Les militants du Forum social pour les droits économiques et sociaux dénoncent l'approche sécuritaire adoptée face aux revendications sociales, aux dépens du dialogue Au marasme économique et sécuritaire s'ajoute un climat social tendu. Comme si la révolution, aussi inachevée soit-elle, n'avait pas eu lieu dans le pays. Au point que l'on parle, aujourd'hui, d'un certain retour à la case départ. De l'état des lieux au bassin minier à la grève de faim des diplômés chômeurs à Gabès et à Sfax, en passant par les écolos détenus à Djerba et les mécontents de Ksibet Mediouni à Monastir, la crise des régions ne fait que perdurer. Face à ce statu quo déplorable, les protestataires cherchent désespérément des solutions dans l'immédiat. Pour eux, les professions de foi politiques, tenues à tort et à travers, n'ont été que de fausses promesses. Et que de telles manœuvres dilatoires du gouvernement se jouent sur un terrain explosif, qui risque de se retourner contre le gouvernement. Hier, lors d'une conférence de presse, organisée sous les auspices du Forum tunisien pour les droit économiques et sociaux (Ftdes), ces porte-voix agissant en ayants droit ont voulu approcher les médias, afin de pouvoir transmettre leur message. Avant de leur céder la parole, M. Massoud Romdhani, membre du Ftdes, a donné un aperçu sur la situation dans laquelle s'enlisent en particulier les jeunes chômeurs. Autant de revendications d'ordre social auxquelles on oppose la sourde oreille. C'est pourquoi, enchaîne-t-il, le gouvernement Essid est appelé, plus que jamais, à renouer avec le dialogue social et accorder plus d'intérêt aux préoccupations de ces populations en détresse. Car, c'est de ces poches de pauvreté et d'exclusion que se nourrit l'extrémisme, sous toutes ses apparences. Et les jihadistes d'aujourd'hui sont les oubliés du passé. Il n'est pas question de ressusciter les pratiques du temps révolu. L'heure est plutôt à l'apaisement et à la réconciliation sociale entre l'Etat et ses concitoyens. C'est ainsi qu'on peut s'en sortir, dit-il. Seule la voie du dialogue peut l'emporter, afin de reconquérir la confiance du citoyen. Certes, l'emploi demeure, sans conteste, la mère des batailles. «La région de Gabès a été privée de son littoral devenu, à force de surexploitation industrielle, une source de pollution et d'épidémie», a ainsi présenté la situation M. Béchir Dhaoui, membre du secteur régional de la Ltdh. A défaut d'intégration dans la société de la place «Environnement, plantation et jardinage», un groupe de huit chômeurs observent, depuis début mars dernier, une grève de la faim sauvage, suite à laquelle ils ont été hospitalisés à cause de la dégradation de leur état de santé. L'Etat n'a pas bougé le petit doigt. De même, les dernières déclarations du ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, qui a promis, autrefois, le recrutement de quelque 120 cadres dans ladite société n'ont abouti à rien. Et l'orateur d'ajouter que les visites de certains membres du gouvernement dans la région ne sont que de la poudre aux yeux. « Plus jamais ce silence strident. Notre droit à une vie digne est incontestable», lance-t-il. Le même sort a été également réservé aux ouvriers des chantiers de Sfax. Leur représentante, Chadia Chamtouri, présidente de l'Association de défense des droits des ouvriers, a dévoilé leur souffrance. En fait, leur sit-in ouvert au siège du gouvernorat a été maintes fois réprimé. Au nombre de 14, ils sont entrés dans une grève de la faim, mais leurs demandes ne sont pas encore satisfaites. N'ayant pas résisté face à leur désespoir, ils ont voulu mettre un terme à leur vie, à travers une vaine tentative de suicide par immolation, a-t-elle déploré. Par ailleurs, la fameuse crise écologique de Djerba continue à défrayer la chronique. La grogne sociale qui s'est déjà éternisée contre le dépotoir anarchique de Guellala, fermé en avril 2012, semble couver encore sous la cendre. Le tollé général, survenu à l'époque, n'a pas fini d'alourdir la facture. Quatre jeunes parmi les écolos insurgés contre l'état dégradant prévalant dans l'île sont en détention depuis septembre dernier. «C'est ainsi qu'ils ont été jugés alors qu'ils n'ont fait que défendre la protection de leur région, devenue l'île cauchemardesque», se plaint Walid Gharbi, du comité de soutien de ces détenus. De son côté, le député indépendant Adnène Hajji s'est étalé sur la situation dans le bassin minier. L'épineuse question de son développement refait surface. C'est aussi un dossier qui fait du surplace. Les propositions de solution n'ont pas porté leurs fruits. Selon Hajji, ces solutions sont loin d'être constructives. Et même les concours de recrutement tels que proposés pour les demandeurs d'emploi de la région n'ont pas obéi aux régles de la transparence. La liste des admis a été falsifiée.