 120 jeunes qui ont déjà participé à nos formations et à celles d'autres institutions, de manière à varier les profils et à constituer une équipe motivée», ajoute Slim Ayedi. Ils sont blogueurs, web designers, monteurs, journalistes radio ou encore photographes. Emus, les 11 jeunes ont présenté leurs films avant la projection et découvert ceux de leurs amis. Hamdi Jouini et Zouhair Ahmadi ont choisi, dans leur documentaire Underga3, de parler de la scène underground tunisienne dont témoignent des musiciens et des graffeurs. Intitulé Le rêve ambulant, le second court-métrage peint le portrait d'une mère au foyer qui a décidé de lancer le premier restaurant ambulant à Tunis. Quant au troisième film, il s'agit aussi d'un portrait, celui du percussionniste Mehdi Kaabi, réalisé par Mohamed Bassoumi, Ali Jabeur et Ahmed Anis et intitulé Sans parole... La projection de Bissou, de Chaker Hajbi et Yasser Nsibi, qui parle des rêves brisés d'un jeune de Sidi Bouzid travaillant à Tunis, a précédé le dernier film de la série Zoom into my country, intitulé Beït el Bennani, réalisé par Hela Chebbi et Elyes Gaïdi, et qui filme une bibliothèque et espace culturel qui porte le même nom, situé à Bab Mnara. Les films, d'une durée moyenne de 10 min, ont été une bonne surprise pour les présents. Au-delà des sujets qu'ils traitent, par ailleurs très intéressants, ils témoignent d'un effort sur la forme avec une bonne qualité d'image et de son et un rythme fluide. La formation n'a pourtant duré que quelques jours. «Trois jours de formation théorique, à la suite desquels les jeunes se sont organisés en équipes pour choisir leurs sujets et faire leurs repérages, avant de passer à un tournage de deux jours», nous raconte le réalisateur et producteur Alaeddine Slim, qui les a formés. Ce dernier regrette que les films ne soient pas passés dans une salle de cinéma, avec de meilleures conditions de projection. Ce détail est un choix du bailleur de fonds, Usaid (L'Agence des Etats-Unis pour le développement international), indique Slim Ayedi, qui rassure sur le fait que l'agence en question n'a eu aucune intervention sur le contenu des films ou le déroulement de la formation. De leur côté, les jeunes affirment avoir eu une totale liberté dans le choix de leurs sujets et même avoir appris des difficultés qu'ils ont rencontrées. «Cette formation m'a mis l'eau à la bouche et je voudrais continuer à faire des films», nous déclare Ahmed Anis. Il pense que les bailleurs de fonds devraient investir moins dans le luxe des conditions d'hébergement et de restauration pendant la formation et, à la place, proposer par exemple du matériel aux associations des régions. A la fin de la rencontre, les 11 jeunes ont reçu chacun un diplôme et un kit de matériel de tournage.