Clopin-clopant à l'issue du premier tour, le football européen gambade à nouveau à l'approche des demi-finales. L'Allemagne, en réduisant l'Argentine à néant 4-0, et l'Espagne, en écartant le Paraguay 1-0, ont rejoint les Pays-Bas, vainqueur-surprise du Brésil, dans un dernier carré où seul l'Uruguay vient représenter le reste du monde. Mais au-delà de cette nouvelle jeunesse du Vieux continent, c'est la performance de l'Allemagne qui restera dans les mémoires. La démolition en règle de l'Argentine par les joueurs de Joachim Löw met les Allemands sur orbite et le sélectionneur de la Mannschaft voit désormais le titre mondial à la portée de sa jeune équipe. Les Allemands ont réussi la même démonstration que contre l'Angleterre (4-1) en huitième de finale, prenant l'adversaire à la gorge avant de l'achever par des contres percutants. Même si un carton jaune reçu pendant la rencontre le privera de demi-finale, Thomas Müller aura eu la joie d'inscrire son quatrième but du Mondial dès la 3e minute. Miroslav Klose, a lui, réussi un doublé qui ne le place plus, avec 14 buts, qu'à une réalisation du record de buts en Coupe du monde du Brésilien Ronaldo. Comme un passage de témoin entre le jeune et l'ancien pour une sélection qui ne cesse de repousser ses propres limites. La vigueur des coups allemands, si elle a mis en joie la chancelière Angela Merkel survoltée dans les tribunes du Green Point Stadium du Cap, a laissé Diego Maradona K.O. debout après cette plus large défaite de l'Albiceleste en Coupe du monde depuis un 6-1 encaissé face à la Tchécoslovaquie en 1958. "C'est comme un coup de poing de Mohammed Ali", a avoué le sélectionneur argentin qui rêvait d'accrocher un titre mondial en tant qu'entraîneur après son sacre comme joueur en 1986. Maradona a reconnu la supériorité de l'adversaire mais tenu à rendre hommage à ses joueurs, à commencer par Lionel Messi, et refusé d'évoquer encore son avenir à la tête de la sélection. Indispensable Villa «Messi a fait une grande Coupe du monde» , a assuré Maradona à propos du Ballon d'Or 2009 en pleurs dans les vestiaires, qui aura brillé par intermittence sans réussir à imposer son autorité sur ce Mondial ni à inscrire le moindre but. Si l'Allemagne peut mettre K.O. Maradona, l'Espagne possède aussi une arme redoutable en la personne de David Villa, désormais en tête du classement des buteurs avec cinq buts. L'attaquant de Valence a débloqué le verrou paraguayen à la 83e minute d'une rencontre d'abord figée puis soudainement prise de folie à l'heure de jeu : un penalty raté par le Paraguay, un autre deux minutes plus tard pour l'Espagne que Xabi Alonso croit avoir transformé mais qu'il doit retirer, certains de ses camarades ayant pénétré dans la surface, et que Justo Villar repousse pour l'Albirroja. L'Espagne a profité de l'emballement consécutif à ce double coup de théatre pour appuyer sur l'accélérateur et s'offrir par Villa sa première place en demi-finale d'une Coupe du monde . Les Espagnols avaient fini quatrièmes du Mondial 1950 qui ne comportait pas de demi-finales, mais une poule finale. Un match. pour Suarez Les champions d'Europe en titre espérent suivre les traces de l'Allemagne de l'Ouest, la seule nation à avoir réussi le doublé Euro-Coupe du monde (1972-1974) dans ce sens, la France ayant réalisé l'exploit inverse en 1998-2000. Les défaites successives du Brésil et de l'Argentine ont conduit les bookmakers à faire désormais des trois équipes européennes encore en lice les favorites du tournoi. Reste l'Uruguay, dernier représentant d'une Amérique du Sud pourtant arrivée en force au stade des huitièmes de finale, avec cinq qualifiés sur cinq pendant que de grosses cylindrées comme la France ou l'Italie, les finalistes de 2006, s'effondraient dès le premier tour. La Celeste ne doit sa présence qu'au geste controversé de son attaquant Luis Suarez qui a délibérément arrêté de la main une tête du Ghanéen Dominic Adiyiah qui prenait les chemins des filets et aurait dû faire des Black Stars la première équipe africaine en demi-finale d'une Coupe du monde. La suite fait désormais partie de la légende de la Coupe du monde : Asamoah Gyan a manqué le penalty de la victoire en tirant sur la barre transversale et l'Uruguay s'est imposé aux tirs au but. L'équipe des Black Stars a été reçue par l'ancien président sud-africain Nelson Mandela qui a tenu à féliciter des joueurs qui "peuvent rentrer chez eux la tête haute". Une dignité que la commission de discipline de la Fifa a un peu mise de côté samedi, puisqu'elle a décidé de n'infliger qu'un seul match de suspension à Luis Suarez, qui pourra donc jouer la finale si la Celeste parvient à réaliser l'exploit contre les Pays-Bas. Une clémence tout à fait étonnante pour une main délibérée, et un geste d'antijeu flagrant.