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Les relations tumultueuses entre la Tunisie et la Libye: Un défi au bon sens
Publié dans Leaders le 03 - 06 - 2015

Il est écrit que l'histoire des relations tuniso-libyenne depuis le coup d'Etat de Kadhafi restera une histoire jalonnée de malentendus, de crises, d'incompréhensions, de provocations et en tout cas, de relations où le pire l'emporte largement sur le meilleur. Un véritable défi au bon sens quand on sait que les relations entre les deux pays plongent loin dans l'histoire.
On oublie trop souvent que la Tunisie et la Tripolitaine(1) ont formé pendant 900 ans, soit de la conquête arabe, en 641 à l'annexion des trois provinces libyennes par l'Empire ottoman, en 1551, un seul et même Etat, l'Ifriqiya. Un destin commun sur une période aussi longue laisse forcément des traces, et pas seulement dans les zones frontalières où les habitants des deux côtés ont noué des alliances et des relations économiques qui perdurent jusqu'à nos jours, mais aussi dans les autres régions, du fait d'un brassage permanent entre les populations.
L'histoire des deux pays est d'ailleurs riche en marques de solidarité et de fraternité réciproques. On peut en citer quelques exemples très significatifs. La Tunisie a été de tout temps, et jusqu'à la découverte du pétrole en Libye en 1956, une terre d'immigration et d'asile pour nos voisins du sud. Nombre d'entre eux ont travaillé dans les mines de phosphate de la région de Gafsa et dans les fermes du nord-ouest et se sont moulés dans le creuset tunisien. Ce n'est pas un hasard si le patronyme Trabelsi est très répandu chez nous. N'oublions pas non plus que parmi ces Libyens qui avaient choisi la Tunisie, figurait une famille originaire de Mosrata, immigrée au début du XIXe siècle, dont l'un des descendants deviendra, un siècle plus tard, le plus illustre des Tunisiens : Habib Bourguiba. En 1911, lors de l'invasion italienne, près de 70000 libyens se sont réfugiés dans notre pays. Un siècle plus tard, ils étaient plusieurs centaines de milliers à franchir la frontière tunisienne fuyant les combats entre les Kataeb et les révolutionnaires. Ils furent accueillis à bras ouverts et logés chez l'habitant alors que leurs compagnons d'infortune africains et asiatiques étaient parqués dans des camps. Cette solidarité commune s'est également forgée dans la lutte commune contre les occupants français et italiens, notamment dans le mont Nefoussa et dans la région de Tataouine de 1915 à1918 lors de la révolte de Khélifa Ben Asker. Du côté libyen, on peut mentionner l'aide aussi discrète qu'efficace accordée aux résistants et aux dirigeants nationalistes tunisiens pendant la lutte de libération (1952-1955).
De 1956 à 1969, ce fut l'entente cordiale entre les deux pays. Bien avant la découverte d'hydrocarbures et alors que le pays était classé parmi les plus pauvres d'Afrique, les dirigeants du nouvel Etat tunisien étaient pleins d'attention pour le voisin libyen pour une raison précise : conscients du danger que représentait Nasser et son panarabisme, ils considéraient la Libye comme un Etat tampon, un obstacle infranchissable à la propagation de cette idéologie en Afrique du Nord.
Mais un évènement majeur va changer la donne : le coup d'Etat de Kadhafi, le 1er septembre 1969. Le nouveau maître de la Libye s'est avéré un fervent disciple de Nasser. Le long fleuve tranquille qu'étaient les relations avec la Libye ne tardera pas à se transformer en torrent tumultueux. Alors qu'auparavant, personne, hormis ses voisins immédiats, n'avait jamais entendu parler de la Libye, il ne se passera plus un jour, sans que ce pays de 5 millions d'habitants et son chef fassent la «une» des journaux. S'appuyant sur une manne pétrolière quasi inépuisable et au nom d'une fumeuse troisième théorie, Kadhafi sera pendant 40 ans, le trublion de la scène internationale et le principal facteur d'instabilité dans la région. Il financera l'IRA, l'ETA, le Front Moro des Philippines, commanditera des attentats contre des avions de ligne et des boîtes de nuit, signera des traités d'union tous azimuts. La Tunisie sera l'une de ses principales victimes. Conscient de ses fragilités, Il commencera par expulser des dizaines de milliers d'émigrés tunisiens en 1976 pour punir Bourguiba d'avoir renoncé à l'union avec la Libye, entraînera le commando qui attaquera Gafsa en 1980 avant de s'en prendre une deuxième fois à nos pauvres émigrés en 1986, victimes expiatoires de ses frasques. Mais sa principale victime aura été son propre peuple. Il destructurera la société, détruira l'Etat, désorganisera l'enseignement, la santé , pillera les richesses de la libye (les Libyens ont pris l'habitude de dire que si leur pays est le plus riche d'Afrique, son peuple en est le plus pauvre). Dans sa quête de l'homme nouveau, il transformera son peuple en cobayes sur lesquels il testera les idées les plus insensées, misera sur la crédulité du peuple libyen en lui faisant accroire qu'avec l'instauration de la Jamahirya, il vient d'inventer la forme la plus achevée de la démocratie et le façonnera à sa propre image. lors d'une visite à Tripoli dans les années 70, mon attention est attirée par d'immenses panneaux bordant l'autoroute qui mène à la ville sur lesquels sont inscrits ces mots : «prends garde au mal de celui que tu as comblé de tes bienfaits» إتّق شرّ من أحسنت إليه , dans une allusion aux centaines de milliers d'émigrés résidant dans le pays. Comment, dès lors, s'étonner que les Libyens soient aujourd'hui si différents des Tripolitains hospitaliers et tolérants qu'on avait connus dans notre prime jeunesse, que les deux gouvernements du pays jouent avec les nerfs des familles des deux journalistes ou quand le ministre de la culture libyen tient des propos injurieux à Tunis à l'encontre de ses hôtes, puis persiste et signe à son retour à Benghazi sans susciter la moindre réaction de la part des autorités ?
Les régimes passent. Mais, les quatre décennies Kadhafi ont nécessairement laissé des traces au niveau des comportements et des mentalités des Libyens. Peut-être que cela doit nous inciter à relativiser leurs actes.Car beaucoup d'eau risque de couler sous les ponts avant que nos voisins parviennent à se reconstruire. En attendant, il faudra prendre son mal en patience et...s'attendre à d'autres mauvaises surprises.

Hedi Béhi
(1) la Libye est l'œuvre des colonisateurs italiens et ne verra le jour dans ses frontières actuelles qu'en 1928


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