La première action à entreprendre est d'ordre psychologique, soutient le nouveau boss de Métlaoui Les «Sang et Or» du Bassin minier tournent la page Chokri Khatoui, à la tête de la barre technique durant deux saisons et demie (un record, par les temps qui courent). Dimanche soir, le président Boussaïri Boujelal a scellé un accord avec Habib Mejri pour coacher l'Etoile Sportive de Métlaoui jusqu'à la fin de la saison avec pour mission d'assurer, pour la seconde année de suite, le maintien parmi l'élite. «Le patron de Métlaoui a été bref et clair, nous expliquait hier Mejri. Visiblement, il s'était suffisamment renseigné. La preuve ? Il m'a directement posé la question suivante: Accepteriez-vous de conduire l'ESM, oui ou non ? Par la suite, son discours m'a convaincu. Il reste à finaliser cet après-midi (hier, Ndlr) cet accord, mais je crois que nous ne ferions plus marche arrière. Quand on vous choisit pour votre expérience, votre vécu, vos aptitudes à réussir la délicate opération maintien comme cela avait été le cas avec El Gaouafel de Gafsa au mois de mai dernier, cela devient forcément valorisant. C'est la preuve qu'un certain crédit de sagesse vous est reconnu. Interloqués, les gens me demandent : comment parvenez-vous à rester de marbre sur le banc de touche, à ne pas gesticuler et vous énerver? Cela vient naturellement avec le temps», témoigne un technicien en passe de se transformer en sapeur pompier auquel on recourt pour éteindre les incendies. «Il y a certains clubs qui me tiennent à cœur, confie-t-il. Ceux représentant les régions marginalisées : Gafsa, Métlaoui..., où la passion est énorme mais qui manquent assurément de moyens quand bien même le Groupe chimique tunisien soutient à fond les équipes du bassin minier. Je ne pense pas que la mission soit rebutante : on assiste à un nivellement des valeurs tel qu'il n'y a pas vraiment d'équipe inaccessible. Certes, le club accuse trois défaites à domicile, en cette première partie de la saison. Je ne connais pas de près ce qui s'y passe, mais il se peut qu'il y ait un certain excès de confiance après une belle dernière saison terminée à la huitième place. Mon prédécesseur Chokri Khatoui a fait du bon travail, il était aimé par les joueurs; sans quoi, il ne serait pas resté si longtemps. Maintenant, la priorité sera de relever un moral largement atteint. Le doute s'est insinué, remplaçant un tel excès de confiance. Il faut donc savoir vite le chasser, arrêter l'hémorragie et répartir du bon pied. Quand tu doutes, tu es carrément paralysé, tes énergies sont ankylosées. Par conséquent, le plus difficile consiste à mobiliser les joueurs, et cette tâche-là requiert des trésors de pédagogie», analyse-t-il. «Des recrues ciblées l'hiver prochain» Habib Mejri admet du reste que le plus important n'est pas tellement d'attirer au Sud-Ouest le maximum de joueurs : «Certes, l'ESM a mis la main sur une bonne dizaine de joueurs l'été dernier, mais la qualité passe avant toute chose, nuance-t-il. Je ne peux pas être trop affirmatif quant à la qualité de l'effectif. J'ai besoin de voir de près. S'il y a moyen de rectifier le tir, on le fera au mercato d'hiver où je préfère procéder à des recrutements ciblés. En fait, il ne s'agit pas de ramener un maximum de joueurs moyens qui seraient inutiles. Au contraire, nous attendons que les nouveaux venus apportent un plus». Le globe-trotter du cadre technique tunisien (CSHL, ASM, OB, ESZ, CSS, USM, JSK, CA, ST, EGSG), assistant du sélectionneur national Humberto Coelho en 2008-2009, sait du haut de sa grande expérience qu'en football on ne peut jurer de rien. A fortiori en ce siècle déshonoré où les certitudes sont rares et les préjugés ont la peau dure. La preuve? Après deux ans et demi d'exercice il arrive que certains expriment du scepticisme quant au travail abattu par Chokri Khatoui, mettant plutôt l'accent sur ce qu'ils appellent la facilité dans laquelle il serait subitement tombé et sur l'effet d'usure qu'un tel bail aurait inévitablement entraîné. Mejri connaît en tout cas la chanson. Il sait à quel point la gloire est éphémère, l'unanimité difficile à faire et la mémoire très courte...