Nouveau roman de la Palestinienne Kefah Awwâd, Des ombres et des hommes, raconte une fierté perdue et une blessure qui se renouvelle. Parmi les nouvelles parutions des éditions Arabesques, figure le roman Des ombres et des hommes, de la Palestinienne Kefah Awwâd. Après son recueil de nouvelles Mémoire d'une âme, paru en 2013, l'auteure livre ici sa deuxième œuvre. Ce roman de 150 pages, Kefah Awwâd le dédie «A une ombre qui est partie»... Il s'agit dans ce livre des ombres des êtres, plus que des ombres des corps qui les portent. L'auteure est convaincue qu'il y a des hommes qui font de l'ombre aux autres, et des hommes qui passent dans la vie comme des ombres. Les premières lignes annoncent des personnages décrits comme des villes. Beyrouth est la prostituée qui ouvre ses bras, le temps d'un soir, à un réfugié palestinien blessé dans sa fierté. Ce dernier ne cherche en fait qu'à raconter et témoigner d'une «nakbah» qui s'est abbatue sur son peuple et sur sa terre, la Palestine. Kefah Awwâd est sûrement consciente qu'elle narre une tragédie mille fois racontée. Tout y passe : le mode de vie des Palestiniens avant la colonisation israélienne, le conservatisme de cette société, son insouciance et son repli sur soi, avant d'être trahie dans un état de choc général. Elle semble dire à travers Des ombres et des hommes que ce n'est jamais assez. Les histoires à raconter sont au nombre des gens, de leurs souvenirs et de leurs douleurs... Le dialogue entre les personnages finit par les rapprocher. Une jeune prostituée libanaise partage la nuit de Hassan, réfugié de Akka. Elle croit qu'il n'a rien d'autre à lui offrir que son argent, mais découvre peu à peu un grand homme et une grande histoire qu'il porte dans son âme. A son tour, elle s'ouvre à lui et lui livre ses secrets. Tout comme ces personnages, surpris de réaliser que leurs histoires sont ce qu'ils possèdent de plus précieux, Kefah Awwâd surprend le lecteur par un récit qui se laisse lire en toute fluidité. Elle se fraye son propre chemin dans le registre de la mémoire palestinienne, telle que peinte dans l'imaginaire collectif et littéraire. Avec Des ombres et des hommes, l'auteure se livre à un exercice peu évident, celui de raconter une histoire déjà connue. Quand tout est perdu, restent les histoires pour témoigner. Et les histoires doivent rester vivantes.