Lors de la troisième soirée de la 9e session de Mûsîqât, samedi dernier, c'était au tour de la chanteuse palestinienne et sa troupe d'offrir au public d'Ennejma Ezzahra une ballade poétique et musicale émouvante. La chanteuse palestinienne Sana Moussa est dotée d'une très belle voix. Une voix qui lui a permis d'intégrer le monde de la musique et du chant. Elle a étudié la musique arabe classique et la musique palestinienne traditionnelle au centre Al Urmawi des études du Machrek à Jérusalem-Est. Puis, en 2004, elle a rejoint l'ensemble musical Houmayoune, spécialisé dans trois genres musicaux arabes distincts qui façonnent la mémoire musicale collective du peuple palestinien : la musique traditionnelle palestinienne, la musique et le chant arabes classiques et la musique sacrée. Dès la première note, on est plongé dans un espace sonore intrigant d'une bande magnétique d'où naissent rythmes et couleurs. Cette œuvre, relevant plutôt de l'intime, laisse place ensuite à la fête, au festin vocal, instrumental et rythmique. C'est à ce moment-là que la voix de l'artiste part, pure, douce et forte à la fois, à la recherche d'autres cieux. Soutenue par des musiciens virtuoses : au qanoun le Syrien Zied Khawam, au oud le Palestinien Mohammed Moussa, au buzouki le Palestinien Tarak Abboushi, à la contrebasse le Grec Apostolus Sidaris et aux percussions le tunisien Hatem Ammous, la chanteuse puise dans un héritage musical multi-millénaire, gérant sa grande richesse avec beaucoup d'aisance et de charisme. «Les textes des chansons représentent les histoires et le ressenti de femmes palestiniennes que nous avons pris le soin d'archiver il y a quatre ans. C'est très important de sauvegarder l'histoire, d'honorer la mémoire. Malheureusement, aujourd'hui, ces femmes n'existent plus», regrette Sana Moussa, et d'ajouter: «On sait que tout change, la géographie des lieux et les frontières, il n'y a que l'histoire et la vérité qui ne changent pas !». C'est de cette vérité qu'il s'agissait ce soir-là, une vérité où l'on défie la douleur par le sourire, la tristesse par le chant, le silence par la musique. On célèbre la musique arabe et le patrimoine palestinien, on célèbre l'identité, on célèbre l'existence. On résiste avec l'art. On chante l'amour en réponse à la mort. Sa voix limpide et puissante campe des mélodies parfois languissantes et sensuelles, parfois enflammées et fortes, mais toujours séduisantes et réfléchies, surtout quand elles s'apparentent aux romances, mères du nostalgique. Elle a bercé les adeptes de la musique classique arabe et palestinienne par des chansons et des morceaux authentiques, interprétés avec grâce et harmonie et créant une ambiance sereine chargée d'émotions fortes et rythmée par toutes sortes de percussions: Badawéyé, Ayounék Soud, Adhkourou Al Hobb, Hanéyalak, Kollou Annawarés Aadat, Ya ghazal, etc. Le public était à l'écoute, impressionné par des artistes authentiques en pleine possession de leur art. Un beau spectacle qu'on redemandera toujours!