Miser sur la bonne gouvernance, sur l'amélioration de la qualité des prestations et instaurer la culture de redevance La santé maternelle et infantile a besoin d'un programme nouveau, conçu de manière à répondre aux exigences d'un domaine basique de la santé publique. Les professionnels de la santé, ainsi que les organisations internationales, œuvrant pour l'optimisation des prestations sanitaires destinées au couple mère-enfant, se penchent sur l'élaboration d'un programme participatif, impliquant différentes administrations sanitaires et institutions dans le but de dynamiser davantage l'apport de chacune des parties concernées et d'améliorer les prestations sanitaires pour une couverture décentralisée et équitable. Aussi, le ministère de la santé s'est-il entretenu, avant-hier à Tunis, avec les représentants du Fonds des Nations unies pour la population (Fnup), de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), dans le cadre d'un atelier de travail en vue de valider ledit programme. Selon les déclarations du Dr Rafla Tej-Dallagi, directrice des soins et de la santé de base, à La Presse, le programme s'articule autour de trois principaux axes : la bonne gouvernance, l'amélioration de la qualité des prestations et la mise en place d'un système de suivi et de redevance de la santé maternelle et infantile. La bonne gouvernance en matière de santé maternelle et infantile représente à la fois un objectif et une composante essentielle à l'optimisation des prestations sanitaires et à la création d'une feuille de route déterminant, d'abord, les services spécialisés, puis les rôles de chacune des administrations sanitaires. Le critère de la bonne gouvernance implique, par ailleurs, la mise en place de nouveaux mécanismes de coordination et autres d'évaluation de la qualité des prestations accomplies. «Il est temps d'axer sur la régularisation du rôle du secteur sanitaire privé dans une approche de complémentarité public-privé et d'être plus regardant quant aux attentes des bénéficiaires des prestations sanitaires. D'ailleurs, l'instauration d'une cellule d'écoute en faveur des citoyens figure parmi les grandes lignes du programme», souligne le Dr Tej-Dallagi. Des professionnels qualifiés et plus humains L'amélioration de la qualité des prestations sanitaires destinées au couple mère-enfant passe assurément par la formation continue des professionnels de la santé. Une formation qui leur permet d'enrichir leurs connaissances et d'être au diapason des nouveautés médicales et thérapeutiques liées à la santé maternelle et infantile, dont la néonatologie, la gynécologie obstétrique... D'un autre côté, le renforcement de la plateforme sanitaire par des équipements nouveaux s'impose notamment dans bon nombre d'établissements de première ligne, comme les hôpitaux régionaux et les dispensaires. Améliorer les prestations nécessite, en outre, une meilleure détermination des différentes étapes du parcours de soin, afin de mieux cerner les responsabilités de chaque équipe médicale. Aujourd'hui, la médecine, d'une manière générale et la médecine maternelle et infantile, en particulier, doivent un défi aussi sanitaire qu'humain. Humaniser, en effet, le relationnel entre les prestataires et les bénéficiaires de soins ne peut que se répercuter positivement sur la qualité des prestations apportées. Le dernier volet du programme porte sur la création d'un système de suivi et de redevance, à même de déterminer les responsabilités de chacune des parties concernées. «Nous avons sollicité toutes les directions concernées. Certaines ont répondu à l'appel, alors que d'autres, non», souligne la directrice des soins et de la santé de base. Et d'ajouter que le programme sera soutenu techniquement par les partenaires onusiens précités. «Après la fixation des responsabilités de chaque partie prenante et la création d'une feuille de route pour l'année 2015, il est possible de séduire d'autres bailleurs de fonds pour renforcer le financement du programme», ajoute la responsable. Ce programme, de par ses axes fondamentaux, mais aussi de par l'approche participative et de décentralisation de la gouvernance sanitaire, promet d'apporter une vision novatrice et pertinente à la stratégie de la santé maternelle et infantile, mais aussi — et surtout — à celle de lutte contre la mortalité maternelle et infantile. Pour le Dr Tej-Dallagi, les enjeux de la santé maternelle et infantile pour les prochaines années consistent en l'amélioration des soins obstétricaux à tous les niveaux. Sur le plan logistique, il est temps d'asseoir les principes d'une culture de redevance aussi bien dans le secteur public que celui privé, et d'opter pour une logique intersectorielle, impliquant aussi bien le ministère de la santé, que les ministères des finances, des affaires sociales, le secrétariat d'Etat chargé des affaires de la femme et de la famille, et ce, afin de réduire les disparités régionales et de garantir la santé pour toutes et pour tous.