Paulo Coelho pose une nouvelle segmentation de l'existence humaine dans une trilogie dont les trois ouvrages évoquent ce qui arrive en une semaine à des personnes ordinaires, soudain confrontées à l'amour, à la mort et au pouvoir, pour nous convaincre que c'est au moment où nous nous y attendons le moins que se testent notre courage et notre volonté de changement ‘'J'ai toujours cru que les profonds changements, tant chez l'être humain que dans la société, s'opèrent dans des laps de temps très courts. C'est au moment où nous nous y attendons le moins que la vie nous propose un défi destiné à tester notre courage et notre volonté de changement ; alors, il est inutile de feindre que rien n'arrive ou de se défiler en disant que nous ne sommes pas encore prêts. Le défi n'attend pas. La vie ne regarde pas en arrière. Une semaine, c'est une fraction de temps plus que suffisante pour savoir si nous acceptons ou non notre destin.'' C'est en ces quelques phrases que Paulo Coelho semble vouloir résumer sa trilogie ‘'Et le septième jour'' qui embrasse trois parties : ‘'Sur le bord de la rivière Piedra, je me suis assis et j'ai pleuré'' suivie de ‘'Véronika décide de mourir'' pour se conclure sur ‘'Le démon de mademoiselle Prym''; 3 ouvrages qui évoquent ce qui arrive en une semaine à des personnes ordinaires, soudain confrontées à l'amour, à la mort et au pouvoir. Ne demeure que la mélancolie du regret ‘'Sur le bord de la rivière Piedra je me suis assis et j'ai pleuré'', la narratrice se souvient de son instant magique, de ce moment où un ‘'oui'' ou un ‘'non'' peut changer toute une existence. ‘'Il me semble qu'il y a bien longtemps de cela, et pourtant voilà seulement une semaine que j'ai retrouvé mon amour et que je l'ai perdu. C'est sur les rives de la rivière Piedra que j'ai écrit cette histoire'', dit-elle comme si elle envoyait une missive à celui qui la faisait frémir et qui lui disait : ‘'Essaie seulement de vivre. Se souvenir est l'apanage des plus vieux.'' Une semaine avait suffi à la mener d'un quotidien comme les autres à une passion qui s'empara de tout son être et tout sembla perdu quand ‘'il'' disparut de sa vie car lui était dévasté par un sombre talent passionnément recherché par les autres; tous ceux qui étaient désarmés devant un mal étrange. Et pourtant, un matin, alors que tout semblait perdu, elle entendit le bruit d'une voiture et la voilà soudain libérée de son amertume, prête à retourner dans le monde, à en faire partie de nouveau. ‘'Le plus dur était passé -bien que demeurât la mélancolie du regret. Mais mon cœur avait raison. Même sans avoir besoin de lever les yeux du manuscrit, j'ai senti sa présence et entendu ses pas.'' ‘'Où est la Slovénie ?'' Quand elle a décidé qu'était, enfin, venu le moment de se tuer, elle nettoya soigneusement sa chambre louée dans un couvent de religieuses, éteignit le chauffage, se brossa les dents, se coucha et commença à avaler un à un les cachets de quatre boîtes de somnifère. Nous savons dans ‘'Véronika décide de mourir'', car l'auteur nous le dit, qu'elle préférait cette manière graduelle de sombrer pour ‘'être libre de se repentir à mi-parcours.'' Mais nous ne savons pas encore pourquoi cette préoccupation des convenances (nettoyer sa chambre, éteindre le chauffage, se brosser les dents, se coucher). Plus bizarre, tandis qu'elle attendait la mort, Véronika se mi à lire un article sur un jeu informatique, un sujet auquel elle ne s'intéressait absolument pas. ‘'Et c'est bien ainsi qu'elle s'était comportée toute son existence, cherchant toujours la facilité, ou se contentant de ce qui se trouvait à portée de sa main'', explique l'auteur. Et c'est là que le renversement de situation arrive car, à sa grande surprise, la première ligne du texte la tira de sa passivité habituelle : ‘'Rien dans ce monde n'arrive par hasard'' mais elle fut comme révoltée par la phrase suivante : ‘'Où est la Slovénie ?''... Et Véronika était Slovène ! Elle décida d'écrire une lettre au magazine pour rouspéter et se mit à penser, non sans amusement, qu'en découvrant son corps, on pourrait conclure qu'elle s'était tuée parce qu'un magazine ne savait pas où se trouvait son pays ! Suit une semaine étourdissante où elle rencontre l'amour, et, se découvrit une maladie incurable du cœur alors qu'un chercheur de grande science travaillait sur deux remèdes fantastiques : la conscience de la vie et la conscience de la mort. La même épreuve que Job a subie Dans ‘'Le démon de mademoiselle Prym'', une vieille dame assise devant le pas de sa porte dans un village de montagne, voit arriver un étranger accompagné d'un démon habillé comme un pèlerin. Elle ne peut alerter les villageois puisqu'ils ne la croiraient pas. L'étranger vient avec des lingots d'or qu'il enterre au voisinage du village, il passe un marché avec les villageois : l'or et le sauvetage du village menacé par les forces du mal contre le sacrifice de Berta, la vieille dame. Une épreuve démesurée pour un endroit où jamais rien ne se passe. Ce n'est pas si simple et le curé du village en fait le sommaire : ‘'Depuis des années, nous assistons à la décadence de ce village. A présent, je pense que ce n'est pas la conséquence d'un châtiment divin, pour la simple raison que nous acceptons toujours ce qui nous est donné sans réclamer, comme si nous méritions de perdre le lieu que nous habitons, les champs que nous cultivons, les maisons qui ont été construites avec les rêves de nos ancêtres. Dites-moi mes frères, le moment n'est-il pas venu de nous rebeller ? Dieu n'est-il pas en train de nous soumettre à la même épreuve que Job a subie ?'' En une semaine, ils en sortiront plus forts et plus libres, car ils en ont payé le vrai prix : ramener l'équilibre dans leur vie. Sarrah BAKRY L'ouvrage : ‘'Et le septième jour'', 542 p., mouture française Par Paulo Coelho Editions J'ai lu, 2013 Disponible à la Librairie Al Kitab