Pour notre sport, la période transitoire dure depuis plus de 40 ans! Comme notre ami et collègue Kamel Ghattas l'a si bien écrit, comme nous l'avions fait remarquer des dizaines de fois, les états généraux du sport n'ont servi, ne servent et ne serviront à rien. Ou alors si, ils servent à fermer la bouche (seulement pour quelque temps) à tous ceux qui ont — encore — la force et le courage de dire que notre sport va mal, très mal, de plus en plus mal. Alors, pour un instant, les véritables professionnels du sport et, surtout, ceux qui l'aiment, disent que les choses vont — enfin — bouger et qu'il y a une volonté politique de changer les choses. C'est que, comme d'habitude, on fait appel à eux (journalistes compris, enfin ceux qui font partie du système et ceux qu'on peut, d'une manière ou d'une autre, «maîtriser») pour leur demander leur avis et leur donner l'impression qu'ils sont des acteurs et des décideurs du grand changement. Mais c'est aussi et surtout l'occasion pour les mêmes (ministre, président du Cnot et d'autres incontournables) de faire croire qu'ils travaillent et qu'ils assument leurs responsabilités. L'occasion aussi pour eux d'être à la «une» des pages sportives et de l'actualité. Mais de vous à nous, ce «show périodique» n'impressionne plus personne et personne ne croit vraiment qu'une grande messe pareille peut apporter quelque chose à notre sport. Alors, pour la énième fois, nous attendons le prochain ministre (et vivement un prochain président du Cnot!) et bien sûr de nouveaux présidents de fédérations, le mandat de ceux actuels devant s'achever sur l'habituel résultat : un échec. Sport : le grand absent Lors de la double campagne électorale (législatives et présidentielle) on aura peu parlé, sinon pas du tout, de sport. On a parlé du prochain gouvernement, des probables ou possibles alliances, de la nécessité de sauver ce qui peut l'être au niveau économique, social, de la sécurité et même de la culture, mais jamais de sport. Or, on ne sait que trop que le sport c'est économie, social, culture et même sécurité, quand on sait que des corps et des esprits sains peuvent éviter à nos jeunes toutes les dérives : drogue, terrorisme, délinquance, etc. Il nous faudra pour cela un grand ministre des Sports, un grand ministère d'où on chassera (oui, nous disons bien on chassera) tous ceux à qui profite l'immobilisme. Un ministre qui ne soit pas l'otage du président du Cnot, des présidents de la fédération et de ceux des clubs. Un ministre qui ouvre un dialogue réel avec ses homologues de l'Education, de la Culture et même de l'Intérieur pour que l'école, le lycée et même la faculté retrouvent leur véritable vocation. Un ministre, un vrai ! Avec celui de l'Education, il doit à tout prix revoir les emplois du temps scolaire; avec celui de la Culture, la nécessité de réintroduire la chose culturelle dans le lycée (club de cinéma, atelier de musique, de peinture, etc.); avec celui de l'Intérieur, l'urgence de rétablir la sécurité (trop de drogue, de violence et d'oisiveté avec nos jeunes qui errent dans les rues aux heures creuses) et pour son ministère, réhabiliter l'éducation physique qui nous a valu tant de champions et de têtes bien pleines aux premières années de l'Indépendance. Voici la première priorité. La seconde, c'est de rendre à ce pays ses champions. Et pour ce faire, mettre fin au discours, à la démarche et aux méthodes du Cnot et des présidents des fédérations qui passent leurs mandats à manigancer, à manipuler (après l'avoir fait pour se faire élire), à fixer des objectifs qu'ils n'atteignent jamais, à nous «vendre» leur élection dans les organisations sportives internationales (leur but suprême) et des joutes improbables, tels les Jeux arabes, méditerranéens ou d'autres manifestations improbables. Nous voulons un ministre, un vrai, qui ne verse pas à son tour dans la démagogie et qui ne se fasse pas «avaler» par tous ceux qui ont fait du sport un tremplin social, économique et politique (un président du Cnot qui se présente à la magistrature suprême; un président de club qui en fait de même; d'autres au parlement, etc.). Alors nous attendons, avec plein d'espoir, mais sans grandes illusions. A moins que...