Par Khaled TEBOURBI A propos de la prise de bec de Safi Saïd et Nawfel Ouertani, mercredi sur «El Hiwar», pas vraiment de commentaire. Enième échauffourée télévisuelle en direct, énième abandon de plateau : on a pris le pli. Notons quand même : l'étalage de vulgarité n'est pas nécessairement exclusif à la télévision. Il y a beaucoup plus rebutant en politique. Et avec, souvent, des conséquences d' une toute autre gravité. Il y a même à se demander si tout cet incivisme n'a pas son origine dans notre nouvelle «élite révolutionnaire». C' est souvent par le «haut» que vient la contagion. Les mauvais exemples abondent chez feu «l'ANC». Inutile de les ressasser. Mais c'est ce qui se donne à entendre et à voir à l'occasion de nos («fichues!») présidentielles qui est proprement inouï, outre que terriblement dangereux. Evidemment les torts sont partagés. Pas les responsabilités! Dans le cas d'espèce, celles-ci varient en toute logique. D' abord, nous avons droit à une situation «atypique», plutôt faussée : un des candidats est un «candidat par procuration», quasiment dépourvu de base électorale, mais bénéficiant d'un apport massif de «voix extérieures». Dans ce contexte vicié, il y a, forcément, et d'emblée, une «victime» et un «coupable». Une partie qui «conspire» et une partie qui «subit». Dès lors, comment renvoyer des «fautifs» dos à dos ? Comment juger en équité alors que les «dérapages» ne procèdent ni des mêmes tenants ni des mêmes intentions ? Il y a, ensuite, que ce même «candidat par procuration» est aussi le président en place, avec les priorités et les avantages liés à la fonction. Là, non plus, il ne peut, d'office, y avoir égalité. Le président en place a, en règle générale, moins d' obligations et plus de droits. Il y a, enfin, les actes et les faits au concret, et il y a les discours et les allégations. Les accusations de «régionalisme», par exemple, paraissent clairement «instrumentalisées», outils de propagande bien davantage que réalités avérées et dûment constatées. On a dit «danger!», ces fausses vérités créées par manipulation «rhétorique» ont un impact direct sur «la susceptibilité des foules», à plus forte raison quand elles attisent des «sentiments d'identité» (W. Reich). Ici, de même, les manipulations sont visibles à l'œil nu, pourquoi les imputer «à parts égales»? Pourquoi ne pas confondre simplement les «fauteurs»? Ne jette-t-on pas, au contraire, de l'huile sur le feu en «occultant les coupables», en «noyant le poisson»? Un mot, pour finir, à l'adresse de M. Safi Saïd. C'est, sans conteste, un intellectuel de choix. Il le clame, du reste, à tout venant, voire, il se plaint, sans cesse, de ce que les journalistes « n'en tiennent suffisamment pas compte», et a fortiori les animateurs de talk-shows. Mais si c'est le cas, M. Saïd, et c'est très probablement le cas, pourquoi vous faites-vous aussi fréquent dans ce genre de «variété»? Beaucoup de vos collègues intellectuels n'y vont guère : «ils préservent ainsi − comme vous dites − leur niveau».