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L'imagination de la mort : La peine capitale et la norme mondiale
Publié dans Leaders le 31 - 05 - 2013

Le 21 juin 2001, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, un Congrès mondial pour l'abolition de la peine de mort eut lieu à Strasbourg. Trois jours de débat houleux pour appeler à un moratoire en direction des 87 pays qui continuent à appliquer ce châtiment barbare sur leurs citoyens.
Dans son rapport pour l'année 2000, Amnesty International livre des chiffres qui donnent le frisson : 1 457 exécutions capitales dans 27 pays et 3 058 condamnations à mort dans 65 pays ; et plus de mille exécutions pour la première moitié de 2001, dont 33 pour les seuls Etats-Unis d'Amérique. Aujourd'hui, en 2012, on recense en Iran 300 exécutions. Au Liban, après un moratoire instauré en 1983 qui dura jusqu'en 1994, il y eut à partir de cette date et jusqu'en 1998, 14 exécutions capitales. Seule l'arrivée au pouvoir du Premier ministre Sélim El Hoss, un homme farouchement opposé à la peine capitale, mit fin à ces exécutions, provisoirement, hélas, car elles reprirent de plus belle dès 2004.
Bien qu'au total 109 pays aient aboli la peine capitale, le chemin qui reste à parcourir est encore long. Si depuis 1985, 40 pays ne pratiquent plus officiellement la peine de mort, depuis 1990, 30 pays seulement ont décidé de faire de même, pour tous les crimes, dans la loi ou dans la pratique. Malgré les pressions de toutes sortes, 58 pays continuent aujourd'hui à appliquer ce châtiment barbare.
Parce qu'il est peut-être le seul grand pays démocratique à pratiquer encore la peine de mort, les Etats-Unis polarisent l'attention des abolitionnistes. On recense dans ce pays 716 exécutions depuis 1976. En dix ans, de 1990 à 2000, les chiffres avaient tout simplement triplé, passant de 23 en 1990 à 85 en 2000. A lui seul, l'Etat du Texas a procédé à plus de 246 exécutions ; viennent ensuite la Virginie avec 82 exécutions et la Floride avec 51 exécutions.
On commence pourtant à remarquer aux USA, ici et là, des signes en faveur de l'abolition ; déjà, ces chiffres qui donnent le vertige ne concernent que quelques Etats sudistes( 578 sur 712 depuis 1976). 13 Etats ont aboli officiellement la peine de mort, et apparemment, ne s'en portent pas plus mal. D'autres, comme ceux de New York ou du Nouveau Mexique, ne l'appliquent plus depuis 1976.
Même si le cas de Timothy McVeigh, auteur de l'attentat d'Oklahoma City en avril 1995 (168 morts) et exécuté le 12 juin 2001, sans qu'il eût proféré un mot de regret ou de remords, n'a guère suscité la réprobation générale, il est communément admis, aujourd'hui, dans les pays européens, que «Nul ne peut être condamné à la peine de mort ni exécuté» : cette phrase qui figure dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne illustre le souci de l'Europe de mettre fin à cette imagination de la mort, à cette pratique barbare indigne de l'homme.
L'on prend prétexte de plus de propreté, plus de rapidité, avec, en contrepartie, moins de souffrance pour le supplicié: hypocrisie insoutenable, incontrôlable ; car que penser du choix d'un moyen de tuer l'homme plus acceptable par celui-ci, préconisé par un tiers partisan, semble-t-il, de la peine de mort pour ses semblables ? Comment en juger ? Quelles expériences personnelles invoquer ? Aucune valeur ne peut régir la société si le principe essentiel, celui de la Vie, n'est pas reconnu comme intangible en toutes circonstances. La loi du talion n'est plus de mise dans la société moderne. S'il existe une hiérarchie de valeurs, c'est bien celle de la vie humaine qui vient en premier; c'est la base fondamentale de la morale.
Pourtant, dans plusieurs pays, où la peine de mort a été abolie, «le principe» de la peine de mort «pour les crimes les plus graves» n'est pas tout à fait enterré. Les partisans de la peine capitale invoquent le référendum, c'est-à-dire le choix souverain du peuple pour contourner la loi. D'après un sondage IFOP réalisé en France en 2011, 63% de la population y seraient favorables.
Cette réticence peut s'expliquer par les contextes particuliers propres à chaque société, l'opinion publique variant selon les faits divers du moment ; cela s'entend ; mais là où le bât blesse, c'est lorsqu'on invoque, pour justifier le rétablissement de la peine de mort, les principes de la tradition. Or ces principes, eux également, varient au cours des siècles non pas selon les faits divers mais selon les normes fixées par les sociétés dominantes. Il faut, en effet, savoir que ces concepts ne sous-tendent pas la notion de développement. Tous deux sont accaparés par les pouvoirs politiques et religieux des pays les plus puissants de la planète.
En 1976, quelques mois après sa nomination à la Cour suprême, le juge John Paul Stevens a publiquement estimé que la peine capitale, telle qu'elle est prévue par le code pénal américain, peut être appliquée d'une manière «rationnelle, impartiale et consistante». En 2008, deux ans avant de prendre sa retraite, ce même juge changeait d'avis sur la peine de mort: juridiquement, dit-il, cette peine n'est pas constitutionnelle. Deux ans plus tard, en 2010, alors âgé de 90 ans mais se sentant plus libre, dégagé de toute contrainte, il publiait dans The New York Review of Books une critique élogieuse sur l'ouvrage du professeur de droit et de sociologie David Garland Peculiar Institution: America's Death Penalty in an Age of Abolition. Or dans ce livre, David Garland, comparant les deux systèmes américain et européen, affirmait sans ambages que l'opinion publique en faveur de la peine de mort dans son pays était manipulée par la politique et la culture de la violence.
Il est donc fort à parier que si de grands pays comme les Etats-Unis ou la Chine décrètent un jour l'abolition de la peine capitale, tous les pays qui pratiquent aujourd'hui cet acte barbare finiront par les imiter. On l'espère, car fin janvier, en Egypte, un tribunal à Port-Saïd a condamné à la peine capitale pas moins de 21 jeunes gens à la suite d'un match de football qui a dégénéré. Les manifestations qui s'ensuivirent immédiatement à l'annonce de cette sentence ont fait plusieurs morts. Aucune valeur ne peut régir la société si le principe essentiel, celui de la Vie, n'est pas reconnu comme intangible en toutes circonstances..
R.D.
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