Là où l'animal excelle aujourd'hui, c'est dans son rôle social d'animal de compagnie. Celui qui partage la vie quotidienne, fait partie de la famille et de la maison, que l'on peut choyer, cajoler, avec qui l'on partage les activités, les promenades, les vacances, qui se fait le confident, le compagnon de jeu, le lien avec les autres Les Tunisiens ont une drôle de relation avec les animaux familiers. Il y a ceux qui partagent leur vie quotidienne et font partie de la famille et de la maison, ce sont les animaux de compagnie comme les chats et les chiens qui occupent une place parfois prépondérante au sein de la famille. D'autres, par contre, vouent une haine, voire une indifférence à l'égard de l'animal et le considèrent « impur » (manzouss) alors ils le mettent dehors, l'éloignent de son entourage ou l'abandonnent carrément dans la rue, ce qui peut représenter un danger aussi bien pour l'animal lui-même que pour les gens. Certaines études à ce sujet montrent qu'à l'origine, les animaux ont été domestiqués pour leur utilité : les chats attrapaient les souris et les rats, les chiens chassaient ou pistaient le gibier, servaient à la guerre, rassemblaient et défendaient les troupeaux, montaient la garde, tiraient traîneaux et charrettes, etc. En échange de quoi, ils étaient nourris et hébergés. Des fonctions qui se sont précisées et diversifiées au fil du temps puisque l'on parle, aujourd'hui, d'animaux de métier, de chiens pisteurs, policiers, de chiens d'aide et d'assistance, d'animaux co-thérapeutes, etc. Animaux «humanisés» Mais là où l'animal excelle aujourd'hui, c'est dans son rôle social d'animal de compagnie. Celui qui partage la vie quotidienne, fait partie de la famille et de la maison, que l'on peut choyer, cajoler, avec qui l'on partage les activités, les promenades, les vacances, qui se fait le confident, le compagnon de jeu, le lien avec les autres ... Avec excès parfois, occupant une place et jouant un rôle de substitut humain qui n'est pas le sien et entraînant, tant pour lui-même que pour les humains qui en ont la responsabilité, bien des inconvénients et des situations difficiles à gérer, voire des cas inacceptables : animaux «humanisés», mal éduqués, maltraités, abandonnés ... L'actualité abonde d'anecdotes, d'incidents à ce sujet. Emna, 29 ans, a élevé depuis sa tendre enfance une chatte trouvée dans la rue. «Au début, je la gardais à l'extérieur dans le jardin, puis, avec ses deux petits, elle a intégré la maison pour devenir un membre de la famille à part entière. Depuis 2011, ma passion pour les chats a décuplé et à chaque fois que je trouvais de nouveau-nés je les adoptais. Je ne peux pas laisser un chaton abandonné dans la rue. Ce qui fait qu'aujourd'hui, je suis entourée d'une vingtaine de chats a décuplé. Je les considère comme mes bébés, je ne peux plus imaginer ma vie sans eux», explique-t-elle. Emna fait maintenant du bénévolat au sein d'une association qui s'occupe d'animaux abandonnés. «Au début, par manque d'expérience, je suis tombée sur des vétérinaires qui ont refusé d'ausculter les chats errants qui représentent selon eux un danger. Ils prescrivent souvent l'euthanasie. Plus tard, j'ai découvert des vétérinaires plus humains qui font l'impossible pour sauver la vie de l'animal». Des «usines» de chiens et chats Thouraya, 34 ans, décoratrice, dispose d'un véritable foyer pour animaux qu'elle considère comme membres à part entière de sa famille. Avec ses neuf chats, trois chiens et un cochon d'inde sauvés de la rue, souvent très amochés : un chat mourant, une chienne avec une patte arrachée qu'il a fallu amputer. «Je n'ai jamais acheté d'animaux, mais par contre, j'ai sauvé, adopté et aimé des animaux désespérés et en grande souffrance. Aujourd'hui ils sont heureux et en bonne santé. Malheureusement, en Tunisie, il existe des combats de chiens organisés au vu et au su de tout le monde ainsi que le commerce d'animaux de race souvent issus d «usines» de chiens et chats élevés dans des caves obscures, mal nourris et pas soignés. Il y a absence totale de contrôle à ce niveau» déplore Thouraya. Salma, 25 ans, architecte d'intérieur, pense qu'une maison sans animaux est une maison vide. Elle a deux chats adultes, une chienne adulte, sauvée de la guerre en Libye par une amie à elle et quatre tortues. «Je suis née dans une famille entourée de chats. Je vis avec ma mère et ma sœur qui n'aiment pas spécialement les animaux, mais elles les respectent. Ils sont mes chéris en attendant peut-être la concurrence d'un enfant. De temps en temps, les associations font appel comme famille d'accueil pour un animal. Si je peux aider pour sauver un animal, je n'hésiterais jamais», confie-t-elle. Il y a aussi Aïcha, Zeineb, Sarrah, Nadia et beaucoup d'autres qui vouent une passion sans limite pour leur animal. Mais il existe d'autres personnes, qui forment une grande majorité, qui n'aiment pas les animaux, quitte parfois à les abandonner voire les tuer. Une dame explique que l'animal doit vivre à l'extérieur de la maison parce que selon elle s'il vit à l'intérieur, les anges se sauvent et c'est le diable qui se manifeste. Un point de vue assez saugrenu qu'elle dit avoir entendu dans une émission de radio à caractère religieux.