Ces assises qui démarreront ce matin pourraient s'avérer décisives quant aux positions du mouvement sur plusieurs questions politiques d'actualité Toute la «famille» d'Ennahdha sera, à partir de ce matin et pour deux jours, en conclave, à l'occasion de la tenue de la réunion de son Conseil de la choura. Une réunion qui revêt une extrême importance, parce que survenue dans une conjoncture politique particulièrement sensible qui exige de ce mouvement de se comporter en acteur, et pas en spectateur. C'est d'autant plus vrai que, pour Rached Ghannouchi and Co, l'heure n'est plus à l'attentisme, ni aux tergiversations, ni encore à l'entretien indéfiniment du suspense, surtout qu'il s'agit du deuxième grand parti du pays. La base pour Marzouki C'est pourquoi, assure-t-on dans les coulisses du mouvement, «tout devra être tiré au clair, au terme de ces assises, concernant les positions à prendre sur plusieurs questions politiques d'actualité». A commencer par le second tour de la présidentielle. Et là, a-t-on constaté du côté de Montplaisir, c'est d'un vrai casse-tête qu'il s'agit, dans la mesure où la base populaire d'Ennahdha, menée conjointement par les faucons du mouvement et la jeune vague des nahdhaouis qui monte, continue à crier haut et fort qu'elle refera confiance à Marzouki, n'en déplaise aux poids lourds du parti qui prônent encore la neutralité. Cette «désobéissance» de la base, chose rarissime dans l'histoire du mouvement, a déjà fait sensation lors du premier tour de la présidentielle, lorsque des centaines de milliers de nahdhaouis ont, in extremis et peut-être à l'insu du Cheikh, voté Marzouki ! Le troupeau a-t-il donc fait des brebis galeuses au sein d'un parti connu pourtant pour ses atouts de sérénité, d'entente et de discipline ? Le charisme de Ghannouchi doublé du soutien des colombes feront-ils, tout à l'heure, la différence ? Ou alors, par hasard, la «rébellion» aura-t-elle le dernier mot, aidée en cela par la réapparition fulgurante de Hammadi Jebali qui, dans une récente déclaration fracassante, s'en est pris «violemment» à l'autre candidat Béji Caïd Essebsi ? Tractations en direction du Bardo et de La Kasbah «Si la direction du mouvement ne cesse de plaider, tant publiquement qu'en privé, pour la neutralité, c'est sans doute par peur de dilapider ses chances lors de la distribution des prochains lauriers, à savoir le Parlement et le nouveau gouvernement», nous confie un jeune nahdhaoui qui estime que «Ennahdha ne devra pas se contenter de miettes, quitte à priver BCE de la magistrature suprême». Notre interlocuteur va encore plus loin, en faisant état «d'un début de tractations dans les coulisses avec Nida Tounès, en vue d'atteindre deux objectifs: la présidence du Parlement et l'obtention de quelques ministères dont les plus sollicités sont ceux de l'Education et de la Justice». Sans plus de détails, au moment, cependant, où l'on parle d'une imminente réunion entre Ghannouchi et Essebsi, sans pour autant évoquer une éventuelle alliance entre les deux hommes. Mais, quelles que soient les supputations, il est certain, chuchote-t-on dans les coulisses du mouvement, que la fin, demain, des travaux du Conseil de la choura nous permettra d'y voir plus clair.