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Matthäus: «Le Brésil, grand favori!»
Coupe du monde 2010
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 07 - 2010

A l'évocation du duel qui opposera l'Allemagne à l'Argentine, demain en quart de finale de la Coupe du monde, quelques-uns des grands moments de l'histoire de la compétition remontent inévitablement à la surface. En 1986, les Argentins se sont imposés face aux Allemands en finale du tournoi au Mexique. Quatre ans plus tard, le capitaine Lothar Matthäus et ses coéquipiers ont pris leur revanche sur la sélection albiceleste en triomphant lors de la finale en Italie. En 2006, la Mannschaft s'est mesurée une nouvelle fois à l'Argentine en quart de finale du tournoi, où le pays hôte a battu les Sud-américains aux tirs au but. L'Afrique du Sud sera donc ce week-end le cadre d'une nouvelle confrontation entre les deux pays. Dans l'optique de cette rencontre au sommet, qui sera disputée au Cap, Lothar Matthäus évoque le match à venir, l'étoile montante Thomas Müller, le duel d'entraîneurs entre Diego Maradona et Joachim Löw et ses favoris dans la course au titre mondial.
Lothar Matthäus, vous êtes en Afrique du Sud depuis le début de la Coupe du monde. A vos yeux, quelle a été la plus grande surprise du tournoi jusqu'ici ?
Il est plutôt inattendu que l'Uruguay et le Ghana s'affrontent en quart de finale. Le Paraguay non plus ne faisait pas partie des équipes attendues au tournant. En tout, quatre sélections sud-américaines ont atteint le deuxième tour et c'est une surprise. Une bonne surprise, car ces équipes ont su convaincre par la qualité de leur jeu, leurs talents individuels, leur combativité et leur travail tactique. Peut-être le climat de l'Afrique du Sud y est-il pour quelque chose, puisqu'il est semblable à celui d'Amérique du Sud. Beaucoup de ces joueurs évoluent dans les grands championnats européens et cela s'avère bénéfique pour les équipes nationales. Mais n'oublions pas l'Allemagne, qui n'a obtenu jusqu'à présent que de bons résultats avec un groupe très jeune et a livré de très belles prestations.
Y a-t-il des joueurs en particulier qui vous ont fait forte impression ?
Il y a des joueurs dont on s'attendait à ce qu'ils figurent en haut de la liste des meilleurs buteurs: Gonzalo Higuain ou David Villa par exemple. Mais l'Allemand Thomas Müller, lui, est une révélation. Il n'a qu'un an de carrière professionnelle derrière lui. Ses trois buts, mais aussi son engagement pour l'équipe et son travail sur le terrain sont impressionnants. D'autres jeunes joueurs allemands ont aussi un bel avenir devant eux.
Vous venez d'évoquer Thomas Müller, mais que pensez-vous des performances de l'équipe d'Allemagne dans son ensemble ?
Cette équipe pratique un football attrayant. Nous nous attendions depuis le début du tournoi à ce qu'elle atteigne les quarts de finale. Mais je ne parierais pas qu'elle deviendra championne du monde, car c'est une équipe très jeune avec des joueurs qui n'avaient encore jamais disputé de grand tournoi. Mais dans cette Coupe du monde, tout est possible. La sélection allemande ne doit pas se mettre la pression. Elle doit continuer à jouer avec insouciance, elle n'a rien à perdre puisqu'elle s'est déjà montrée à la hauteur des attentes.  Tout ce qui va arriver maintenant, c'est du bonus. Cette équipe a de l'avenir et doit profiter de l'expérience de ce tournoi.
Comment expliquez-vous les brillantes prestations de la Mannschaft, alors qu'elle a subi un coup dur peu avant le début de la compétition avec la défection de son capitaine Michael Ballack ?
Je suis désolé pour Michael Ballack, mais son absence s'avère bénéfique pour l'équipe d'Allemagne. Je ne dis pas ça méchamment, mais Ballack a bridé de nombreux joueurs qui ne pouvaient pas s'épanouir en sa présence comme ils le font maintenant. A présent, ils prennent tous un peu plus de responsabilités. Le jeu des Allemands est devenu plus rapide. C'était souvent Ballack qui imposait le tempo et cela ne correspond pas à la mentalité de cette jeune équipe. Aussi regrettable que ce soit pour Michael, son absence aura finalement été favorable pour la Mannschaft.
Samedi, au Cap, l'Allemagne se mesurera à l'Argentine en quart de finale de la compétition. Qu'attendez-vous de cette rencontre ?
Allemagne - Argentine, c'est un classique. Les Argentins et les Allemands ne seront pas les seuls à vibrer, la presse mondiale aura les yeux rivés sur ce match. Ce sera l'un des grands moments de cette Coupe du monde. Deux géants du football mondial vont s'affronter. L'Argentine a peut-être de plus grandes individualités, mais jusqu'ici, l'Allemagne a formé un groupe plus fort. Je suis impatient de savoir qui va s'imposer, si c'est le collectif ou la classe individuelle qui va gagner.
Qu'est-ce qui pourrait faire pencher la balance en faveur de l'Allemagne ?
Les gros atouts de la Mannschaft sont sa cohésion et sa force sur le plan offensif, qu'elle a déjà montrées au cours de ce tournoi. Ce pourrait être la clé du succès. D'un autre côté, il ne faut pas oublier les qualités de l'équipe d'Argentine.
Ce match sera aussi l'occasion d'un duel d'entraîneurs entre Joachim Löw et Diego Maradona. Que pensez-vous des deux sélectionneurs ?
Joachim Löw est celui qui a le plus d'expérience. Il a derrière lui un parcours couronné de succès comme entraîneur. Il a façonné l'équipe d'Allemagne, il a fait confiance aux jeunes joueurs et il a fait adopter par le groupe le style de jeu qu'il privilégie. Pour Maradona, je ne vois pas les choses ainsi. Il est entraîneur depuis peu et a autour de lui de nombreux joueurs et techniciens expérimentés qui lui donnent sans doute des conseils. Löw prend ses décisions seul. J'ai l'impression que ce n'est pas le cas de Maradona, qu'il discute beaucoup avec les membres de l'encadrement.
Pour finir, qui brandira le trophée à Johannesburg le 11 juillet, selon vous?
Ce serait bien que ce soit une équipe parmi l'Allemagne, l'Argentine et l'Espagne qui gagne, car cette équipe aura alors parcouru un chemin difficile, surtout si elle affronte en finale un adversaire tel que le Brésil ou les Pays-Bas. Mais c'est bien sûr le Brésil le grand favori.


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