«Assemblages» de l'artiste belge Jan Demeulemeester, à l'Espace d'Art Sadika à Gammarth, est le fruit d'une démarche singulière et aboutie. Dans une époque de surproduction et de surconsommation, le monde moderne est «générateur de déchets». Utiliser les métaux de récupération dans la création artistique est donc une démarche à valeur écologique, respectueuse de l'environnement. C'est à partir de là qu'a été effectué le dernier projet de l'artiste Jan Demeulemeester, belge de naissance et tunisien de cœur. Arrivé en Tunisie en 2005, il tombe sous son charme et décide de s'y installer. Ses tout premiers dessins ont vu le jour à l'atelier de son père Armand Demeulemeester, en Belgique, qui a vivement encouragé sa passion. Il a ensuite fait ses études de peinture à l'Académie des Beaux-Arts d'Anderlecht. Il a participé à plusieurs concours de dessin et reçu plusieurs prix : il a été sélectionné au concours «Projet Tapisserie» de la ville d'Audenarde en 1993 et lauréat au concours «Peintures murales» à Molenbeek. Il a participé, également, à plusieurs expositions individuelles à : Bruxelles, Renaix, Merelbeke, Tournai, Gand, Anvers (Bel), Tunis, Paris, et collectives à Bruxelles, Renaix, Anvers, Gand, Bruges, Hamme (Bel), Tunis, Paris, Bagnols-en-Forêt (Fra). Sa dernière exposition «Assemblages» que nous avons eu le plaisir de découvrir à l'Espace d'Art Sadika est le fruit d'une démarche singulière et aboutie. Des objets quelconques, trouvés par hasard, sont récupérés, détournés de leur premier usage puis ramenés, par un savant assemblage, à une nouvelle vie, contemplative et ô combien plus belle que l'ancienne. Morceaux de planches en bois, pièces en acier ou en fer, pièces de toile ou de tissus peints, papiers marouflés sur la toile... C'est à partir d'un «chaos» que l'œuvre s'organise : soudure, collage, coups de marteau et de pinceau, peinture, dessins... puis, au bout d'un moment, la tempête se calme et tous les éléments prennent leur place pour produire une «image» apaisée... La nouveauté réside dans le fait de «produire» une œuvre d'art en partant de la ferraille, d'objets abandonnés, usés... C'est un travail sur le hasard et sur la péripétie. «Je me suis concentré dans cette dernière exposition sur les assemblages. Mon travail consiste à rassembler des objets en bois, une planche abandonnée sur la plage, ou n'importe quel objet ayant une forme intéressante. Je stocke tous les objets ramassés dans mon atelier puis un beau jour je sors le tout et je commence à les assembler comme un enfant qui joue avec ses cubes. C'est un assez long processus et au début je ne pars pas avec une image finie, c'est au fur et à mesure et en progressant dans le travail que j'arrive à l'avoir. Cependant, le dessin reste présent sur mes assemblages et mes tableaux, c'est donc un mélange de techniques», confirme-t-il. Les objets sélectionnés sont donc organisés, adaptés et assemblés. Ils entrent dans la composition de l'œuvre, ils apportent un aspect réel et intemporel à la fois. On découvre alors des petits mondes à part, «une île» paradisiaque qui émerge de l'océan, «un balcon» ouvert sur le monde, «une nageuse» qui profite du soleil de l'été... Une belle exposition à voir jusqu'au 8 mars prochain.