Par Margot Wallström (ministre suédoise des Affaires étrangères) En prenant mes fonctions de ministre Affaires étrangères en octobre dernier, je savais que la Tunisie était un pays que je voulais visiter le plus tôt possible, afin de pouvoir montrer mon soutien et celui de la Suède à la voie que votre pays a choisi de prendre, devenue source d'inspiration pour tout un monde. C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai suivi les événements de votre pays, ces dernières années. Et j'ai pu constater à plusieurs reprises que c'est un pays qui abrite un grand nombre de jeunes, de femmes et d'hommes courageux, qui ont choisi d'unir leurs forces et de prendre le chemin de la démocratie. C'est un chemin qui n'est pas toujours de tout repos, mais qui est toujours le bon chemin à prendre. Par conséquent, c'est avec beaucoup de joie que j'atterris aujourd'hui en Tunisie et que je vais aller pendant quelques jours à la rencontre de représentants du gouvernement, de la société civile et de la vie économique. Quelques années après l'indépendance, la Tunisie et la Suède avaient entamé dans les années 60 une coopération pionnière pour reconstruire les infrastructures du pays. Cette assistance, qui a duré presque 20 ans, a permis de nouer des liens d'amitié entre nos deux pays. Depuis la révolution, nous gérons une importante coopération qui s'élève à environ 5,5 millions d'euros par an pour renforcer la démocratie et le respect des droits de l'Homme. Nous soutenons, entre autres, une formation continue très appréciée de tous les juges de Tunisie, dont presque la moitié sont des femmes, ainsi que des mesures pour combattre la corruption. Nous suivons le développement du pays avec attention et nous avons des contacts réguliers avec des représentants du gouvernement tunisien et de la société civile. Nos actions bilatérales complètent le vaste engagement de l'Union européenne. Au cours de ma visite dans le pays, je me réjouis d'avance à l'idée des échanges enrichissants que nous allons avoir autour de notre programme commun. La sécurité dans la région proche Nous, les êtres humains, faisons partie de la même famille, parce que nous sommes justement des êtres humains. Affronter les menaces d'ordre sécuritaire est une tâche commune. Nous assistons cette dernière année à l'augmentation de l'insécurité dans nos deux environnements proches, aussi bien en Afrique du Nord qu'en Mer Baltique. Ces menaces doivent toujours être gérées de façon que l'Etat de droit, la démocratie et les droits de l'Homme soient respectés. Cela exige aussi de la solidarité, c'est-à-dire que nous nous aidions les uns les autres. La Suède se tient prête à poursuivre son soutien à la Tunisie dans ce travail considérable, notamment à travers notre importante coopération au développement. Nous nous réjouissons à l'avance des discussions que nous allons avoir sur comment nous pouvons agir, en tant que pays de la même taille, pour les droits de l'Homme, le droit international public et l'intégrité territoriale. Commerce et développement économique Construire une culture démocratique et des institutions basées sur l'Etat de droit demande du temps. La constitution doit maintenant être mise en œuvre par des actions concrètes. Les réformes économiques sont nécessaires pour augmenter le pouvoir concurrentiel et créer de nouveaux emplois. Le peuple tunisien exige une justice sociale et de la dignité. Je sais que beaucoup d'entre vous, surtout vous les jeunes qui vous êtes levés contre l'ancien régime autoritaire, vous attendez avec impatience des améliorations dans la vie quotidienne. Les entreprises suédoises permettent aujourd'hui à environ 5.000 Tunisiens d'être employés ou de mener une activité indépendante. Ces entreprises sont une bonne base pour continuer à construire et à développer le commerce entre nos pays. Le travail est essentiel aussi bien à la dignité humaine qu'au développement économique. Avoir un travail est décisif pour les jeunes, pour pouvoir construire leur propre foyer, choisir leur voie et fonder une famille. Démocratie, droits de l'homme et égalité hommes-femmes Les élections sont certainement le noyau dur de la démocratie. Mais la démocratie doit être tout autant renforcée pendant les périodes entre les élections. La nouvelle constitution tunisienne, rédigée au cours d'une période difficile, est une preuve de la force de la démocratie. Les dirigeants politiques ont fait preuve de courage et ont agi dans l'intérêt du pays. La société civile, par le biais du quartet et du dialogue national, a pris des initiatives et des responsabilités impressionnantes. Le nouveau gouvernement fait le bon choix en persévérant dans cette tradition de large ancrage et de coopération entre les différentes forces de la société, où les jeunes sont également inclus. Le principe de la démocratie s'appuie sur le respect des droits de l'Homme, c'est-à-dire que tous les êtres humains — quel que soit leur sexe, leur origine et leur orientation sexuelle — ont les mêmes droits, notamment en ce qui concerne la liberté d'expression, d'opinion et de religion. C'est une tâche incessante pour nous tous, les représentants des gouvernements du monde entier, que de les rappeler sans relâche et œuvrer pour leur respect. J'ai suivi avec intérêt et joie le rôle joué par les femmes tunisiennes dans le processus démocratique du pays. Vous avez occupé depuis longtemps une place proéminente en politique et dans la vie sociale, et certaines parmi vous ont été récompensées pour leur travail par des organisations suédoises. Je pense surtout au rôle des femmes dans la société civile, dans le dialogue national et au sein du Parlement. Paix et liberté en Israël et en Palestine Le fait que les femmes soient actives et jouent un rôle moteur dans le développement démocratique est nécessaire pour le bien-être de chaque pays, y compris la Suède et la Tunisie. L'automne dernier, la Suède a reconnu l'Etat de la Palestine. La raison principale est que les critères permettant une reconnaissance selon ledroit international public étaient réunis. A travers cette décision, la Suède veut contribuer à insuffler une nouvelle dynamique à un processus de paix stagnant, à faciliter la possibilité d'un accord en réduisant les inégalités entre les parties, et à contribuer pour que les jeunes Palestiniens et israéliens, prisonniers de la violence et du désespoir, puissent avoir l'espoir qu'un autre monde pacifique est possible. L'objectif est qu'Israël et la Palestine puissent vivre à l'intérieur de frontières mutuellement reconnues, avec les frontières de 1967 comme point de départ, et que les échanges éventuels de terres soient acceptés uniquement si les parties les négocient. C'est une question qui nous concerne tous et c'est notre mission commune à tous de soutenir la paix. Vous êtes le pays où le printemps arabe avait commencé et qui a fait des progrès impressionnants. Mais il est toujours important de continuer de l'avant. Je suis ici pour montrer le soutien de la Suède au cours de ce chemin. Nous sommes prêts à affronter ensemble les défis pour que nos deux pays puissent continuer leur coopération de la meilleure façon possible. A partir d'aujourd'hui : La ministre suédoise des A.E. en visite de travail en Tunisie La ministre suédoise des Affaires étrangères Margot Wallström effectuera une visite de travail en Tunisie du 18 au 20 février. Elle rencontrera le président de la République, le chef du gouvernement, le président du parlement et le ministre des Affaires étrangères, en plus des représentants des hautes instances indépendantes, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. La chef de la diplomatie suédoise se rendra, également dans quelques entreprises suédoises installées en Tunisie. Cette visite contribuera à développer les relations tuniso-suédoises et à consolider la coopération entre les deux pays, ajoute le ministère dans ce communiqué.
