Suspendus à la décision de Marzouki d'oublier sa lettre de mandatement adressée le 22 novembre à Caïd Essebsi, les Tunisiens ont été rassurés, hier, par Ghannouchi annonçant que le président provisoire et candidat à sa propre succession a renoncé à ses conditions. Une deuxième bonne nouvelle : Marzouki promet de retirer ses recours électoraux Hier, le Dialogue national a tenu une réunion d'urgence en vue de trouver une solution définitive à l'affaire de la lettre de Marzouki à Béji Caïd Essebsi lui demandant de former le futur gouvernement dans un délai d'une semaine. Et la réunion était urgente pour la simple raison que le délai arrivait, hier, à expiration et personne ne savait ce que Marzouki pouvait décider face au refus de Caïd Essebsi de répondre favorablement à sa demande. Les deux rencontres qui ont groupé en cours de semaine le Quartet parrain du Dialogue national avec Marzouki et Béji Caïd Essebsi n'ont abouti à aucun résultat concret puisque les deux parties ont campé sur leurs positions initiales, faisant valoir qu'elles s'attachent, chacune de son côté, aux interprétations de l'article 89 de la Constitution qui leur ont été fournies par leurs experts respectifs. Ghannouchi, le médiateur Et comme la crise menaçait de perdurer, il fallait un médiateur qui puisse être écouté à la fois par Marzouki et Béji Caïd Essebsi. C'est bien à Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, qu'a échu la mission de chercher à apaiser les tensions, une mission qu'il a accomplie avec réussite puisque bien avant la réunion du Dialouge national, il a annoncé, à l'issue de sa rencontre avec Moncef Marzouki, que ce dernier «s'est engagé à reporter après le second tour de l'élection présidentielle la mise en œuvre du processus de formation du prochain gouvernement», ce qui revient à dire que c'est le président élu qui chargera la personnalité (issue de Nida Tounès, ayant remporté le plus grand nombre de sièges au parlement) qui aura à former le prochain gouvernement. Marzouki est allé encore plus loin en faisant part à Rached Ghannouchi de sa disposition «à retirer les huit recours qu'il a introduits, vendredi après-midi, contre les résultats issus du premier tour de l'élection présidentielle organisé le 23 novembre». Rached Ghannouchi, qui a été mandaté par le Quartet pour convaincre le président provisoire de la République de revenir sur ses positions, a encore indiqué que Marzouki «fera tout pour que le scrutin présidentiel se déroule dans les meilleurs délais». Une belle journée où l'apaisement a, enfin, prévalu et la réunion du Dialogue national tenue hier n'a fait qu'avaliser la décision annoncée par Ghannouchi. Les participants au Dialogue national ont, en effet, publié une déclaration, à l'issue de leur réunion, dans laquelle ils ont annoncé «leur décision que c'est le président élu qui aura à envoyer le message de mandatement relatif à la Constitution du prochain gouvernement». Ils ont ajouté dans leur communiqué un paragraphe dans lequel ils implorent Marzouki et Caïd Essebsi «d'adopter un discours d'apaisement lors de la campagne électorale présidentielle relative au second tour et d'éviter tout appel à la haine, à la violence et à la division des Tunisiens». Sauf que ce brin d'apaisement et cette éclaircie n'ont pas plu à Imed Daïmi, secrétaire général du Congrès pour la République (CPR), qui n'a pas raté l'occasion pour qualifier ceux qui appellent Marzouki à retirer ses recours électoraux «d'anti-démocrates qui font fi de l'Etat de droit et des institutions où le droit d'ester en justice constitue un fondement essentiel». «Il est inadmissible, a-t-il martelé sur la radio nationale, qu'on demande ou qu'on fasse pression sur une personne se sentant lésée dans ses droits et disposant des preuves qui montrent que ses droits ont été bafoués de renoncer à son droit absolu de poursuivre ceux qui lui ont fait tort devant la justice».