Le «big four» n'a peut-être jamais connu une première partie de saison aussi contrastée Après tout juste sept journées, soit le quart du parcours, dix points séparent le premier, l'Etoile Sportive du Sahel (19 longueurs), du champion sortant, l'Espérance Sportive de Tunis (9 pts), en queue de ce mini-championnat à part. L'écart surprend par son ampleur d'autant qu'il s'est creusé dans des temps-records. Même s'il faut admettre qu'il ne peut pas être rédhibitoire, l'équivalent de trois victoires n'est rien au regard des 23 rondes qui restent à livrer. Il n'est, par conséquent, guère à écarter un retour des retardataires à l'allumage, sinon à un resserrement des rangs, surtout que le Club Sportif Sfaxien, le plus solide, point de vue jeu et qualité de l'effectif aux yeux des sportifs de tous poils, va pouvoir se consacrer à la compétition nationale après avoir définitivement fermé la parenthèse continentale. ESS, la saison ou jamais ! La comparaison se fait tout d'abord à partir d'une comparaison des budgets qui ne peut qu'être défavorable aux plus grosses dépenses, en l'occurrence le Club Africain. Capable de dépenser une soixantaine de millions de dinars en l'espace de trois ans, soit depuis l'avènement de Slim Riahi, et à un moindre degré à l'Espérance Sportive de Tunis qui n'a presque jamais lésiné sur la dépense sous le règne de Hamdi Meddeb. Sous cet angle, l'Etoile Sportive du Sahel paraît la moins favorisée, ce qui donne davantage de relief à son parcours initial. On sait que le club présidé par Ridha Charfeddine croule sous les dettes (environ 13 millions de dinars). Il a fait l'objet de plusieurs plaintes de clubs étrangers, notamment d'Afrique noire qui lui ont coûté d'importantes amendes, ce qui ajoute un peu plus à ses soucis financiers. D'ailleurs, outre l'accusation d'instrumentalisation du club à des fins politiques dans le débat pré-électoral qui fait actuellement rage, les dirigeants essuient le courroux des tifosis sur le thème des joueurs africains bradés : Habib Meïté, Acoly Percy, Justin Mengola... partent et reviennent à tout moment; certains sont cédés «gratuitement» après avoir coûté une petite fortune... la gestion de ces dossiers intrigue à un point tel que les accusations pleuvent. Une gestion qui jure, le moins qu'on puisse dire, avec celle d'un club sfaxien, par exemple, très habile à fructifier ce volet des dividendes sur les joueurs étrangers. Il n'y a pas longtemps, une grosse part des recettes de l'Etoile étaient générée par la vente des joueurs à l'étranger (Abdennour, Haggui, Zouaghi, Ghezal, ...). Dans la continuité du travail abattu par Roger Lemerre, un autre dinosaure, Faouzi Benzarti, tire, aujourd'hui, le maximum d'un effectif boosté par l'efficacité ahurissante de l'Algérien Baghdad Bounedjah. C'est peut-être la saison ou jamais : huit ans après, l'ESS espère renouer avec le sacre en championnat encore une fois sous la conduite de Benzarti. CA : ce n'est pas une science exacte «Avec les investissements pharaoniques qui sont les siens actuellement, le Club Africain doit écraser la concurrence» : que de fois a-t-on entendu cet énoncé qui a le tort d'être simpliste et primaire. Or, le football n'est pas une science exacte ; autrement, les gros budgets garantiraient chaque année les titres mis en jeu aux plus riches. Le club de Bab Jedid a brassé large au mercato d'été, même si certains trouvent que la quantité prime sur la qualité. Toutefois, le nœud gordien se situe dans un brassage indispensable, une mayonnaise qui tarde à prendre. Cela met du temps, mais les supporters auront-ils suffisamment de patience ? Quoi qu'il en soit, même si l'équipe est portée actuellement par la classe et la technique de l'Algérien Abdelmoumen Djabou, il n'en reste pas moins que l'équipe progresse à vue d'œil et qu'elle possède les arguments pour réussir le pari de renouer avec un titre auquel les «Rouge et Blanc» n'ont plus goûté depuis 2008. Et c'était une tout autre époque où le CA manquait de l'essentiel, soit les moyens financiers. Le fameux nerf de la guerre! CSS et EST : difficile retour sur terre ! Avec 11 points et un match retard à jouer, le Club Sportif Sfaxien tourne la page de la Ligue des champions et se reconcentre sur la compétition locale. Tout comme l'Espérance de Tunis, sortie prématurément en phase des poules de la Champions League et qui accuse un retard encore plus conséquent sur le leader. Ces deux clubs ont investi beaucoup d'énergie dans la compétition continentale. Leur échec les a poussés, l'un et l'autre, à changer d'entraîneur. A présent, drivés par deux enfants du club, Ghazi Ghraïri et Khaled Ben Yahia, c'est un dur labeur de reconstruction qui les attend. Le cas notamment du club de Bab Souika où la phase de transition suppose beaucoup de sacrifices et de patience. Cela va sans doute commencer dès le mercato d'hiver où les recrues doivent affluer. Alors que l'automne est vécu au CSS sous le signe des élections pour le nouveau bureau directeur. Visiblement, il n'y a pas unanimité autour d'un seul candidat. Parfois, on donne l'impression de tout déballer et de laver le linge sale sur la voie publique, comme on dit. Aussi bien au Parc B que dans la capitale du Sud, la suite de la saison risque d'être plutôt compliquée.