Le cinquantenaire du FIFAK a été l'occasion de soulever des questions existentielles pour l'avenir de la FTCA. La 29e édition du Festival international du film amateur de Kélibia (FIFAK) s'est tenue du 17 au 23 août. 2014 est une année importante : le festival a vu le jour il y a de cela une cinquantaine d'année. Cette édition a été marquée par de nouvelles rubriques, un retour aux sources, mais aussi par des difficultés d'organisation. En son cinquantenaire, le festival n'a malheureusement pas échappé à quelques erreurs de jeunesse. De quoi faire le point sur cette édition charnière. Souriante et dynamique, Meriem Sardi est, du haut de ses 25 ans, la première présidente femme de la FTCA, organisatrice du FIFAK. Elle a été, par conséquent, la directrice du festival. Pour elle et son équipe, le challenge était de taille : organiser un cinquantenaire dans la continuité des éditions précédentes, tout en instaurant de nouvelles traditions. A Kélibia, où le festival a lieu chaque année, la semaine du 17 au 23 août a été intense. Le cinquantenaire a indéniablement marqué des points. L'un des plus importants, estime Meriem Sardi, est le gain en qualité pour les films en général, et pour ceux de la FTCA en particulier. « Cette année, nous avons reçu beaucoup plus de films. Du coup, nous avons eu plus de liberté dans la sélection et dans l'exigence de qualité. Le nombre de pays participants est passé de 15 l'année dernière à 24 cette année », nous explique-t-elle. Son avis ne fait pourtant pas l'unanimité. Plusieurs participants, invités et même membres du jury, ont trouvé la session moyenne en termes de programmation. Ils appellent la fédération à revoir ses critères et sa politique de sélection. Donner un nouveau souffle au FIFAK a été l'un des objectifs du cinquantenaire. Pour cela, le festival a renoué avec un esprit festif qui régnait auparavant. Projections sur la plage, concerts tout au long de la semaine et carnaval en ouverture y ont contribué. Cela n'aurait pas été possible sans des partenaires comme la Fédération tunisienne des ciné-clubs (FTCC), auxquels se sont jointes cette année des associations locales de Kélibia. « Nous souhaitons renforcer ce partenariat qui est venu à la dernière minute cette année. A partir de la prochaine édition, nous veillerons à impliquer ces associations dès les premières étapes de préparation, sous forme de partenariat permanent », affirme la présidente de la FTCA. Incident de clôture... Dans le même temps, et suite aux nouvelles activités incluses dans le programme, le « off » a souffert de défaillances organisationnelles. Il s'agissait, selon Meriem Sardi, d'un programme ambitieux par lequel le festival s'est beaucoup agrandi d'un coup. « C'est une première expérience que nous allons améliorer, mais à laquelle nous tenons », assure-t-elle. L'incident de la cérémonie de clôture, — où la pièce de théâtre du club de jeunes a dû être interrompue en raison de son contenu inadéquat par rapport à l'assise culturelle de la FTCA et portant atteinte à son image — est resté dans les esprits. «Cet incident est dû au manque de suivi. Nous avons donné une totale liberté aux animateurs. Nous en assumons la responsabilité et devrons envisager, dans l'avenir, un superviseur pour les ateliers. Nous nous excusons auprès des enfants qui ont subi les conséquences de cette mésaventure », commente Meriem. D'autre part, le cinquantenaire a été fructueux pour la FTCA. Plusieurs films de la fédération ont été primés. Des occasions de distribution de ses productions sont nées à l'issue du festival : « Nous avons établi un partenariat avec Ciné-Sud pour distribuer nos films dans leur réseau de ciné-clubs et pour avoir leurs films dans le FIFAK. Les invités rwandais, venus pour la commémoration du génocide, envisagent de créer l'équivalent de la FTCA dans leur pays. La présidente du jury, la productrice et distributrice égyptienne Marianne Khoury, intégrera des films de la FTCA dans son réseau de distribution alternatif « Zawia ». Nous sommes également invités à participer à la rencontre de la fédération nationale des ciné-clubs au Maroc », détaille Meriem Sardi. Pour des « propositions artistiques »... A l'avenir, l'enjeu du public kélibien reste entier pour le FIFAK. Les activités pendant la semaine du festival sont loin d'être suffisantes pour instaurer une culture cinématographique, de projections et de débats au sein de la ville. La FTCA n'a pas de projet dans ce sens mais Meriem Sardi affirme que le club kélibien de la fédération s'en charge en organisant, autant que possible, des projections en plein air pour les habitants de la ville. Le rapport au public évolue depuis l'avènement de la révolution. « Dans un contexte où l'image est très consommée, nous tenons à leur offrir du vrai cinéma, avec des propositions artistiques d'écriture et de technique », affirme Meriem Sardi. Il en est de même pour la politique générale de la FTCA et son rôle dans la transition. La question de l' « identité » revient chaque année. « On cogite dessus au sein de la fédération mais notre but est de garder notre indépendance et un recul par rapport à l'actualité. Quel que soit le contexte politique, nous continuerons à parler des problèmes de société, à poser des questions et à pousser les gens à réfléchir sur leur réalité », résume la présidente de la FTCA. Le palmarès Compétition internationale - Mention spéciale du jury : Silence de Mahrdad Hasmi (Iran) - 3e Prix : The wall d'Anna Hints (Estonie) - 2e Prix : Dolls (Poupées) de Mohamed Oudghiri (Maroc) - Prix spécial du jury : Moi et elle de Rym Haddad (Isamm – Tunisie) - Le Faucon d'or (1er Prix) : Linear d'Amir Admoni (Brésil) Compétition nationale - Prix du scénario : 1441 de Youssef El Bahi (Club Ftca Hammam-Lif) - Prix photo : Chiraz Abid (indépendante) - Mentions spéciales : Fleur forgée de Nada Madi (Club Ftca Monastir) et Clin d'œil de Fatma Laazibi (indépendante) - 3e Prix : L'araignée de Fares Ben Khelifa (Club Ftca Hammam-Lif) et Liberté-1 d'Omar Belouaer (Club Ftca Hammam Leghzaz) - 2e Prix : L'épingle de Aya Riahi (Club Ftca Hammam-Lif) - Prix spécial du jury : Ciné-Magie, film collectif (Club Ftca Tunis-Nord) - 1er Prix : Petite personne d'Amer Ghiloufi (Club Ftca Hamma de Gabès)