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Mettre la question de la jeunesse au cœur de l'actualité
Opinions - Lettre au nouveau chef de gouvernement :
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2000


Par Brahim Oueslati*
Il est recommandé de rattacher directement le secteur de la jeunesse au chef du gouvernement, comme c'est le cas dans certains pays développés qui l'ont élevé au niveau des secteurs stratégiques
Depuis 2012, la fête nationale de la jeunesse est fêtée le 14 janvier de chaque année, en commémoration de la révolution. C'est l'occasion de faire le bilan et ils sont plusieurs à se demander que nous apporte cette fête et si elle ne ressemblait pas à ses précédentes. Mais d'abord qui sont les jeunes Tunisiens ? Ils sont près de 2 millions 500 mille âgés entre 18 et 29 ans et représentent environ 24% de la population totale. Avec un taux d'alphabétisation de plus de 96%, dont 20.4% de niveau supérieur, un taux qui a presque triplé en dix ans, ils sont la génération la plus instruite de toute l'histoire du pays. Presque la moitié des jeunes se trouvent concentrés dans deux régions, le Centre-Est avec 24.6% et le Grand Tunis avec 23.3%, suivies de loin par le Sud avec 15.6% et le Nord-Ouest avec 13.7%. La concentration dans les deux premières régions s'explique, essentiellement, par l'existence d'une carte universitaire plus variée avec un grand nombre d'institutions proposant toutes les spécialités avec environ 60% de l'ensemble des étudiants, et une forte concentration d'industrie à haute valeur ajoutée et génératrice d'emplois. Cette jeunesse qui attend beaucoup de sa révolution semble, aujourd'hui, désorientée face à une situation extrêmement confuse et emmêlée.
Faut-il les condamner ou les absoudre ?
«La proportion des Tunisiens mis en cause dans le vol a triplé en moins de quatre ans», lit-on dans le rapport de l'Observatoire français de la délinquance qui publie, depuis 2006, les chiffres de la délinquance constatée et enregistrée par les services de police et les unités de la gendarmerie. C'est la première fois que les Tunisiens font leur apparition dans ce genre de rapport. Une apparition qui ne fait pas honneur à un pays considéré comme étant le précurseur de ce qui est désormais appelé «printemps arabe». Nouvelle donnée en parfaite contradiction avec les résultats d'une enquête monographique réalisée en 2007-2008, conjointement, par l'Observatoire français de la vie étudiante et l'Observatoire tunisien de la jeunesse, sur «les étudiants tunisiens en France» qui constituent, depuis plusieurs décennies, une composante importante de la population étrangère de l'enseignement supérieur. Cette enquête a permis de bien appréhender la façon dont les étudiants tunisiens s'impliquent dans le processus de l'affiliation au sein d'un nouveau système universitaire et d'une nouvelle société. Les résultats ont révélé qu'ils réussissent bien leur parcours universitaire et qu'ils se distinguent, parmi leurs camarades des autres nationalités, par leur sérieux, leur assiduité et leur capacité d'intégration.
Qu'est-ce qui a fait que peu de temps après, on est passé du cas du jeune Tunisien qui réussit dans ses études au jeune Tunisien qui se distingue dans les vols? Faut-il les condamner ou les absoudre ?
Sur un autre plan, les jeunes Tunisiens forment l'un des plus gros contingents de djihadistes en Syrie. On estime leur nombre à près de neuf mille (9.000) et ils représentent, d'après certaines sources, environ 30% des jeunes combattants sur le territoire syrien. Près de deux mille (2.000) d'entre eux ont trouvé la mort dans cette sale guerre qui se déroule loin de chez eux et ensevelis, sans tombe ni mémorial. Attirés par les sirènes du jihad et les délices du paradis que leur font miroiter ces prédicateurs «envahisseurs» qui ont débarqué chez nous à l'invitation d'associations dont l'objet est directement lié à une doctrine religieuse pure et dure, endoctrinés par des imams radicaux qui ont transformé certaines mosquées en des centres de mobilisation et de prêches wahhabites, ils ont laissé derrière eux des familles désemparées et inconsolables. Des réseaux ont été mis en place, profitant du laxisme des gouvernements de la défunte « troïka », financés par des «donateurs» de certains pays du Golfe, pour faciliter le recrutement et le transfert de milliers de jeunes Tunisiens en Syrie.
D'autres jeunes, et ils se comptent, également, par milliers (plus de 25.000) ont succombé à l'eldorado européen dès les premiers jours ayant suivi le 14 janvier 2011. Certains ont péri, d'autres se sont trouvés rassemblés dans de véritables camps de concentration sur l'autre rive de la Méditerranée, ou placés en détention, en proie à de graves difficultés et à une humiliation sans fin. Rares sont ceux qui ont réussi à se frayer un chemin dans les méandres de cet eldorado rêvé. Ce désir d'émigrer et d'émigrer clandestinement a, toujours, constitué une réalité dans le milieu des jeunes depuis longtemps déjà. Ce phénomène est d'autant plus inquiétant que la motivation la plus citée est l'absence d'avenir en Tunisie, puisque les raisons invoquées sont la recherche d'un emploi et l'amélioration de la situation sociale. Il s'est accentué au cours des dernières années à cause de la frustration et la déception face à cette réalité cruelle et crue qui prévaut dans le pays. Ils sont frappés de plein fouet par le chômage et sont les premières victimes de la dégradation de l'économie nationale.
Quatre ans après cette désormais date historique du 14 janvier 2011, les jeunes Tunisiens sont complètement déçus par l'évolution de la situation du pays et se sentent trahis par une classe politique qui a usurpé leur «révolution », jeté aux oubliettes ses slogans de «liberté, emploi et dignité» et accaparé l'espace public, leur laissant très peu de place. Ils ont été le moteur des événements qui ont enclenché un nouveau processus plein d'espoir et ouvert une nouvelle page dans la vie d'un pays aspirant à plus de liberté, d'équité sociale et à un meilleur bien-être. Les causes qui ont déclenché «la révolution des jeunes» sont toujours là. Pis encore, la situation s'est même dégradée avec l'accroissement du taux de chômage, l'aggravation de la pauvreté, la détérioration de la situation sécuritaire, la flambée des prix, la désintégration de l'économie nationale, la résurgence de phénomènes comme le terrorisme, la recrudescence de la violence et de la criminalité....
Désaveu pour la classe politique
Les dernières élections législatives et présidentielle ont démontré que les jeunes se désintéressent de la politique. Moins de 20% des 18-29 ans ont voté. Un désaveu pour toute la classe politique qui a été incapable d'intégrer les jeunes et de les accompagner Les partis doivent se rendre à l'évidence: les jeunes s'intéressent à la politique autrement. Ils ne vivent pas les mêmes expériences que les générations précédentes. Tout a changé, la société, les repères, les valeurs et les grandes problématiques. Ils ont leurs propres formes d'expression et sont à la recherche d'autres modes d'action pour marquer leur différence et leur singularité. Les démarches ponctuelles doivent être écartées et il faut penser à insérer les stratégies de participation de la jeunesse dans un cadre institutionnel et structurel ainsi que dans les processus de développement politique, social et économique, autour d'un véritable projet pour la jeunesse dont le secteur a toujours souffert de son rattachement à d'autres secteurs tels que le sport, l'enfance, la culture ou l'éducation. Alors qu'en tant que secteur horizontal, il doit être, directement, rattaché au chef du gouvernement, comme c'est le cas dans certains pays développés qui l'ont élevé au niveau des secteurs stratégiques. Le nouveau chef de gouvernement se doit de remettre la question de la jeunesse au cœur de l'actualité et de réfléchir à une nouvelle forme de structures pour la jeunesse qui relèvera de ses compétences et qui fera office de coordination générale. Un conseil supérieur, ou encore un ministère délégué avec des attributions élargies et une mission stratégique: élaborer un véritable projet pour les jeunes et avec les jeunes. Le gouvernement pourrait, dans une première étape, donner mandat à une équipe d'experts pour lui préparer un rapport sur l'état des lieux comprenant un diagnostic des problèmes, des préoccupations et des attentes des jeunes. Ce rapport fera l'objet d'un vaste débat dans des états généraux de la jeunesse qui seront l'occasion de faire prévaloir le principe même de l'approche participative en associant les jeunes dans l'élaboration des stratégies qui engagent leur avenir ainsi que dans les décisions qui les concernent.
C'est ainsi qu'on pourra redonner confiance aux jeunes.
*(Ancien directeur général de l'Observatoire de la jeunesse)


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