La motivation reste intacte après la victoire à Séoul: l'état de grâce va-t-il perdurer ? Dix jours après la Corée du Sud, l'équipe de Tunisie disputera, samedi 7 juin (19h45) au stade Roi Baudouin de Bruxelles, un match amical contre la Belgique. Celle-ci est qualifiée pour la Coupe du monde où elle évoluera dans le groupe H et aura comme adversaires l'Algérie le 17 juin, la Russie le 22 et la Corée du Sud le 26. Pour les «Diables Rouges» belges, l'intérêt d'un test contre la Tunisie, quelques jours avant la Coupe du monde au Brésil, réside dans la ressemblance de styles de jeu avec l'Algérie. Le fameux style maghrébin qu'ils doivent sans doute redouter parce qu'ils ont rarement l'occasion de s'y frotter. D'ailleurs, les fans belges espèrent voir leurs favoris prendre congé d'eux par un joli succès qui viendrait confirmer celui, convaincant, obtenu lundi dernier à Genk face au Luxembourg (5-1). La fédération locale (URBSFA) a annoncé, depuis la semaine dernière, que ce match amical se jouera à guichets fermés. L'engouement pour les copains d'Eden Hazard, le joyau du club anglais de Chelsea, est tel qu'une simple séance d'entraînement précédant le test luxembourgeois a été suivie par plus de 10 mille supporters. Ce vent d'enthousiasme s'explique par le fait que la Belgique n'a pas eu depuis longtemps une sélection aussi talentueuse et performante. Le sélectionneur Marc Wilmots peut compter sur Hazard, donc, mais aussi sur Thibaut Courtois, le jeune portier du champion d'Espagne, l'Atletico Madrid, sur Vincent Kompany, la digue défensive du champion d'Angleterre, Manchester City, sur Marouan Fellaini, le demi de Man United, et sur les attaquants Kevin Mirallas et Romelu Lukaku (Everton) et le jeune prodige de MU, Adnan Januzaj. Que du beau monde qui ne sera sans doute pas à cent pour cent face au team tunisien, puisqu'il a dû s'astreindre à une forte charge de travail physique, le pic de forme étant naturellement programmé en plein Mondial et non dans la perspective de cette simple sortie de préparation. Chasser toute influence occulte Quand bien même elle n'aurait aucune échéance immédiate cet été, l'équipe de Tunisie tire grand bénéfice de ce genre de tests face au gratin mondial. Pourtant, les trois coups des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations 2015, c'est demain. Elle débutera le 5 septembre face à un des trois pays suivants: Burundi, Botswana ou Guinée Bissau. Et elle enchaînera dans la foulée, le 10 septembre, face à l'Egypte avant d'aller le 11 octobre au Sénégal. Si le baptême du feu du nouvel entraîneur national George Leekens est encourageant avec une belle victoire, mercredi dernier à Séoul face à la Corée du Sud, un autre Mondialiste, il faut se garder de tirer des plans sur la comète. Car le chemin est bien long et tortueux, celui d'une rupture avec les démons du passé. Ceux qui ont fait que la Tunisie rate le train de deux Coupes du monde consécutives, toujours au dernier tour éliminatoire, soit pour des carences de gestion technique, soit parce que la sélection représentative a souffert du jeu d'équilibres et des influences occultes. Nous ne le répéterons d'ailleurs jamais assez: ne réussissent généralement que des sélectionneurs à forte carrure qui ne se laissent pas influencer dans leurs choix, imperméables aux courants d'air et sourds au diktat des clubs et aux ingérences des membres fédéraux. Henry Kasperczak et Roger Lemerre ont illustré, chacun à sa façon et à des phases différentes de la vie du team national, cette indispensable indépendance de décision et de choix. La chance donnée à Séoul à deux pros d'Europe dont on n'entendait jusque-là que rarement parler et guère «sponsorisés» ou médiatisés, Slim Ben Jemiaâ et Bilel Mohsni, donne un peu le ton de cette volonté d'avoir les coudées franches. En tout cas, le rappel de Fakhreddine Ben Youssef qui ne pourra pas prêter main-forte au club sfaxien le 8 juin face à l'Espérance de Tunis en Ligue des champions en raison d'une suspension apporte une solution offensive supplémentaire au staff national. Les forfaits de Allagui, Khelifa et Khazri ont en effet sensiblement limité la marge de manœuvre en attaque. De plus, on connaît l'état de forme splendide de Ben Youssef actuellement. Gageons que les «Rouges» vont faire bonne figure à Bruxelles. Ces sorties contre les grandes sélections ont le don de les inspirer et de les transformer.