C'est avec la mine des mauvais jours que se sont réveillés, hier, les Allemands. Il faut dire qu'en Allemagne, la déception est à la hauteur des ambitions suscitées par la Mannschaft jusque-là en Afrique du Sud. "Le conte de fée est terminé", résume le site internet du Die Zeit, tandis que le quotidien le plus lu, Bild, se désole : "Toute l'Allemagne est maintenant triste". L'Allemagne croyait dur comme fer à une quatrième étoile mondiale. Il s'était enflammé à juste titre au gré des exploits de la bande de Joachim Löw, impressionnante de facilité pour s'extirper des griffes en huitièmes de finale de cette Coupe du Monde de l'Angleterre (4-1), puis de l'Argentine (4-0) au tour suivant. Oui, mais voilà, l'Espagne, championne d'Europe en titre et qui n'avait jamais fait mieux auparavant que quart de finaliste du rendez-vous planétaire, a renvoyé à leurs chères études Özil et consorts (1-0). Lôw reconnait la supériorité espagnole Comme lors de la finale de l'Euro 2008 (1-0), la Furia Roja a sorti son meilleur football pour s'imposer. La Mannschaft n'a rien pu faire face au rouleau compresseur ibérique, mais comme lors de la dernière marche de la compétition austro-suisse, elle s'est donné le bâton pour se faire battre. L'équipe de Miroslav Klose a respecté, trop respecté l'Espagne, se contentant une grande majeure partie de la rencontre de défendre. Moins explosifs que lors des précédents matches, les Allemands n'ont pas eu les cannes pour aller de l'avant et jouer véritablement les coups à fond. Hormis quelques banderilles de Kolse et Kroos, ils n'ont jamais vraiment inquiété un Iker Casillas, retrouvé et rassurant dans le domaine aérien. L'Allemagne n'avait tout simplement pas les armes pour contrer cet adversaire là. Joachim Löw ne cherchait d'ailleurs pas la moindre excuse à l'issue de la rencontre, regrettant simplement que ces ouailles n'aient pas pratiqué le jeu si léché des deux dernières rencontres : "Face à leur technique et à leur circulation de balle très rapide, nous n'avons pas réussi à développer notre football. Nous étions inhibés. Dès que l'on gagnait le ballon, alors que déjà c'était très compliqué, on le perdait aussitôt. Nous n'étions pas du tout au maximum de notre confiance. Pour tenter de les contrer, nous avons dû jouer long pour sauter le milieu de terrain car nous ne gagnions pas les duels dans ce secteur. On perdait à chaque fois le ballon. L'Espagne joue vite et il était donc difficile pour nous d'égaliser après le but de Puyol". Les fondations sont solides. Reste à bâtir. Pour franchir un nouveau palier, l'Allemagne doit s'installer dans la durée et laisser du temps au temps. Les fondations sont solides. Reste à bâtir. Rome ne s'est pas fait en un jour. La Mannschaft était après tout la plus jeune du tournoi avec 24 ans de moyenne d'âge. Mesut Özil (21 ans) et Sami Khedira (23 ans), pris dans la nasse et hors du coup contre l'Espagne, disputaient leur première véritable compétition internationale. Tout comme Thomas Müller, le grand absent de cette demi-finale et qui a tant manqué aux siens. Piotr Trochowski n'a pas répondu aux attentes de Joachim Löw, qui a peut être commis sa seule erreur en le titularisant aux dépens de Toni Kroos, à son avantage lors de son entrée en jeu. La présence de l'attaquant du Bayern Münich n'aurait peut être pas changé, tant son équipe n'a jamais semblé tenir les rênes de cette quatrième confrontation entre les deux nations en Coupe du Monde, synonyme de première victoire pour les représentants espagnols (2 victoires allemandes, 1 nul). "En 2008, l'Espagne a gagné l'Euro de manière convaincante. Dans les années qui ont suivi, ils n'ont quasiment rien changé. Face à nous, ça s'est vu, ils jouent de manière automatique. Je pense qu'ils vont gagner le tournoi. Ils peuvent battre n'importe qui", admet Löw, qui ne sait pas encore s'il poursuivra sa mission. Il sait en tout cas sur qui s'inspirer...