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F. Othman: La Tunisie ne sera pas salafie, car elle est déjà soufie !
Publié dans Leaders le 13 - 01 - 2014

La quatrième année de la Tunisie du coup du peuple est augurée par la fête populaire qu'est le Mouled célébrant la naissance du prophète. J'y trouve un excellent symbole esquissant à grands traits les caractéristiques du futur de notre pays. En effet, malgré les tentatives de l'islam officiel institutionnalisé de faire de cette fête essentiellement populaire une manifestation de religiosité, elle reste une occasion de plaisirs festifs, à la fois gastronomiques avec les spécialités culinaires bien connues que de convivialité étant une occasion de communions émotionnelles aux couleurs de la spiritualité islamique puisant dans le riche patrimoine soufi du peuple.

Car le Mouled, n'est pas une institution islamique, au départ. Il a été le produit de pratiques populaires fortement marquées par des apports étrangers à l'islam, prenant naissance dans ce fonds commun au monothéisme, manifesté dans la société musulmane par la forte prégnance de la tradition judéo-chrétienne. Cette dernière a d'ailleurs particulièrement marqué la tendance chiite de l'islam; or, on sait l'étroitesse des liens historique entre le chiisme et le soufisme. C'est l'une des raisons qui a fait que la tendance la plus intégriste du sunnisme rejette toute célébration de la naissance du prophète y trouvant un aspect d'hérésie.
Salafisme contre soufisme
Nous retrouvons ici les deux tendances majeures de l'islam appelées encore un temps à s'affronter en Tunisie : le salafisme et le soufisme. On a vu le premier à l'œuvre dans notre pays à la faveur de l'arrivée au pouvoir du parti islamiste; c'est le salafisme aux couleurs du wahabisme avec ses mots d'ordre de haine et de mort. De fait, c'est un faux salafisme si l'on revient à l'éthique des premiers salafis basée sur la hauteur morale et une fortitude d'âme. Le second, et c'est le vrai salafisme, c'est ce que le pape salafiste Ibn Taymia a qualifié de gens de la vérité, c'est-à-dire les soufis.

Les événements que vit la Tunisie en ses jours d'anniversaire de la révolution jettent la lumière sur une réalité qu'il ne faut pas négliger. Tout le monde sait que des intérêts multiples, internes et surtout externes au pays, cherchent à déstabiliser la marche du pays vers la stabilité. Ce qui dérange certains qui représentent des intérêts économiques d'intégristes laïques attachés au modèle capitaliste libéral extrême, quasiment sauvage, c'est la réussite en Tunisie d'un modèle de gouvernance politique que je qualifierais de postdémocratie. Ce qui dérange les autres, c'est l'instauration durable en Tunisie d'une socialité postmoderne, une nouvelle manière du vivre-ensemble; et il s'agit des salafis extrémistes faisant une lecture erronée de l'islam dont le parti majoritaire semble désormais vouloir se séparer pour assurer sa pérennité.

C'est qu'il a fini par comprendre que le salafisme ne sera que le boulet qui entraînera sa perte ; surtout qu'il a vérifié que cette lecture de l'islam ne saurait avoir un écho sérieux et durable en Tunisie. De fait, le parti Nahdha été un peu lent à réaliser ce que ses anciens alliés avaient très vite compris dès le départ. En effet, le salafisme vindicatif a assez tôt estimé que son projet n'avait aucune chance de succès dans un pays où chaque village et chaque ville ont un saint soufi qui les protège; d'où les quelque quarante attaques des mausolées un peu partout au pays. Ce faisant, ils ont bien montré que le soufisme est leur principal adversaire étant le représentant de l'islam authentique; et le mensonge n'a aucune chance de durer longtemps quand il est confronté à la vérité.
Le soufisme défend le vrai islam
Les soufis qui n'étaient pas organisés, se suffisant de l'aura populaire du soufisme et de sa présence intime au Tunisien, marquant le rythme de sa vie de tous les jours, ont compris depuis la révolution le rôle qui leur incombe en une phase délicate de l'histoire du pays. Aussi, ils se sont organisés et entendent investir la scène politique. Ils n'excluent même plus, dans un combat déjà commencé aux côtés de la société civile, d'être à la base d'un futur parti politique, si la nécessité l'imposait. Désormais, ils n'excluent plus, comme auparavant, la sphère politique afin de mieux agir pour le triomphe de l'islam tunisien, cet islam des Lumières, un islam tolérant, scientifique et œcuménique, l'i-slam postmoderne.

C'est ainsi qu'on doit surtout juger le retournement de la stratégie du parti Nahdha, abandonnant ses certitudes et ses alliés d'hier pour sauvegarder son fonds de commerce. Maintenant, il sait que le peuple sait que le parti de cheikh Ghannouchi n'est pas nécessairement le meilleur porte-parole de l'islam en Tunisie. Car le soufisme a bien plus de droits à être qualifié pour ce rôle ; il l'a compris et entend le faire comprendre aux plus larges masses.

Cela nous permet d'affirmer que la Tunisie ne sera jamais salafie au sens dévergondé du salafisme désignant cette lecture inauthentique de la foi islamique, intégriste et intolérante. Elle sera bien plutôt soufie, soit donc véritablement salafie, éprise d'un islam ouvert sur les valeurs du monde, magnifiant l'esprit véritable de la démocratie comme souveraineté effective du peuple dans le cadre d'une postdémocratie où le pouvoir s'exerce à l'échelle régionale et locale par le biais du mécanisme de participation directe de la population grâce à sa société civile et la maturité du peuple.

Le soufisme est appelé à être une caractéristique essentielle du modèle tunisien fait plutôt d'accords que de désaccords, de consensus bien plus que d'alliance, de logique consensuelle et non électorale, d'une démocratie qui soit participative plutôt que représentative.
L'islam politique sera aux couleurs soufies
L'islam politique est en mesure de réussir en Tunisie, mais ce sera l'islam aux couleurs soufies, celui des premiers maîtres de ce courant et non, bien évidemment, celui de la jonglerie à laquelle ses ennemis ont voulu le réduire. Nos islamistes l'ont enfin compris en quittant le pouvoir, cherchant à rattraper le temps perdu de la bataille qui s'annonce en se recentrant idéologiquement.

C'est aussi ce que doivent bien comprendre les amis de la Tunisie. Leur choix est simple consistant de continuer à tabler sur une copie de l'islam qui leur convient mieux, car adoptant leurs postulats politiques et économiques, bien qu'inadaptés à la Tunisie tels quels. Ou plutôt d'innover en accompagnant la mise en place du modèle tunisien, un modèle de gouvernance politique pour le futur d'un monde plus paisible. À cette fin, ils se doivent d'opter pour l'original de l'islam, l'islam soufi, et accepter, dans la foulée, d'abandonner leurs conceptions éculées du politique et des relations internationales.

Aujourd'hui, l'ordre mondial est perçu comme un désordre par nombre d'éminentes voix indépendantes, de plus en plus entendues; car il ne reflète que les intérêts égoïstes des anciens seigneurs d'un univers qui, plus que jamais, n'appartient plus à eux. On le voit bien au fait qu'il suffit d'un rien pour que tout un chacun en contrarie la sérénité, fausse sa marche en la perturbant par un acte insensé immédiatement planétaire, et ce le plus facilement du monde.

Cet état des choses commande ce qu'on n'a jamais arrêté d'évoquer sans vraiment le vouloir sérieusement : une solidarité effective entre les riches et les pauvres en ce monde, ses nantis et ses damnés. Ce qui suppose que l'Occident, comme il a déjà rationalisé son idéologie économique, passant du capitalisme le plus sauvage, à un mode de marché libre sous contrôle, doit faire de même dans ses rapports avec les pays du Sud.

Le peuple tunisien a cru en sa révolution et continue à vouloir qu'elle ne soit pas juste un jeu d'intérêts, ceux du libre marché ayant eu raison d'une maffia qui voulait le dominer à ses fins propres. Le peuple a fait de sa révolution un acte fondateur de sa puissance, la révolution tunisienne étant dans l'imaginaire des Tunisiens un coup du peuple qui suppose plus de libertés et plus de dignité dans une démocratie véritable. Or, il n'est plus aujourd'hui de démocratie véritable sans un pouvoir diffracté, émanant des régions déshéritées, et non centralisé en un centre coupé du peuple. La démocratie n'est plus simplement formellement représentative, elle est d'abord participative et directe, le pouvoir y étant horizontal et non plus vertical.

C'est d'une nouvelle façon de gouverner qu'il s'agit; et la Tunisie en est le laboratoire. Que ce laboratoire ne soit pas, comme l'entend encore l'Occident, pour y faire du neuf avec du vieux; cela ne marchera pas. Il faut du neuf avec du neuf. Et c'est possible. Du côté tunisien, le neuf sera la révolution spirituelle de l'islam politique soufi. Du côté occidental, il faudra la révolution culturelle du libéralisme intégral, non seulement économique, mais aussi politique et humain.

Il est légitime que l'Occident, soucieux de ses intérêts, veuille que la Tunisie lui soit un marché ouvert, conformément à sa doctrine économique. Mais il ne saurait le faire en violant, dans le même temps, ses propres principes et valeurs politiques, ceux de la libre circulation et des droits de l'Homme. Que la Tunisie soit ouverte à la libre circulation des marchandises, soit ! mais que cela le soit aussi et en même temps pour les humains, les véritables créateurs des richesses !

Le bon sens populaire le dit bien : on ne peut vouloir le beurre et l'argent du beurre; il nous faut donc être raisonnables.

Aujourd'hui, il est raisonnable de parler d'interdépendance et de sort commun des humains. C'est ce qu'on est passé du mondialisme à l'altermondialité; et celle-ci est même en train de se muer en ce que je nomme mondianité. Le sens de l'histoire est au regroupement et non au choc des cultures, comme certains ont le tort de penser. À moins que ce ne soit le choc qui est le propre des révélations majeures et des découvertes qui nous semblent étonnantes et qui ne relèvent que de l'évidence.

Et cette évidence en Méditerranée est celle de l'espace de démocratie à créer afin d'u entrevoir demain le lac de paix de cette mère commune dont le sort est d'être vraiment cette mare nostrum plus que jamais possible aujourd'hui.

C'est parce que Leaders est bien conscient de l'importance de l'avenir soufi de la Tunisie et de la réussite plus que probable de l'islam politique dont la possibilité est inscrite dans le sens de l'histoire, qu'il a décidé de consacrer un dossier à la question dans son prochain magazine du mois de février.
D'ici là, bonnes fêtes, du Mouled et de la Révolution !

Farhat Othman


Tags : Salafisme Soufisme Tunisie


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