La soirée de clôture du festival des révolutions arabes s'est tenue samedi dernier, au musée de Carthage, qui a accueilli un public modeste venu pour découvrir des voix qu'il ne connaît pas forcément. Ce festival, qui a commencé le 21 juillet dernier et qui a fait le tour dans les différentes régions du pays, est assuré par le groupe tunisien El marhala, créé en 1986, qui a toujours opté pour la chanson engagée. Plusieurs noms arabes venus d'Egypte, de Tunisie, de Libye et de Palestine ont chanté pendant plus de deux heures les révolutions dans le monde arabe. Le spectacle a démarré par des projections vidéo, relatant les moments les plus forts de la révolution tunisienne du 14-Janvier, de celle de l'Egypte et d'autres pays. Des images très répandues qui montrent la douleur du peuple, sa volonté aussi. La première partie, côté chant, a été tunisienne, assurée par Ayda Ouerghinnmi, Nizar Boushih, Mongia Sfaxi, Amine Saïed, Abdessattar Boutar, qui nous ont interprété des chansons à thème, parlant de l'amour du pays et de la détermination à changer la destinée de la nation. Mais pas seulement, puisque Ouerghimmi, par exemple, a offert au public une chanson intitulée kollou ennawarisi adat baâda ghorbatina en arabe classique et fort nostalgique, où elle exprime le sentiment de solitude chez l'émigré qui, loin de sa famille, loin de ses proches et loin de son pays, est fragilisé, surtout sur le plan moral et affectif. Irhal (pars), interprétée par la chorale, s'inscrit dans une autre thématique, celle consistant à l'appel au changement...à l'alternance. On ne peut, d'un autre côté, ne pas citer Nizar Boushih, qui, par El miaâd (le rendez-vous), qu'il a chantée avec sa voix forte et expressive, a communiqué au public présent les sentiments d'un peuple en souffrance continue. Encore moins le duo Ayda et Amine, qui nous ont parlé du Liban, de sa lutte depuis des décennies contre l'oppression sioniste, du parcours des combattants qui ont connu, de longues années, prison et exil. La chanson ath'tahawra al ârabia (révolution arabe) a clos la première partie de la soirée. Mongia Sfaxi et Nizar Boushih y ont chanté la Tunisie, la Libye, l'Egypte, la Syrie, le Yémen….ainsi que leur révolution et la volonté du peuple de vaincre la dictature. La deuxième partie de la soirée a été consacrée à des voix venues des pays arabes en révolte, l'Egypte, la Libye et la Palestine représentée par Sana Moussa et Zayd Tiin. La première nous a chanté la merveilleuse chanson de la star libanaise Feyrouz, Ya zahrata el madain qui décrit la lutte éternelle des Palestiniens contre les Israéliens et l' aspiration à libérer Al Qods. Quant à Zayd, il a interprété trois airs exprimant l'amour de la patrie, les sacrifices des martyrs et des révolutionnaires qui ont apporté la liberté dans plusieurs pays arabes. Il s'agit de Ya nar la tantéfi, La taksiri khatiri et de Al mawtou charaf. Les autres invités ont versé dans la même thématique de l'engagement. Dommage que, malgré les efforts fournis et les belles voix de certains interprètes, la soirée ait enregistré de nombreuses erreurs au niveau de la sonorisation et de la balance. Les instruments étaient les plus dominants, ce qui a fait que les textes — essentiels dans la musique engagée — et les voix étaient à peine audibles.