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L'éclipse du cinéma africain
Arrêt sur image:SELECTION OFFICIELLE DU 68E FESTIVAL DE CANNES
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 05 - 2015


Par Samira DAMI
Une cinquantaine de films ont été sélectionnés pour la 68e édition du festival de Cannes (du 13 au 24 mai) sur 1.854 proposés. Parmi eux, 19 sont en compétition pour la palme d'or. «La sélection est belle, elle est nouvelle. Elle formule des hypothèses, elle prend des risques et elle dit des choses sur l'état de la création mondiale», a affirmé le délégué général du festival, Thierry Frémeaux, en commentant cette sélection lors de la conférence de presse donnée le 15 avril.
En jetant un coup d'œil sur les films en compétition on constate que, cette année, ce sont les cinémas français et italien qui dominent en nombre la sélection. La France sera représentée avec cinq films, soit «Dhee pan» de Jacques Audiard, «Mon roi» de la réalisatrice et actrice Maïwenn, «La loi du marché» de Stéphane Brisé, «Marguerite et Julien» de Valérie Donzelli et enfin «Valley of love» de Guillaume Nicloux.
L'Italie, elle, sera présente avec trois films marquant ainsi le retour en force du cinéma italien sur la croisette : «The Tale of Tales» de Matteo Garrome, avec Salma Hayek, «Mia madre» de Nanni Moretti, détenteur de la palme d'or de Cannes 2001, avec «La chambre du fils», enfin «Youth» de Paolo Sorrentino, avec Michael Caine et Harvey Keitel.
Et si l'on ajoute aux films français et italiens ceux grecs «The Lobster» de Yorgos Lanthimos, hongrois, «Son of Saul» de Laszlo Nemes et norvégien «Plus fort que les bombes» de Joachim Trier, on remarquera que plus de la moitié des films (57%) sont originaires d'Europe.
Le reste de la sélection provient essentiellement de l'Amérique du Nord et de l'Asie avec six longs métrages. Trois films représentent, ainsi, l'Amérique du Nord : «The sea of trees» de Gus Van Sant (palme d'or en 2003 pour «Elephant», «Carol» de Tod Haynes et «Sicario» du Canadien Denis Villeneuve. L'Asie sera de son côté présente avec autant de films : «Mountains May depart» du Chinois Jia Zhangke, «Notre petite sœur» du Japonais Kore-Eda Hirokazu et «The assassin» du Taïwanais Hou Msiao Hsein.
Au final, le cinéma australien sera représenté par «Macbeth» de Justin Kurzel. Tout cela pour dire que cette année les cinémas africain, arabe et maghrébin sont totalement absents de la sélection officielle du 68e festival de Cannes.
Le continent africain sera absent non seulement de la compétition, contrairement à l'année passée où il était représenté par «Timbuktu» du mauritanien Abderrahmane Sissako, mais aussi des sections «un certain regard», «Hors compétition» et «Séances de minuit». Encore heureux que «OKA» du Malien Souleymane cissé est sélectionné en «Séances spéciales». Cet opus de 1h35 traite de la spéculation foncière au Mali.
Concernant les sections parallèles du festival de Cannes, soit «La quinzaine des réalisateurs», et «La semaine de la critique», seuls deux films arabes sont sélectionnés : «Much Loved» du Marocain Nabil Ayouch programmé à «La quinzaine» et «Dégradé» des palestiniens Arab et Tarzan Nasser présent à «la semaine de la critique». Voilà qui nous éclaire sur la situation non seulement du cinéma africain, mais aussi arabe : car la Tunisie, l'Egypte, l'Algérie, la Syrie et le Liban qui, d'habitude, sont présents au moins dans les sections parallèles de Cannes sont cette année totalement absents.
A quand une stratégie de l'image sous nos cieux ?
Encore une fois, les problèmes de la production et de la qualité se posent avec acuité concernant le cinéma africain et arabe.
Concernant notre cinéma qui, depuis belle lurette, n'est plus présent ni dans la sélection officielle ni dans les sections parallèles si l'on excepte «Le Challat de Tunis» de Kaouther Ben Hania, produit par «Cinétéléfilms» et sélectionné, l'an dernier, par l'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa distribution).
Le dernier film tunisien à avoir participé à la sélection officielle de Cannes n'est autre que «La saison des hommes», de Moufida Tlatli, qui a été programmé en 2000 dans la section «Un certain regard», soit voilà 15 ans. Tandis que le dernier long-métrage tunisien à avoir été sélectionné dans les sections parallèles traditionnelles de Cannes, soit «La quinzaine des réalisateurs» et «La semaine de la critique» n'est autre que «Fatma» de Khaled Ghorbal, programmé en 2001 à la «quinzaine», soit voilà 14 ans.
Vu cette longue absence du cinéma tunisien de ces sections où il était très présent, on peut se poser des questions sur les raisons de cette longue éclipse.
Rappelons, certes, que dans le genre documentaire «Plus jamais peur» de Mourad Ben Cheikh a été programmé, en 2011, dans la section «Film documentaire», cela dans la foulée de la révolution. Comment expliquer que le cinéma tunisien qui a marqué, durant trois décennies, 1970, 1980, 1990, le festival de Cannes par sa présence dans plusieurs sections officielles et parallèles connaît ces dernières années une totale défection.
Ainsi, déjà en 1970, «une si simple histoire» de Abdellatif Ben Ammar a été sélectionné en compétition à Cannes, tandis qu'une bonne quinzaine de longs métrages ont été programmés aussi bien dans la sélection officielle, «Un certain regard» de Nacer Ktari, («Les Ambassadeurs, de Nacer Ktari, «L'ombre de la terre» de Taïeb Louhichi, «L'homme de cendres» et «Sabots en or» de Nouri Bouzid, «La saison des hommes» de Moufida Tlatli) que dans les sections parallèles («Soleil des Hyènes» et «les anges» de Ridha Béhi, «Aziza» de A. Ben Ammar, «Poussière de diamant» de M. Ben Mahmoud et Fadhel Jaïbi, «Les Silences du palais» de Moufida Tlatli et autres). Certains expliquent les raisons de la déficience du cinéma africain et arabe par «l'effet de mode cinématographique» que connaît Cannes chaque décennie. Ces cinémas étant passés de mode, durant la décennie 2000, mais d'autres nous renvoient au manque de qualité, de créativité et surtout de moyens et de financements. Pour coller au cinéma tunisien, qui connaît les mêmes problèmes que l'ensemble du cinéma africain, disons que tous ces facteurs entrent en jeu notamment en l'absence d'une stratégie et d'une politique cinématographiques claires et efficaces. Pourtant, dans la foulée de la révolution, les professionnels du secteur ont élaboré une étude volumineuse où ils ont appelé à une stratégie nationale de l'image englobant le cinéma, la télévision, le DVD, à travers la création d'un Cnci (centre national du cinéma et de l'image). or, il est malheureux de constater que le Cnci qui a été créé en 2012, dans le but de faire du cinéma une industrie, semble, aujourd'hui, une coquille vide.
On attend, encore et toujours, hélas l'application de cette stratégie dont les grandes lignes et même les détails ont été pourtant tracés par les professionnels du cinéma, en 2011, dans un élan post-révolutionnaire. A quand, donc, son application? N'est-il pas temps d'agir, enfin ?


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