Des travaux de réaménagement et de restauration de certaines unités carcérales ont été, déjà, engagés, dans le cadre de la coopération internationale. Le Haut-commissariat aux droits de l'Homme (Hcdh) et l'Organisation internationale de la réforme pénale en sont les principaux partenaires. Outre la torture et les mauvaises conditions d'hygiène dans les prisons, la surpopulation carcérale est un autre fardeau pesant tant sur les détenus que sur l'institution pénitentiaire elle-même. Relever ce défi commande au ministère de la Justice de revoir la situation de fond en comble. D'ailleurs, son engagement dans un projet de réforme quinquennal lui a imposé d'accorder au volet de l'infrastructure l'intérêt qu'il mérite. Le département de tutelle s'occupe, aujourd'hui, d'élaborer une stratégie nationale visant à réduire l'encombrement dans les centres de détention. Hier, s'est tenu, à la banlieue nord de la capitale, un atelier de travail mobilisant les acteurs intervenant autour de cette question considérée, depuis longtemps, comme un véritable casse-tête. La nécessaire volonté politique Préservation de l'intégrité des prisonniers oblige, conformément aux conventions onusiennes des droits de l'Homme, les parties concernées se sont trouvées face à plus d'une d'équation à résoudre. La réflexion étalée sur deux jours, hier et aujourd'hui, doit se pencher sur le constat réel et les solutions à apporter à moyen et long termes. Un tel chantier exige une volonté politique doublée de mesures courageuses à entreprendre au cours du présent mandat du gouvernement Essid. Certes, la tâche est collective, soutenue par des bailleurs de fonds disposés à soutenir la mise à niveau de l'appareil pénitentiaire, comme étant une des conditions sine qua non de la transition démocratique. Idem pour la réhabilitation des détenus et leur réinsertion sociale. Alors, on se demande comment gérer un tel dossier avec un statut professionnel aussi dégradé, un personnel pénitentiaire en mal d'encadrement et de formation ? Le nouveau ministre de la Justice, M. Mohamed Salah Ben Aïssa, a réaffirmé la nécessaire réforme structurelle qui devrait toucher tous les rouages de l'administration judiciaire. Et le ministre de relever, dans ce sens, que des travaux de réaménagement et de restauration de certaines unités carcérales ont été, déjà, engagés, dans le cadre de la coopération internationale établie avec le gouvernement tunisien. Le Haut commissariat aux droits de l'Homme (Hcdh) et l'Organisation internationale de la Réforme pénale en sont, à ce titre, les principaux partenaires. Instaurer les peines substitutives La surpopulation dans nos prisons n'est plus à démontrer et les retombées sont bien visibles sur le corps opérationnel, notamment dans son rapport avec la gestion des flux, de plus en plus importants, des détenus. Ce qui se répercute de façon directe sur leurs conditions d'hébergement dans les cellules d'enfermement. D'après M. Ben Aïssa, le problème réside dans l'équation suivante : l'intégrité morale et corporelle des prisonniers d'une part et l'ordre et la discipline à l'intérieur des prisons pour leur sécurité, d'autre part. A telle enseigne qu'un enjeu s'oppose à un autre, afin de parvenir à bout de la question dans sa totalité. C'est pourquoi, insiste-t-il, la réforme n'est que globale. Cependant, sa mise en œuvre, poursuit le ministre, nécessite une révision à la fois législative et juridictionnelle qui doit composer avec les peines substitutives. Ce choix, a-t-il ajouté, est plus que jamais incontournable, l'ultime but étant d'alléger, un tant soit peu, la concentration carcérale. « Il s'agit-là d'un objectif qu'on espère atteindre, sans manquer de veiller à ce que les défis sécuritaires et sociaux soient également relevés», a-t-souligné. Le directeur général des prisons et de la rééducation, M. Saber Khefifi, était du même avis. D'après lui, la surpopulation carcérale est un fait bien réel et généralisé à l'ensemble des 27 établissements pénitentiaires que compte le pays. Une réalité amère d'autant qu'une telle situation est de nature à porter atteinte aux droits de l'Homme les plus élémentaires et à sa dignité. C'est que le milieu carcéral dépasse, aujourd'hui, de loin ses capacités d'accueil. D'où la difficulté de sa gestion et sa mise à niveau. Que faire pour en venir à bout ? Les solutions semblent multiples, allant de l'extension, la construction d'autres prisons, l'encadrement des agents pénitentiaires et l'adoption des peines substitutives, celles communément reconnues d'intérêt général. Ce débat se poursuit aujourd'hui, sous forme de réflexions et d'ateliers thématiques, dont les travaux vont déboucher sur une série de recommandations à même d'esquisser les grandes lignes de la stratégie sus-indiquée et attendue.