Si les jeunes ne participent pas assez à la vie publique, c'est pour plusieurs raisons. Certains projets formulés ne sont pas toujours pris en considération, ce qui suscite la déception auprès des jeunes, toujours ambitieux. Les jeunes passent souvent le plus clair de leur temps dans les cafés et ne s'adonnent pas à des activités qui pourraient leur être bénéfiques dans leurs études ou leur travail. Cette situation s'explique par le fait que les structures créées à leur profit ne proposent pas des programmes intéressants. Les jeunes sont plutôt intéressés par les technologies de la communication et de l'information, le sport et les discussions sur leur avenir et celui du pays. Peu de jeunes sont attirés par la lecture ou les activités de réflexion. Pourtant, après la révolution qui a été suivie par un important mouvement politique et social en 2011, les jeunes ont réclamé davantage de liberté, de dignité et d'égalité sociale. Un débat a été lancé à propos du modèle et du rôle de l'Etat correspondant aux attentes du peuple tunisien, estime le réseau alternatif des jeunes de Tunisie. Et d'ajouter : «Le sujet a créé la controverse après la chute de Ben Ali dans l'espoir de construire un Etat qui garantirait à tous les Tunisiens de vivre dans la dignité sans discrimination aucune fondée sur la religion, le sexe, la couleur, la race ou toute autre situation, et qui tienne compte de la population jeune en Tunisie». Des données préoccupantes Il s'est avéré, d'après les chiffres disponibles, que le pays compte 54,3 % de personnes âgées de moins de 30 ans. Ces jeunes sont ambitieux et veulent satisfaire leurs demandes en matière d'emploi, de voyages et de loisirs. Or, ils se trouvent souvent confrontés à plusieurs handicaps dont certains sont d'ordre matériel. Ainsi, le taux de chômage dépasse les 17%. Les jeunes n'ont plus confiance en l'avenir. Après tant d'années d'études, ils se trouvent en chômage et n'ont pas assez de moyens pour subvenir à leurs besoins. D'ailleurs, 13,3% des diplômés sont chômeurs et passent le plus clair de leur temps dans les cafés répartis un peu partout. L'une des plus graves questions concerne la participation des jeunes à la vie publique. En effet, seuls 14% d'entre eux y participent, et ce, pour diverses raisons. Il y a d'abord le facteur temps. Les jeunes ne veulent pas passer plusieurs heures à écouter des discours qui sont parfois hors sujet. De plus, leurs propositions ne sont pas toujours prises en considération. C'est bien de faire des projets ambitieux mais encore faut-il qu'ils soient concrétisés sur le terrain. On a noté, dans ce contexte, que 95% des jeunes n'ont aucune participation à l'activité politique. Un autre élément grave, 42% des jeunes n'ont pas confiance dans les instances régionales. Celles-ci sont toujours considérées comme dominantes et ne font rien pour fournir des services de qualité et de l'emploi. Pour effectuer des procédures simples, le contribuable est souvent appelé à attendre des heures sans toujours avoir satisfaction. Même les demandes d'emploi, adressées à qui de droit, n'ont pas une suite favorable et des dossiers sont perdus en cours de route. Pourtant, les pouvoirs publics ont promis de donner à l'avenir plus de pouvoir aux structures locales en impliquant davantage le tissu associatif, les organisations nationales et même les citoyens. Par ailleurs, 48% des jeunes n'ont pas confiance en leurs représentants régionaux au parlement. Les députés sont élus dans la transparence totale mais leur rendement n'est pas toujours apprécié par les jeunes. Leurs désirs ne sont pas souvent exprimés et cela s'explique par le fait que certains députés ne se rendent pas souvent dans les régions et n'écoutent pas les jeunes. Chaque famille a ses propres problèmes, ses ambitions et ses rêves qu'il faut sonder. Si 50% des jeunes ne font pas confiance au président, 82% émettent des réserves sur le gouvernement. D'où l'importance du programme «La promotion des questions de la jeunesse», lancé par ledit réseau, qui vise principalement «à renforcer la capacité des jeunes à créer des coalitions et à travailler sur le plaidoyer, en organisant des assemblées pour discuter des questions de la jeunesse au nord, sud, ouest et est du pays, recueillir les aspirations et les recommandations de la jeunesse, rédiger le rapport final qui servira de soutien aux mouvements de jeunes qui ont suivi ces réunions». Les sessions organisées ont abordé un certain nombre de thèmes comme les jeunes à la recherche d'emploi, la participation des jeunes à la vie politique et associative, l'autonomisation économique et sociale des jeunes et les jeunes et le terrorisme. Le programme «La promotion des questions de la jeunesse» devrait s'étendre à toutes les régions du pays. La deuxième réunion devait se tenir dans la ville de Sousse, le samedi 16 mai.