Certains points urgents peuvent être, déjà, appliqués à l'instar de l'autonomie des universités qui sont fin prêtes, l'allègement des examens pour les étudiants, la rationalisation des filières, etc. Il aura fallu environ quatre ans pour qu'un projet de réforme du système de l'enseignement supérieur voie enfin le jour. En effet, l'idée est née en octobre 2011. Mais, bien avant, les appels à engager un tel processus se sont fait entendre de la plupart des intervenants dans ce domaine.La volonté politique et la pression de l'opinion publique et des vrais acteurs ont fait le reste. Aujourd'hui, et malgré certaines réticences qui persistent encore, on peut dire qu'une étape très importante vient d'être franchie sur la voie de l'instauration d'une réforme générale, profonde, participative et consensuelle.Comme on s'y attendait, il y a eu des voix discordantes. Mais le projet, tel qu'il a été mis au point par la Commission nationale de la réforme (CNR), devra être soumis à une grande consultation dans les prochains jours. Tous ceux qui se disent écartés ou non impliqués auront la parole et pourront faire part de leurs critiques et de leurs propositions. L'essentiel est que l'on sorte avec une véritable stratégie qui aurait le mérite de répondre aux besoins du système de l'enseignement supérieur et de la recherche.Pour mieux comprendre les circonstances dans lesquelles ce projet a été élaboré, les difficultés auxquelles il a dû faire face, les objectifs et les grands axes qui le caractérisent, nous avons eu une rencontre avec Mr.Abdelhafidh Gharbi (professeur universitaire, ex-président de l'Université de Tunis Manar et actuel conseiller auprès du ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et des TIC (MesrsTIC)). En premier lieu, il s'agit de remarquer que cette idée est née de la nécessité d'introduire une réforme au vu des carences et des faiblesses constatées dans le système à tel point que le niveau des étudiants et la réputation de nos diplômes s'en sont trouvés affectés. Par ailleurs, il était tout aussi impératif de mettre au point une structure et une démarche originales qui constituent une rupture avec les anciennes pratiques. Autrement dit, la réforme ne doit pas venir d'experts et de spécialistes mais émaner de la base et être le résultat des propositions des intervenants directs. C'est ce qui a conduit au lancement de la Commission nationale de la réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNR). Une commission nationale Cette instance est placée, certes, sous l'égide du ministère mais elle est secondée par des commissions sectorielles à l'échelle de chaque université et, même, à l'échelle de chaque établissement. Ces commissions sont, généralement, tripartites. C'est-à-dire qu'elles regroupent des représentants du ministère, du syndicat et des représentants des enseignants. La CNR, quant à elle, se compose de 5 membres de l'administration, de 5 autres du syndicat et de 14 représentants des universités. Les travaux sont présidés par le ministre lui-même, assisté de son chef de cabinet. Mais cette CNR comprend des commissions thématiques avec un comité de pilotage formé de trois membres (administration, syndicat, université).Ces commissions ont planché sur les cinq grands axes fixés par la démarche adoptée. Actuellement, ce sont les cinq thèmes validés définitivement. Ils concernent l'amélioration de la qualité de la formation universitaire et l'employabilité des diplômés, la promotion de la recherche et de l'innovation, la promotion de la bonne gouvernance et l'optimisation de la gestion des ressources, la révision de la carte universitaire pour un meilleur ancrage et des équilibres régionaux ainsi que la promotion de la formation pédagogique des enseignants. Malgré l'importance du projet et des actions entreprises en vue d'aboutir aux résultats actuels, on estime que la communication n'a pas été suffisante pour ne pas dire défaillante. Le travail n'avait pas été bien médiatisé ce qui a fait que même les parties syndicales représentant les étudiants prétendent qu'elles n'ont pas été impliquées. Or, Mr Abdelhafidh Gharbi nous assure le contraire. Il a, lui-même, eu des contacts avec l'Ugte et l'Uget. L'impression qui prévaut est qu'il y a un accord et que les jours à venir seront décisifs pour l'adoption du projet. La Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche (syndicat des enseignants) était, elle aussi, partie prenante. En tout cas, la consultation effective pourrait démarrer à la fin de ce mois et tous ceux qui se sentent concernés peuvent communiquer leurs avis ou prendre contact avec la CNR pour soumettre leurs propositions. Les enjeux sont de taille et il ne serait pas logique de faire opposition à un plan de travail vital pour notre pays. D'autant que certaines mesures contenues dans ce projet de réforme peuvent être mises en pratique dès la rentrée prochaine tel que l'autonomie de l'université de façon progressive et étudiée, l'allègement des examens, la rationalisation des filières... L'enjeu économique lui, non plus, ne doit pas être occulté. Car la réforme ce n'est pas, uniquement, des idées et des rêves. C'est aussi de l'argent. Où trouver le financement de cette réforme ? Justement, le coût sera très élevé (infrastructures et équipements à rénover, personnels à requalifier en quantité et en qualité, etc.)