Le ministre de l'Intérieur français, Bernard Cazeneuve, était en visite lundi à Tunis. Il s'est réuni avec son homologue Lotfi Ben Jeddou Un point de presse s'est tenu le même jour en fin d'après-midi dans les locaux de l'ambassade de France, avenue Habib-Bourguiba. L'ambassadeur de France en Tunisie était également présent. Face aux journalistes et correspondants des médias étrangers, le ministre de l'Intérieur français a présenté un aperçu des grandes lignes de ses réunions de travail avec les responsables tunisiens. «C'est la première visite d'un ministre de l'Intérieur français depuis 2011», tenu à rappeler M. Cazeneuve, avant d'enchaîner sur les grandes questions, objet de son déplacement : le processus démocratique, la coopération en matière de sécurité, la lutte contre l'immigration irrégulière dans les deux pays situés de part et d'autre de la Méditerranée et exposés aux mêmes menaces. Au cours de cette rencontre d'une demi-heure environ, le ministre hôte a félicité la Tunisie pour son engagement dans le processus démocratique, se traduisant par l'adoption de la nouvelle Constitution et l'organisation des élections législatives. Il n'a pas manqué de mettre en avant le contexte de maturité démocratique dans le quel se déploient les échéances constitutionnelles et électorales, dans une transition qui s'affirme, selon lui. «La France est très heureuse de ce résultat et témoigne de son amitié au peuple tunisien et au gouvernement d'avoir réussi cette transition», a-t-il insisté. Deuxième point à l'ordre du jour: le renforcement de la coopération en matière de sécurité. «Un spectre assez large entamé depuis 2008 qui sera approfondi, notamment dans les domaines de la sécurité civile, de la gestion de crise et de la protection des personnes», détaille Bernard Cazeneuve, en confirmant que son pays est disponible pour accompagner la Tunisie dans la mise en place d'une école de formation dans plusieurs domaines. «Nous devons agir pour faire en sorte que toutes les filières de la grande délinquance, de trafic de stupéfiants, de cybercriminalité et de terrorisme soient démantelées», martèle le ministre, en prenant soin de mettre en avant les dispositions des autorités françaises à approfondir la coopération, également, entre les services de renseignements. Une fois la parole donnée à la salle, les questions des journalistes tunisiens et français trahissaient des préoccupations différentes. Pendant que les Tunisiens réitéraient leur inquiétude quant au débordement de la crise libyenne sur leur pays, et cherchaient à savoir si des mesures urgentes pour «aider les Libyens à se sortir de la guerre civile» étaient à l'étude — c'était entre autres la question de La Presse —, les journalistes français, eux, s'inquiétaient davantage des départs et retours de leurs ressortissants vers et depuis «l'Etat Islamique». Champ de compétences Pour ce qui concerne la politique préventive relative aux départs des présumés jihadistes, la France a mis en place une plateforme de signalisation pour les familles des jeunes qui s'apprêtent à rejoindre les groupes terroristes. Plateforme, nous apprend M. Cazeneuve, qui a permis, depuis la fin du mois de février 2014, l'enregistrement de près de 550 cas. «Ces signalements font l'objet immédiatement d'une mobilisation de toutes les administrations françaises, de police, sanitaires, éducatives, ou encore de préventions spécialisées». D'autres mesures prises d'un commun accord par les pays européens concernent, premièrement, le signalement des cas de jihadistes qui transitent par leurs pays respectifs, et deuxièmement, la judiciarisation de ceux dont l'implication dans les groupes terroristes est formellement identifiée, «et ce, avant même leur retour sur le sol national». Disposition qui permet de les arrêter dès leur descente d'avion. Pour ce qui est de la Libye, M. Cazeneuve a rappelé qu'il a examiné avec le ministre de l'Intérieur tunisien le renforcement de la coopération entre la France et la Tunisie dans les domaines sécuritaire et du démantèlement des filières criminelles ; et, dans la foulée, des organisations terroristes, devrait-on comprendre. Il faut dire que sur la question libyenne, le ministre français est resté très vague, en rappelant, plus d'une fois, qu'il ne s'exprimera que dans le cadre de «son champ de compétences en tant que ministre de l'Intérieur».