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La question culturelle
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 06 - 2014


Par Mohamed KOUKA
Le soulèvement du 14 janvier 2011 ne semble toujours pas profiter à l'action culturelle qui demeure un secteur sinistré. Aucune proposition d'une vision claire, aucun souffle, pas d'ancrage face aux différents périls qui hantent la société dont celui du terrorisme qui menace nos jeunes et la paix sociale. Aucune capacité d'inventer une autre façon de prendre en charge la complexité du vécu.
Le domaine culturel ne doit pas être considéré comme un lieu privilégié, apanage de quelques initiés au sein d'une société où il est par ailleurs assez clair qu'aucun choix ne saurait être politiquement innocent. La compétence politique doit-elle être réservée à une certaine catégorie de spécialistes, et la compétence culturelle à une autre catégorie ? La culture n'est pas une thématique parmi d'autres. Elle donne le sens global de l'action publique, elle mobilise tous ceux qui occupent une place éminente dans le tissus éducatif, social, économique et médiatique.
Par ailleurs, quand on nous dit que le ministère de la Culture compte mettre à l'encan des sites archéologiques et même le musée du Bardo, libéralisme oblige, on reste interdit. Lorsque l'Etat se met à penser et à agir dans la logique de la rentabilité et du profit en matière d'écoles, de musées, de radios, de télévisions ou d'hôpitaux et de laboratoires, ce sont les plus hautes conquêtes de la nation qui sont menacées. D'un autre côté, on peut se poser la question : que représentent les festivals d'été aux yeux du ministère de la Culture ? Tourisme ? Passe-temps d'un soir ? Nuits d'été dans des enceintes agréables ? Est-ce que les festivals n'ont d'autres ambitions, désormais, que de servir de défouloir, doux dépaysement d'un soir... Les principaux festivals d'été sont dirigés par d'éminents musiciens... Il faut rappeler que ces festivals sont financés par les deniers publics. Imaginez le festival d'Avignon mettre à l'affiche de son programme officiel les stars de la chanson du moment... avec l'argent public... alors que le secteur théâtral peine à survivre ! Rappelons qu'au départ des festivals, à l'aube de l'indépendance, sous la houlette de Chedly Klibi, ministre, inspiré, de la culture de l'époque, la cérémonie dramatique constituait l'essentiel de la programmation. L'art du théâtre a été chassé des festivals par le Comité culturel national de l'ancien régime qui préférait les cabaretiers de l'Orient qu'il faisait venir à prix d'or pour plaire aux consommateurs, au détriment de la création nationale et des artistes tunisiens. L'exigence de facilité et de rentabilité au lieu de l'exigence d'intelligence et de complexité. Les mêmes choix continuent d'inspirer la politique qui régit les festivals actuels, comme si de rien n'était. Après le soulèvement du peuple tunisien, nous avons osé espérer un changement radical, dans les mœurs et les pratiques, qui ne limiteraient pas l'ambition de la programmation à la pure consommation et au divertissement facile mais coûteux. Au ministère de la Culture, on ne semble toujours pas avoir pris la mesure du bouleversement provoqué par le soulèvement du 14 janvier 2011. Apparemment, il est difficile de se défaire de ses ornières. C'est la damnation des Atrides qui poursuit ce secteur sinistré de la vie culturelle de la nation depuis des années et qui le fait dépérir par manque d'élan, manque d'audace, manque de souffle, absence de vision, faute de passion et de témérité, faute surtout de meneurs inspirés, courageux et compétents. A telle enseigne que le budget du ministère des Affaires religieuses a été revu à la hausse sous la Troïka, au détriment de celui du ministère de la Culture revu à la baisse. Le dogme au détriment des lumières de l'esprit.
L'action culturelle en tant que pédagogie de l'enthousiasme est surtout une pédagogie du civisme. Le savoir est la condition nécessaire de la culture, il n'en est pas la condition suffisante... C'est surtout à la qualité de l'esprit que l'on songe quand on prononce le mot culture, à la qualité du jugement et du sentiment. Il s'agit d'introduire un sens dans le réel et la vie, à faire échapper la cité au nihilisme superstitieux, ravageur, à l'extrémisme aveugle et destructeur.
Développer une politique des médias et de l'information qui s'appuie sur le diptyque liberté-démocratie est une affaire culturelle. Permettre aux citoyens de se former à une lecture critique des médias. A une époque où regarder la télévision est entré dans les habitudes comme une seconde nature, il faut affirmer la dimension créatrice des programmes de la télévision nationale. En ce moment, ladite télévision traverse une grave crise, plutôt chronique, qui dure depuis un moment déjà...Pour y remédier, la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle n'a pas trouvé mieux que de nommer au poste de PDG un financier à la tête de l'institution médiatique afin de lui éviter, paraît-il, une « catastrophe financière », argue-t-on. Une fois assainies les écuries, et après ? Que proposera Augias à l'attente des téléspectateurs? D'après le mythe, Augias fut tué par Hercule pour n'avoir pas été à la hauteur de ses promesses. Attention, il ne s'agit, ici, que d'un mythe. Mais la télévision nationale aurait besoin de quelqu'un qui s'implique dans la programmation avec de propositions concrètes pour renouveler le regard sur les choses et sur le monde en nous incitant à être dérangé, nous poussant à l'interrogation, à l'étonnement.
On peut toujours rêver...
Il faut observer que le soulèvement du 14 janvier 2011 a libéré la parole, ce qui a permis d'ouvrir grandes les portes des studios télévisuels, toutes chaînes confondues, à tous, y compris évidemment à ceux qui font commerce du verbe avec plus ou moins de bonheur, les ‘sophistes' du pauvre. On a vu alors défiler des énergumènes d'une rare audace stupide, dont le niveau intellectuel général laisse à désirer. Le téléspectateur assiste, alors, malgré lui à une série sans fin de foires d'empoigne entre apprentis- politiciens incultes, députés médiocres, et animateurs pas mieux outillés dont le souci majeur est de mettre en difficulté leurs vis-à-vis; animateurs peu informés, mais suffisants, aussi ergoteurs qu'argumentateurs. Donc, pour revenir à notre télévision nationale, que faire pour sauvegarder la dimension créatrice des programmes ? Pour susciter une offre diversifiée d'œuvres de qualité tout en protégeant l'indépendance des auteurs et autres producteurs ?
Il s'agit de favoriser l'accès de chacun à une plus effective citoyenneté. C'est la mission des médias et le souci majeur d'une culture conçue en termes de rapports humains et de vie quotidienne au sein de nos cités...
La question culturelle, tel le sphinx, attend encore réponse.


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