Jeunesse et sport ont besoin d'être perçus autrement Nous avons un ministère de la Jeunesse et des Sports, mais c'est ce dernier qui écrase de tout son poids la première composante. Il accapare toute l'attention et préoccupation de ce département. Il aurait été ainsi plus judicieux et plus efficace de créer deux ministères pour s'occuper l'un de la jeunesse et l'autre du sport ou scinder l'actuel département en deux entités indépendantes l'une de l'autre. Car force est de reconnaître que cette formule qui prévaut depuis l'Indépendance, en faisant de la jeunesse et du sport un même domaine, a lamentablement échoué. Ni la jeunesse n'avait joui de la sollicitude et de l'encadrement adéquats, ni le sport n'avait réussi à sortir des sentiers battus et de ses propres contradictions pour atteindre la performance exigée. Sur les deux tableaux, l'échec est total. Les jeunes scolarisés ou désœuvrés sont dans leur écrasante majorité livrés à eux-mêmes le plus clair du temps. L'encadrement leur fait cruellement défaut, faute d'une stratégie bien définie qui met en évidence le besoin de les accompagner dans leur adolescence et les premières années de leur majorité. Point de programmes où ces jeunes puissent puiser pour s'épanouir autrement que dans la délinquance qui fait des ravages dans les rangs d'une jeunesse perdue et sans le moindre repère. Scolarisés, ils sont abandonnés à leur sort pendant les heures creuses, les week-ends et durant les mois de vacances. Sortis de l'école, ils sont confrontés à la dure réalité de la vie avec le chômage qui les attend à un moment où ils nourrissaient l'espoir de s'envoler de leurs propres ailes et de percer dans une vie professionnelle de plus en plus hypothétique, voire chimérique. Livrés à eux-mêmes ! On les retrouve partout errant dans les rues, occupant les terrasses des cafés et les fameux salons de thé qui ont envahi tous les espaces et où souvent des choses peu amènes s'y passent pour devenir — excusez le mot — des lieux préparant à la débauche de toutes sortes. Cela aurait dû interpeller nos gouvernants pour redonner à cette jeunesse déboussolée de l'espoir dans le présent et dans l'avenir. L'Etat, dans cette optique, devra jouer les premiers rôles via son ministère de la Jeunesse, en collaboration et coordination avec les départements de l'éducation, de l'emploi, de l'enfance, de l'enseignement supérieur et des affaires sociales. Mais l'initiateur devra être celui de la jeunesse qui devra être truffé d'hommes de compétence en la matière et de spécialistes pour imaginer et proposer afin de donner de l'occupation utile pour ces jeunes qui cultivent à longueur de journée toutes les formes de délinquance et de dérapage le plus souvent dangereux pour eux et pour la société. Cette jeunesse, sortie en décembre 2010 et janvier 2011 pour réclamer son droit à une existence décente et une dignité longtemps bafouée, est de nouveau sacrifiée sur l'autel de nos calculettes économiques et mercantiles. Elle est sacrifiée par des politiques sans vision pour l'avenir du pays et qui ne s'en rappellent que lors de leurs campagnes électorales pour lui faire miroiter des promesses sans lendemain et vides de toute substance. Le temps de convoquer des états généraux pour débattre en profondeur du mal qui ronge nos jeunes au point de les désespérer de l'avenir et de leur pays est venu. Cela ne peut plus attendre, car il y a urgence! Aussi, nous en appelons notre ministère dans sa formule actuelle de tout mettre sur la table en matière de jeunesse et de sport pour, tout d'abord, s'occuper et se pencher sérieusement sur les vrais problèmes auxquels sont confrontés nos jeunes dans le milieu urbain comme dans celui de la ruralité. Cette dernière, plus ou moins épargnée de certaines mœurs, est, de nos jours, le théâtre de comportements de jeunes qui font froid dans le dos. Tous les ingrédients de la délinquance s'y trouvent, sur les pistes agricoles, dans les vergers, sur les rives des cours d'eau avec de l'alcool, la drogue, la débauche, de la chair, etc. Messieurs les décideurs bien campés sur leurs sièges du pouvoir n'en savent rien bien sûr, ou font mine de l'ignorer. Pourtant, tout se fait à découvert. Sortons un peu de Tunis et faisons un petit tour dans les alentours, à cinquante kilomètres à la ronde et nous verrons l'incroyable! Sauver ces jeunes devra figurer comme la priorité des priorités pour ce gouvernement via son ministère de la Jeunesse et des Sports. Ce dernier, que nous voyons s'intéresser et se faire des soucis pour les problèmes des clubs et associations sportifs, qui sont tous d'ordre revendicatif et où on ne fait que demander de l'argent, devra voir là où il faut voir et mettre le plus tôt possible en chantier les jalons d'une stratégie de sauvetage pour nos jeunes, censés être les garants de la pérennité de notre pays et de son avenir. Le sport, c'est important sans doute, mais il ne devra primer sur son élément moteur que sont les jeunes. Et il y a beaucoup à dire quant à l'état de cette activité qui mérite elle aussi d'être mise sur la table pour une nouvelle perception que celle qui prévaut actuellement. Cela fera l'objet d'un prochain article qui s'impose par lui-même, au vu de ce que nous avons lu sur les dernières revendications des clubs des Ligues 1 et 2, qui réclament à la tutelle presque 9 milliards sous forme de subventions! Cela mérite à lui seul réflexion et débat.